[Présidentielle] Les programmes évalués au regard de 4 critères: pouvoir d'achat, emploi, profits des entreprises et investissement
Emploi: quel programme a le plus d'impact + ou -?
"La plupart des candidats affichent tous un chômage à 8% voire 7% à l'horizon 2020, ce qui me laisse à tout le moins dubitatif, d'autant plus que la question de l'emploi dans les services, très spécifique, est totalement ignoré" prévient en préambule Ludovic Subran.
"Dans le programme Fillon, résume le chef économiste d'Euler Hermes, la création d'emplois découle de la seule baisse des charges des entreprises. Certes un rééquilibrage public/privé serait le bienvenu et pourrait se traduire par la création d'emplois marchands. Reste, poursuit Ludovic Subran, que tout cela est conditionné à un rebond de la croissance française". D'ailleurs, sur ce terrain de l'emploi, le programme d'Emmanuel Macron est "assez proche du précédent mais il se distingue sur un sujet, un vrai sujet: la question de l'employabilité, avec un plan marshall de la formation professionnelle".
Mais ces deux candidats se retrouvent sur la flexibilisation du contrat de travail. Mini jobs, geek economy, et donc fin du plein temps sont présents dans ces programmes mais pour Ludovic Subran, si "la vision du marché est plus forte chez François Fillon et donc plus contrôlée chez Emmanuel Macron avec le plan de formation, tous deux ratent l'aspect tendanciel de ce diagnostic. Leurs programmes valident une désinflation compétitive : si tous les pays agissent ainsi, aucun ne gagne." Certes Emmanuel Macron propose un plan d'investissement comprenant des politiques industrielles par filière (comme la transition écologique) mais, alerte Ludovic Subran, "aucun de ces deux candidats ne répond vraiment à la question: comment relancer la productivité en France? Faut-il revoir le statut d'auto-entrepreneur? Envisager des contrats aidés pour lutter contre le chômage longue durée? Repenser le système éducatif ?"
Pour Marine Le Pen, " la seule vraie solution au chômage c'est arrêter l'immigration" pointe le chef économiste, lequel mentionne les nombreuses études (par exemple celle de BSI economics) ayant contredit cette relation de cause à effet bien souvent mise en avant par Marine Le Pen- que tous les sondages envisagent au second tour-. Dans son programme, deux éléments seraient d'ailleurs contreproductifs vis-à-vis de l'emploi pour Ludovic Subran. En cause, la sortie de l'euro mais aussi "sa volonté d'étendre le domaine public via des nationalisations alors que l'État n'a que récemment réalisé qu'il n'était pas gestionnaire efficient et qu'actant cela il revend ses parts dans bien des entreprises."
Interrogé sur l'impact du programme de Benoit Hamon, Ludovic Subran émet de "sérieux doutes sur l'effet de l'abaissement à 32 heures du temps de travail sur l'emploi. Mais il a raison lorsqu'il prend en compte le fait que tout le monde n'a pas envie d'être précarisé. Les chauffeurs uberisés témoignent de cela pour l'ensemble des services à la personne". De fait, tout le monde n'a pas une âme d'entrepreneur, tout le monde n'a pas moins de 30 ans. "Son vrai plus c'est la prise en compte de la qualité de l'emploi. Et sa volonté de rediriger les profits vers l'économie réelle."
- Un effet positif léger du programme Fillon
- Un effet positif modéré du programme Macron
- Effet limité à la qualité de l'emploi pour le programme Hamon
- Le programme Le Pen: un effet négatif fort
Rappel : ce ne sont que des programmes et leur analyse est d'une certaine manière hors sol, puisque, comme le rappelle Ludovic Subran, demeure beaucoup d'aléas: "à quel degré vont-ils être appliquer? Et jusqu'où? Car il faut des processus itératifs"
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