Équipements IT - Location ou achat ?
La diversité des matériels technologiques, le besoin d'optimisation financière et la nécessité de les renouveler rapidement incitent les entreprises à revoir leur copie quant au modèle en place. Peu à peu, la location gagne du terrain et s'étend à tous les types d'équipements.
Je m'abonneTrois ans. C'est la durée de vie moyenne d'un PC en entreprise. Au-delà de cette durée, les coûts de maintenance dépasseraient le prix d'achat d'un ordinateur neuf. Dans un contexte de renouvellement rapide de bon nombre d'équipements technologiques, la location devient de plus en plus souvent l'option retenue plutôt que l'achat. Selon le spécialiste des études et du conseil sur le marché des nouvelles technologies IDC, plus de 25 % des ordinateurs en entreprise sont d'ores et déjà en place selon ce modèle. "Un nombre croissant d'organisations veut s'affranchir de la charge financière et des limitations liées à l'achat, la maintenance, le remplacement d'équipement... Nous avons vu à la fois notre base de clients choisir progressivement les avantages de l'abonnement en raison de son faible coût, de ses fonctionnalités hautes performances, riches et rapides, de son évolutivité, de sa flexibilité, de sa facilité d'utilisation", constate Victor Paul Fiss, directeur de l'ingénierie des ventes chez Parallels, fournisseur de solutions et d'infrastructures IT.
Pour François Baranger, CTO de T-Systems France, société spécialisée dans la transformation numérique, il s'agit là d'une tendance de fond : "dorénavant, on ne vend plus un bien, mais un service. Le mode locatif regroupe ainsi un certain nombre d'avantages en accord avec cette nouvelle manière de consommer. Les services clés en main rencontrent un fort succès. Cette évolution permet de disposer du meilleur de l'état de l'art." Actuellement, on observe également une tendance forte à se tourner vers des offres cloud. "On constate même une croissance à deux chiffres dans ce domaine", poursuit-il. Le contexte de migration des systèmes joue en faveur de la location d'infrastructures lourdes comme les serveurs, les équipements de stockage. De plus en plus souvent, seules les données les plus sensibles sont conservées au sein de datacenters en interne. À cela s'ajoute l'augmentation nécessaire des capacités de stockage qui a pour conséquence de changer plus fréquemment encore de matériels.
Une optimisation financière
Beaucoup d'entreprises font part de leurs inquiétudes, étant conscientes qu'à l'avenir, elles devront "faire plus avec moins", ce qui oblige à reconsidérer la manière dont elles utilisent leurs ressources technologiques. "Ce constat s'inscrit par ailleurs dans un contexte de transformation digitale indispensable. Pour les DSI, la tâche s'annonce complexe. Les nouveaux enjeux voient naître une explosion des produits de paiements à l'usage, et les organisations s'adaptent à cette nouvelle donne", indique Olivier Verger, directeur de Dell Financial Services France. Contrairement à l'achat, la location n'implique pas de décaissement ponctuel. "Il en résulte un lissage de la trésorerie qui intéresse beaucoup les entreprises. On ne se situe plus dans un contexte d'utilisation d'un PC à 800 euros, mais à 17 euros par mois", ajoute Olivier Verger. "La plus grande préoccupation chez nos clients est le montant payé pour les ressources inutilisées. Pour répondre à ce type de problème, nous utilisons un système d'intelligence artificielle basée sur le machine learning, pour éteindre la charge de travail inutile pendant la nuit et les heures creuses", confie Victor Paul Fiss. On assiste dès lors à une sur-simplification des contrats. "Les entreprises ne veulent plus avoir de façon différenciée un contrat de matériels avec un constructeur, un contrat de services avec un autre acteur, auxquels s'ajoute un contrat de financement. Les formules " tout en un " sont largement privilégiées", remarque Olivier Verger.
Ces équipements font l'objet d'une stratégie de renouvellement dans laquelle les critères financiers sont cruciaux. "Les actifs IT ne sont pas vraiment stratégiques. Souvent, au bout de deux à trois ans, les appareils fonctionnent moins bien, sans compter l'augmentation des coûts au-delà de ce délai. La logique de la direction financière ou de la direction des achats est véritablement d'optimiser le TCO. Il est désormais possible de mettre en place un modèle faisant en sorte que la location sur 36 mois est bien moins coûteuse que l'achat, sans compter le fait qu'à l'issue des 36 mois, l'entreprise cliente s'équipe à nouveau de matériels neufs", poursuit-il.
Tous les secteurs d'activité sont intéressés par la location. Toutefois, l'urgence à se tourner vers ce modèle touche plus particulièrement des acteurs concernés par un haut niveau d'endettement, comme des grands groupes industriels ou immobiliers dont les bilans sont lourds.
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Une meilleure gestion de l'obsolescence
La location élimine par ailleurs les préoccupations immédiates concernant l'obsolescence technologique du matériel ou la nécessité de planifier et d'économiser pour les coûts des nouvelles mises à niveau du matériel. Ces défis et charges sont supportés par le fournisseur, afin que les clients puissent se concentrer sur la croissance de leurs activités.
"Le choix de la location dépend beaucoup de la politique de renouvellement du matériel, de l'usage qui en est fait en interne par les collaborateurs", souligne Antoine Passat, consultant spécialiste des enjeux IT au sein de la société de conseil EPSA Groupe. L'essor de la mobilité technologique accélère la tendance à recourir à la location et aux offres globales de type " as a service " qui y sont associées. "Nous proposons un contrat de location de cette durée. Six mois avant l'échéance, nous encourageons le client à renouveler la location pour éviter la phase d'obsolescence qui pourrait avoir un impact négatif sur la productivité. À noter aussi que le fait de disposer d'équipements de dernière génération est un facteur de rétention des jeunes profils, particulièrement sensibles à ce critère", décrit Olivier Verger.
Services additionnels
Les loueurs ne mettent pas seulement à disposition des postes de travail, mais un ensemble de services qui vise à réduire le nombre de tâches qui incombent aux équipes IT en interne. Historiquement, ces dernières étaient souvent utilisées pour des missions à faible valeur ajoutée, par exemple pour le déploiement de machines au sein des bureaux. "Aujourd'hui, on procède à du pré-déploiement, c'est-à-dire qu'avant même la livraison, on a déjà pré-installé l'image et la configuration spécifique dont l'utilisateur final aura besoin. À l'issue du contrat de location, la prise en charge prend également en compte la récupération et le recyclage de la machine", explique Olivier Verger.
Les packages proposés incluent généralement une assistance technique pendant toute la durée d'utilisation de la machine. Les négociations tarifaires portent aussi et surtout sur les différentes prestations associées qui peuvent couvrir l'installation, la maintenance, la mise à disposition d'accessoires, les améliorations logicielles. "Le fait d'être en mode service est intéressant, car il permet de s'affranchir d'un certain nombre de tâches, telles que le reconditionnement des machines qui est pris en charge par le loueur, estime Antoine Passat. À l'heure où les politiques RSE gagnent du terrain, le recyclage représente un argument de poids en faveur de la location. On constate aujourd'hui une sensibilisation forte aux critères énergétiques et au recyclage. Le but est de s'orienter vers des machines toujours moins énergivores."
Quel avenir pour l'achat d'équipements IT ?
Pour des raisons de sécurité, l'arbitrage entre location et achat se conclut parfois par des modèles hybrides singuliers : "Il s'agit alors d'une combinaison entre un modèle détenu en propre, sur un site local ou colocalisé, et un modèle tiers tel qu'Azure ou AWS, qui peut fournir une proposition de valeur qui convient mieux à la continuité des affaires", décrit Victor Paul Fiss. Dans certains cas, l'achat peut être un choix pertinent pour les infrastructures que l'organisation souhaite conserver sur une longue période, comme des équipements de stockage que l'on garde fréquemment pendant 5 à 8 ans.
Quoi qu'il en soit, le rapport aux achats change. "Certaines entreprises achètent toujours leurs ordinateurs, mais désormais, elles étudient systématiquement des options de financement proposées par les fabricants qui se partagent le marché, à savoir HP, Dell et Lenovo, par les distributeurs ou des établissements bancaires", souligne Antoine Passat.
De la flexibilité en fin de contrat
Trois options s'ouvrent aux client en fin de contrat : la restitution du matériel sans suite, un changement de stratégie qui conduit l'entreprise à se tourner vers l'acquisition de matériels, le renouvellement qui est le cas de figure le plus fréquent et qui correspond souvent à la meilleure stratégie d'optimisation financière.
"Nous offrons une grande flexibilité, y compris pendant la durée du contrat. Concrètement, nous proposons un service déployé sur 36 mois, mais avec la possibilité de nous restituer les machines au bout de 18 mois par exemple, sans pénalité financière. Cette option offre une grande souplesse qui séduit bon nombre de décideurs. Une société qui serait très dépendante d'un seul client, avec un contrat important, peut être obligée de se séparer d'un certain nombre d'équipements si ce contrat vient à se terminer. C'est alors une solution pertinente", indique Olivier Verger. Ce type d'offres comprend fréquemment des outils de gestion de parcs, afin d'aider à optimiser les TCO concernés. Par le biais d'un outil web, le client peut paramétrer l'ensemble de la configuration du parc. On peut ainsi localiser précisément chaque machine et connaître toutes ses caractéristiques essentielles.