Les achats, acteurs dans les écosystèmes d'innovation ?
Émergence d'une nouvelle fonction achats
En effet, à l'exemple des pôles de compétitivité, certains écosystèmes sont donc des relais importants et lieux d'échanges, de brainstorming ou de montage de projets collaboratifs ouverts à des entreprises de toute taille. Ces instances sont encore fortement réservées aux représentants des R&D, R&T et marketing produits ou stratégiques. Pour autant, la place des acheteurs y est tout à fait légitime, mais pose aussi quelques conditions, voire un changement de paradigmes.
Première chose, il est nécessaire de connaître le SNI, les écosystèmes et les principes des projets collaboratifs (ex : Fonds unique interministériel). Cela passe par la compréhension de la dynamique de création des spin-off et des start-up, de la démarche entrepreneuriale, qui fait évoluer les types d'échanges. Mais aussi la nécessité de développer plus de proximité et d'adopter des approches plus collaboratives et adaptées avec des fournisseurs de petites tailles. Il faut également une intégration plus en amont de ces acheteurs, dans les domaines stratégiques ou technologiques de l'entreprise. Les premiers clients d'un acheteur sont internes : ils définissent le besoin. Cet axe ne change pas. Il est primordial que chaque métier puisse faire un pas vers l'autre et accepter de travailler ensemble autrement. Ce point pose l'acceptation de l'évolution du positionnement de la fonction achats dans la chaîne de la valeur des métiers en charge de la R&T ou de l'innovation.
Enfin, il faut une évolution des pratiques de l'acheteur et l'acceptation d'un nouveau principe de réciprocité avec les fournisseurs, sur des dimensions telles que le partage d'informations confidentielles, la confiance, l'engagement et la prise de risque potentielle. Voire celui de rentrer dans un processus de dépendance par le choix d'un fournisseur unique. Mais aussi d'accompagnement dans le processus de référencement et de contractualisation. C'est ce dernier point qui est essentiel et justifie que cette mission puisse être portée par les achats. Avec son intégration dans les équipes R&T, l'acheteur apporte une dimension économique, business et contractuelle à la relation, nécessaire, même en phase amont de travaux R&T. L'acheteur peut aussi évaluer, de façon complémentaire, la pertinence de l'offre par la connaissance de son propre écosystème des fournisseurs...
L'humain et le savoir-être deviennent plus que jamais des composantes majeures pour ce type de métier. Paradoxalement, la clé de cette fonction, non encore clairement définie, sera de pouvoir autant influencer les clients internes que de développer des nouvelles relations avec des fournisseurs. Un autre point déterminant sera aussi sa capacité à faire évoluer et porter un nouveau modèle d'achats au sein même de sa direction, plus habituée à la mesure de la performance des fournisseurs. (Ex : on time delivery, qualité ou productivité), ou la réduction du nombre de fournisseurs...
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