L'IFRS bouscule la LLD
Malgré ce mauvais coup porté à la LLD, le marché ne s'est pas retourné en 2018. " Tous nos grands clients n'ont pas changé de mode de financement avec l'arrivée de l'IFRS 16 ", confirme Gérard de Chalonge, directeur commercial et marketing d'Athlon France. Au syndicat des loueurs, SesamLLD, le dernier bilan balaie les inquiétudes avec une croissance de 1,86 % des immatriculations durant l'année 2018. Si l'effet défavorable de l'IFRS 16 paraît aussi limité, c'est notamment parce qu'il impacte, en réalité, une fraction des loyers.
Le retraitement comptable concerne uniquement la valeur à financer sur le véhicule, déduction faite des remises et, surtout, de sa valeur résiduelle. En définitive, la dette rendue visible par l'IFRS 16 ne représente environ qu'un tiers d'une facture globale de LLD. Pas de quoi, aux yeux de la plupart des entreprises, renoncer aux services qu'offre la location au profit d'autre modes de financement. " En crédit-bail ou en achat, l'entreprise doit acquérir ses véhicules, les entretenir, les revendre, alors qu'en LLD nous la déchargeons et nous prenons le risque sur les valeurs résiduelles, souligne Gérard de Chalonge. En outre, la gestion en crédit-bail nécessite une personne pour 150 à 200 voitures, contre une pour cinq cent voitures lorsque nous optimisons ce taux avec le client. "
Malgré la force de tels arguments, l'IFRS 16 pourrait impacter l'attrait pour la LLD dans les mois à venir pour un autre motif. La nouvelle norme comptable oblige, en effet, les loueurs à retraiter leurs informations financières pour les restituer à leurs clients de manière détaillée, au fur et à mesure des livraisons et des restitutions de véhicules.
Un effort de transparence qui autorise un meilleur suivi des cartes grises en temps réel. Indirectement, il a aussi pour conséquence d'attirer l'attention des gestionnaires de flottes sur un poste de dépense jusqu'alors discret : le loyer financier des véhicules. " Avant, le coût financier était un paramètre anecdotique dans le TCO. On travaillait sur d'autres postes d'optimisation. Et sur des flottes inférieures à quelques centaines de véhicules, les loueurs ne communiquaient pas toujours sur le financement de l'actif ", rappelle Théophane Courau.
Pour un gestionnaire, la remontée de ces data représente une double aubaine : observer sur quelle partie de la prestation son loueur réalise l'essentiel de sa marge (le financement ou les services), mais aussi mesurer la compétitivité des taux qu'il lui applique. Et, dans certains cas, constater que le financement bancaire auquel l'entreprise a accès par ses propres moyens pourrait s'avérer plus compétitif. " On peut remettre tout cela à plat avec son loueur et faire évoluer son modèle en services comme en financement ", préconise alors Théophane Courau.
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