Manifeste "0 déchet, 100% croissance"
L'acheteur doit en réalité mener une veille sur toutes les familles de produits dont il a la responsabilité. Par exemple, dans le secteur de la papeterie, qui représente une consommation de 70 à 80 kg par an et par salarié français(1), l'offre en papier recyclé ne cesse de s'élargir. "Les vieux papiers, recyclables au moins cinq fois, sont un champ d'exploration extraordinaire pour l'économie circulaire", s'enthousiasme Géraldine Poivert, directrice générale d'Ecofolio, société privée agréée par l'État pour collecter et recycler le papier en France, qui vient de publier le Manifeste "0 déchet, 100 % croissance".
Fruit d'un travail d'écoute des divers acteurs de la filière papier, ainsi que d'économistes, d'élus, de sociologues et de penseurs, ce document élaboré en partenariat avec le cabinet Asteres milite en faveur de l'économie circulaire des papiers. Il propose trois axes de travail et dix actions au service d'un projet industriel créateur de valeur.
- Valoriser la ressource que sont les vieux papiers par:
- Une réforme de l'outil industriel de collecte et de tri (investir plutôt que soutenir).
- Une plus grande cohérence dans le financement de la filière.
- Une clarification de la signalétique pour une sensibilisation plus efficace (tous les papiers se trient et se recyclent).
- Une organisation optimale du marché et de la reprise des vieux papiers.
- Un remplacement du terme "déchets" par celui de "ressources" dans toutes les communications officielles.
- Stimuler la demande de papiers recyclés par:
- Le levier de la commande publique.
- Un signal prix approprié.
- Accompagner la réindustrialisation de la filière:
- En ouvrant, dans le cadre du volet "économie circulaire", des investissements d'avenir. Les auteurs proposent de les financer en y affectant les nouvelles recettes issues de l'augmentation de la Taxe générale sur les activités polluantes (TGAP).
- En favorisant la création de clusters intersectoriels à l'échelle régionale afin de créer des synergies et attirer les investissements.
- En favorisant la création de formations axées sur la gestion des ressources et l'économie circulaire dans les grandes écoles et les universités, afin d'attirer les jeunes talents et de favoriser l'innovation.
L'enjeu n'est pas neutre car, d'après une étude menée par l'Ademe et Revipap, le coût de la consommation de papier à usage interne, pour une entreprise de plus d'une centaine de salariés, est de 10 000 à 25 000€ par an. À ce coût, s'ajoutent des frais d'équipement liés à la quantité de papier consommé: achats de consommables (cartouches d'encre), maintenance des imprimantes, etc.
Les impressions inutiles (oubliées sur le copieur ou jetées avant lecture) représenteraient déjà un coût de 400 millions d'euros chaque année en France, tandis que les coûts des matières premières ne cessent d'augmenter. Comme tout produit consommé, le papier a un impact sur l'environnement tout au long de son cycle de vie (extraction de la matière première, transformation, fabrication, distribution, utilisation et traitement des déchets).
Néanmoins, l'industrie papetière européenne a réalisé ces dernières années des efforts importants pour limiter son empreinte environnementale. Par exemple, le recours à la cogénération (production combinée de chaleur et d'électricité) et la gestion responsable des forêts ont permis une réduction des émissions de CO2 et une augmentation de la surface des forêts européennes.
>> Pour aller plus loin, consultez le dossier "COP21: pourquoi miser sur les achats verts?"
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