Se rapprocher de cabinets spécialisés en énergie et en environnement est recommandé. Ils vont identifier les options potentielles, calculer les rendements associés à escompter et mesurer les coûts d'installations. "Le plus délicat reste la mise à l'échelle ; l'autoproduction n'étant pas forcément autoconsommée, mais revendue en totalité ou en partie à des tiers ou directement sur le réseau, par le mécanisme des tarifs de rachat par exemple", avertit Bastien Marrast. Le retour sur investissement peut être assez variable puisqu'il va dépendre du taux d'ensoleillement du site et de l'investissement. Côté équipement, "Comptez a minima entre 100 et 120 K euros pour un générateur solaire de 100 Kilowatts-crête (kWc), entre 250 et 300 K euros pour 250 kWc", donne en exemple Sylvain Viellepeau. Sachez que le générateur est disponible en location avec option d'achat, moyennant un contrat établi sur 8 à 15 ans avec EDF ENR notamment. "Dans ce cas, le montage financier permet d'assurer un équilibre positif ; les coûts étant épongés par les économies dégagées", informe Sylvain Viellepeau.
Autre solution à entrevoir, "la possibilité de se connecter sur les réseaux de chaleur ou de froid existants dans les grandes villes autour de sa zone d'exploitation", suggère Valéry Hergott. Le siège de Bouygues Construction exploite ainsi 75 sondes de géothermie placées à 100 mètres de profondeur pour utiliser la température de la terre comme ressource naturelle. Plus rares encore, des grands groupes commencent à investir directement dans des projets d'énergies propres, comme Google qui signait un accord au début de l'année pour acquérir une centrale solaire de dix mégawatts dans la ville de Tainan (Taïwan) ; connectant directement les panneaux solaires à son centre de données installé dans le comté de Chuanghua.
En bref, le spectre de solutions envisageables n'a pas fini de s'étoffer. Il reste fort à parier que les projets d'autoconsommation collective vont se faire plus nombreux dans les prochaines années avec l'amélioration du stockage de l'énergie et la montée des enjeux RSE. Entre autres.
Témoignage : "L'énergie ne doit plus être uniquement traitée sous l'angle de la performance achat"
En 2018, la consommation d'énergie annuelle du groupe SNCF avoisinait les 17 Térawatts-heure (dont neuf en électricité, soit l'équivalent de la production d'un réacteur nucléaire) pour un coût évalué à 1,2 milliard d'euros. "Nous avons pris conscience que l'énergie ne devait plus être uniquement traitée sous l'angle de la performance achat compte tenu de notre consommation et des enjeux environnementaux et sociétaux. Surtout, nous avons une vraie volonté de nous engager dans la lutte pour le climat", énonce Olivier Menuet, directeur énergie du groupe SNCF. En réponse, une politique d'énergie responsable a été mise en place. "D'ici 2025, notre électricité devra être issue à 45 % de l'énergie renouvelable." La consommation électrique est amenée à se verdir, mais aussi à se réduire de 20 % à l'horizon 2025. La solarisation progressive des actifs est une autre des mesures envisagées. "Nous voulons produire notre propre énergie renouvelable avec un objectif prioritaire qui est de l'auto-consommer", ambitionne Olivier Menuet. Une ferme solaire au sol, qui comporte dix-sept hectares de panneaux solaires, a ainsi été mise en activité sur un terrain abandonné de la gare de Surdon (61). Elle génère 7,8 Gigawatts-heure annuels, soit l'équivalent de la consommation électrique (hors chauffage) de 3 150 foyers. Sur Lille, la toiture d'un bâtiment en construction, dédié à la maintenance des trains, a accueilli 9000 m² de panneaux solaires pour un investissement de 1,5 million d'euros. "Le ROI est de 10 ans, voire moins si le prix de l'électricité continue de grimper." Autre tournant pour la SNCF, la signature en juin dernier par SNCF Énergie, dont Olivier Menuet est le président, d'un contrat avec Voltalia. "C'est le premier accord français d'énergie verte qui a été conclu sur 25 ans à prix fixe. Reposant sur 143 mégawatts-crête, soit 4 % de nos besoins électriques ferroviaires, il nous confère un tarif très significativement inférieur au prix du marché." La SNCF prévoit de garantir 25 % de sa consommation via le mécanisme du Power Purchase Agreement (PPA). Sa politique d'énergie verte ne se cantonne pas à l'électricité. D'ici 2021, le biocarburant à 100 % de colza sera employé pour réduire les émissions de CO 2 , des trains hybrides et hydrogènes devraient entrer en circulation dès 2022-2023.
Témoignage : "Notre métier ne consiste pas à faire du trading sur le marché de l'énergie verte"
Depuis 2014, l'énergie est à 100% verte au sein des entités d'Axa France, conformément à sa politique RSE. "Il en sera de même dans tous les pays où le groupe se prévaut d'une présence d'ici à 2025" , indique Sandrine Lefèvre, directrice des achats indirects d'Axa France. Récemment, elle signait un contrat sur deux ans afin de ne pas faire face à la volatilité des prix sur le marché de l'énergie propre. "Ce n'est pas notre métier que de faire du trading sur le marché de l'énergie verte", rappelle Sandrine Lefèvre. L'enseigne s'appuie sur les Certificats de garantie d'origine pour valider les sources d'approvisionnement. Elle souligne néanmoins que la traçabilité de ce dispositif demeure perfectible. "Nous voulons réduire l'opacité afin d'avoir la certitude de ne consommer que de l'énergie produite en France ou du moins en Europe. Nous aimerions également connaître la source d'approvisionnement, c'est-à-dire savoir si c'est de l'énergie solaire ou éolienne par exemple". En parallèle, Axa France mène des actions afin de réduire sa consommation énergétique. En 2019, elle choisissait ainsi de se dessaisir des trois bâtiments les plus énergivores, investissant dans trois bâtiments à Haute qualité environnementale (HQE). Au final, elle voyait sa consommation globale réduite de 30% sur l'année 2019. "Cela permet d'absorber le surcoût de l'énergie verte, de l'ordre de un à deux euros selon les années par kilowattheure." Et depuis avril, la toiture de l'un des cinq bâtiments abritant le siège social d'Axa France (Nanterre), s'est vu doté de 540m ² de panneaux photovoltaïques pour une puissance de 89 Kilowatts-crête. "Cette production solaire représente désormais 4% de la consommation du bâtiment et a déjà permis de réduire nos achats d'énergie de l'équivalent de 80 00 euros en six mois de production". Mis en oeuvre par le propriétaire des locaux Icade, ce pilote va être étendu à d'autres bâtiments à partir de 2020. Et pourrait être dupliqué dans d'autres villes. Se voulant moins gourmande en CO2, Axa France réfléchit aussi à tendre vers une flotte automobile résolument plus verte.
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