"Avoir "survécu" au passage à une direction achats atteste de compétences indispensables pour des postes de haut niveau"
Quels sont les savoirs qui, selon vous, font aujourd'hui le plus défaut à l'acheteur? E qu'est-ce qui vous paraît aujourd'hui le plus crucial de développer?
Les connaissances financières et la culture juridique indispensables à un acheteur professionnel sont peu développées, notamment en France. Nous parlons ici d'un socle indispensable pour être écouté et crédible face à une direction générale, au sein de son entreprise, évidemment, mais également de ses fournisseurs. En complément, la "culture du risque" devient incontournable : diminuer un risque n'est plus la seule option pour le "manager" car il faut savoir faire prendre des risques étant données les opportunités décelées.
Comment envisagez-vous aujourd'hui la fonction? Quelles évolutions vous ont le plus marqué? Et vers quoi tend t-elle aujourd'hui, ou vers quoi doit-elle tendre?
Dans le prolongement des points précédents, l'innovation aux achats est LA thématique du moment. Acheter de l'innovation bien sûr, mais aussi acheter de manière innovante avec une véritable maîtrise de la prise de risques, notamment technico-juridiques (propriété intellectuelle) et financiers. Inventer de nouveaux indicateurs de performances (KPIs) pour mesurer l'apport de valeur au business de l'entreprise est également d'actualité. C'est en développant ces pratiques que la fonction peut prétendre à une position stratégique.
La fonction est devenue stratégique, mais les acheteurs manquent de reconnaissance. Pourquoi, selon vous?
Les acheteurs professionnels prennent encore trop souvent leurs désirs pour la réalité. Ils doivent d'abord accepter de faire partie d'une fonction support, l'inconscient collectif en a décidé ainsi. Il est contre-productif de se battre face à cela, je recommande plutôt de faire avec, à condition de posséder les compétences minimum décrites précédemment.
Pensez-vous que les directeurs achats, qui restent aujourd'hui très "prisonniers" de la fonction, arriveront à percer le plafond de verre pour accéder à d'autres fonctions plus élevées encore dans la hiérarchie?
Absolument, mais sous réserve de rester humble. Avoir "survécu" au passage à une direction des achats atteste de nombreuses compétences indispensables pour des postes de haut niveau : de la connaissance de toutes les autres fonctions à la résilience face aux conflits en passant par le management multimodal (interne-externe, hiérarchique-fonctionnel, multiculturel, ...). En bref, cette fonction extrêmement riche devient "traversante", comme disent les DRH.
Achats
Philippe Petit, manager de l'offre achats à la Cegos, intervient également dans plusieurs masters. Ingénieur Ensam Paris Tech, il a pratique pendant 15 ans, les achats et la vente, notamment dans l'automobile et la distribution.
Son livre Achats, paru dans la collection "Toute la fonction", aux éditions Dunod, fait 450 pages. Il s'adresse aux acheteurs, aux responsables achats, aux consultants, aux enseignants et aux étudiants. Cet ouvrage, qui donne une vision globale du métier d'acheteur aujourd'hui, est découpé en trois parties:
Savoirs. Cette partie aborde l'évolution de la fonction achats, son rôle stratégique pour l'entreprise, la prise en compte des enjeux sociaux et environnementaux, les impacts financiers, la notiond e risque fournisseur, les changements aux niveaux éthiques et juridique.
Savoir-faire. Cette partie aborde les points suivants: analyser le portefeuille achats, étudier un marché amont, identifier les bons fournisseurs, réaliser un appeld 'offre, travailler en coût complet, négocier, piloter la performance...
Savoir-être. Cette partie explique comment être ouvert et créatif dans la discussion, adopter son style à la situation de négociation, adopter les réflexes du communicant pour convaincre avec intégrité, faire face aux blocages, etc.
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