Blockchain: qu'est-ce qu'une ICO ?
Dans ce quatrième extrait du livre "Au coeur de la blockchain", les auteurs Mickael Lewrick et Christian Di Giorgio nous expliquent l'intégralité de ce que sont les ICO.
Je m'abonneLe terme Initial Coin Offering (ICO) dérive d'Initial Public Offering (IPO) ou Offre publique d'achat (OPA). On parle d'IPO quand une entreprise propose ses actions (soit détenues par ses actionnaires existants, soit nouvellement émises) publiquement sur les marchés financiers. Lors d'une IPO, les titres de l'entreprise sont vendus, alors que dans le cas d'une ICO, des tokens de différentes catégories sont émis.
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Dans les deux cas le but est le même : accroître le capital initial. Ainsi que nous l'avons mentionné, les droits acquis lors d'une ICO diffèrent. Les investisseurs devraient d'ailleurs être avertis que dans certains cas ils effectuent à leur insu une "donation" et qu'aucun droit n'est inclu dans le token. C'est ce qui peut survenir lors de ce que l'on appelle les Token Generating Events (TGE) ou Événements générateurs de tokens, qui ne constituent pas une "offre" au sens légal du terme : les TGE ne promettent pas la délivrance d'un résultat en retour.
En tant qu'investisseur, avant de participer à une ICO, il serait judicieux de s'intéresser à d'autres critères que le concept et le type de token proprement dits, à savoir :
- Le projet prévoit-il la publication de tableaux de bord ?
- Le projet compte-t-il des auditeurs indépendants, aux compétences professionnelles reconnues ? Les promesses sont-elles formulées de telle sorte qu'elles permettent d'évaluer correctement le résultat à atteindre ?
- Est-ce que la plateforme GitHub ou tout autre dépôt public reflète la progression du projet ? Existe-t-il un historique du projet ?
- Comment la progression est-elle rendue publique ?
- Les personnes à l'origine du projet tiennent-elles un blog et communiquent-elles sur son déroulement ?
- L'équipe en charge possède-t-elle les compétences requises pour implémenter le projet ?
- Existe-t-il des personnes physiques derrière le projet avec un CV, des profils LinkedIn et des antécédents répertoriés ?
- Le projet compte-t-il des consultants et un conseil consultatif expérimenté ?
- Connait-on la finalité et le type de token du projet, devrait-il être coté en Bourse, par exemple ?
Pour quels projets l'ICO est-elle la solution adaptée ?
De manière générale, une ICO sert à lever du capital pour bâtir un écosystème et une application blockchain correspondante, dans laquelle le token a une fonction spécifique.
Elle n'a pas pour but, par exemple, de financer un salon de coiffure ou un club de sport, même si les livres blancs actuels montrent qu'il n'existe pas de limite à la créativité !
Il suffit de jeter un coup d'oeil sur les sites web pertinents (par exemple, www.ico-list.com) pour avoir un aperçu des ICO en préparation. Leur intitulé va de "Bunny Token" à "Fire Lotto", en passant par "Zeus Token". On en déduit sans peine que la grande majorité des ICO répertoriées ne prévoient ni un écosystème totalement pensé, ni une économie du token rigoureuse. Concevoir une ICO comme moyen de financement a du sens dès lors que l'on peut répondre aux questions suivantes par des arguments solides :
- Existe-t-il réellement un problème que l'émission du token permettrait de résoudre ?
- Le token a-t-ilune finalité ou une fonction précise dans le système (par exemple à l'intérieur du système lui même ou en relation avec le marché des crypto-monnaies) ?
- N'existe-t-il aucune alternative efficiente au token ?
- Peut-on imaginer un écosystème qui fonctionnerait en incluant tous les flux de valeur ?
Pourquoi les ICO remportent-elles autant de succès ?
Leur popularité est attribuable à une dynamique du marché née en 2017, lorsque certains projets ont réussi à lever plusieurs millions en très peu de temps. Dans la foulée, les livres blancs (les documents exposant les grandes lignes d'un projet) se sont multipliés de manière phénoménale.
Nombre d'entre eux ne se référaient à aucun système digne d'être développé, d'autres présentaient au contraire d'excellents concepts parfaitement documentés. Au cours de cette période, nous avons pu observer un marché extrêmement liquide, à la recherche d'opportunités de financement.
À l'exception du bitcoin, les opportunités d'investissement dans d'autres tokens étaient rares avant 2016. L'essor des ICO a ouvert cette possibilité. Par chance pour les projets en quête de capital, la collecte de fonds n'a jamais été plus facile et plus efficiente. Et comme si cela ne suffisait pas, les barrières à l'entrée concernant les marchés existants, les nouveaux marchés et les business models ont été abaissées.
L'idée originale du financement participatif a acquis une nouvelle dimension. Nous avons vécu une phase d'euphorie, caractérisée par le lancement d'ICO de natures hétérogènes.
L'intérêt que les autorités de surveillance montrent pour les ICO a conduit à une professionnalisation de ces dernières. Cette évolution représente un aspect très positif : elle est gage de fiabilité et de stabilité. La programmation, la réalisation et l'implémentation d'une ICO sont complexes et montrent plusieurs facettes. Une équipe digne de ce nom et des conseillers expérimentés sont essentiels pour que le projet soit mené de manière structurée et avec rigueur.
Pour aller plus loin
Dans ce livre, Mickael Lewrick et Christian Di Giorgio nous expliquent tout sur la blockchain et prennent de revenir petit à petit sur cette incroyable révolution. Voir le livre sur Amazon. Voir la fiche sur le site de l'éditeur Pearson.