Le télétravail en question
L'organisation du temps de travail nous amène également à l'une des récentes lois votées dans le cadre de la réforme du code du travail : l'assouplissement du recours au télétravail occasionnel. Ainsi, les collaborateurs peuvent demander à leur employeur de travailler à domicile de manière occasionnelle et, c'est là que réside la nouveauté : ce dernier ne peut refuser que s'il prouve que l'activité professionnelle du salarié requiert sa présence au sein de l'entreprise.
Cette initiative, quoique timide, va dans le bon sens car elle contribue à faire voler en éclats les notions rigides d'unité de temps et de lieu, et améliore la flexibilité en entreprise. Plus besoin de se rendre dans un lieu précis, dans un créneau horaire figé et régulier, pour effectuer son travail (sauf obligation réelle comme un rendez-vous client, bien sûr).
Cela passe par l'évolution de l'environnement de travail, avec une convivialité accrue au niveau collectif associée à une attitude individuelle plus collaborative. En effet, cette évolution assez radicale doit avoir l'assentiment de tous car elle bouleverse non seulement les habitudes du salarié en question, mais également celles de l'équipe au sein de laquelle il travaille.
Une implication de l'Etat, mais aussi et surtout de l'entreprise !
Le changement ne doit pas seulement incomber à l'Etat, mais doit avant tout émaner des entreprises. Même si la prise de conscience est lente, les sociétés sont de plus en plus nombreuses à s'apercevoir qu'un salarié épanoui est un collaborateur bien plus productif.
Pour être acceptées et utilisées de manière optimale, les solutions technologiques et collaboratives doivent être conjointement associées à des aménagements des espaces de travail et à une ouverture d'esprit des équipes vers la collaboration et le respect des rythmes de chacun.
A ce titre, il est intéressant de s'inspirer des études menées par Oxford Economics. Une d'entre elles, réalisée auprès de 600 dirigeants et 600 employés, a permis de mieux appréhender les défis qu'il fallait relever pour faire évoluer l'environnement et les attitudes au travail. Ainsi, 64% des employés conditionnent leur productivité à la suppression de toute distraction (bruit, interruption, etc). Le bruit ambiant est pour beaucoup un facteur de déconcentration : 39% s'isolent dans une autre salle pour y échapper, alors que 37% écoutent de la musique ou des sons relaxants. Ce constat pose le problème de l'aménagement de l'espace de travail, notamment des " open space " et questionne sur les technologies à mettre en oeuvre pour faciliter les tâches en limitant les nuisances.
Ainsi, les conditions de travail dans leur globalité, au bureau et en dehors, sont également l'une des problématiques clés du bien-être au travail. L'organisation des lieux doit répondre de façon optimale aux différentes situations (production solitaire, réunion avec un client, dialogue au téléphone, visioconférence avec des collègues étrangers...), tout en prévoyant des espaces où les salariés pourront se détendre.
Je suis finalement persuadé d'une chose : les meilleures solutions technologiques appliquées dans les environnements de travail les plus ergonomiques ne suffisent pas. Pour faire évoluer l'ambiance de travail, il faut la participation et l'acceptation de tous, individuellement. Les nouvelles réglementations doivent permettre l'éclatement des cadres trop rigides, le renoncement aux horaires trop stricts et de laisser la liberté à chaque collaborateur de se connecter et de se déconnecter quand il le veut, dans les bureaux, chez lui ou dans les espaces dédiés au télétravail, pourvu qu'il accomplisse sa mission. Ce mouvement engage la communauté formée par l'entreprise qui progressera vers un meilleur équilibre entre vie professionnelle, vie personnelle et vie sociale. Mais, cela suppose aussi que chacun de ses membres évolue et s'engage intimement dans une démarche plus collaborative, c'est-à-dire plus ouverte aux autres.
NEWSLETTER | Abonnez-vous pour recevoir nos meilleurs articles