Etat des lieux et perspectives du secteur adapté et protégé
Pour répondre à leur obligation d'emploi fixée par la loi handicap, les entreprises privées et publiques, peuvent, pour partie, agir par le biais des achats auprès d'ESAT et d'EA pour développer l'emploi "indirect". Ce secteur, en pleine mutation, développe des produits et services de mieux en mieux adaptés aux besoins des entreprises.
Encore récemment, le milieu adapté et protégé était composé d’entités morcelées et individualistes, peu professionnalisées, et communiquait maladroitement auprès des entreprises. Ce secteur était tiraillé entre ses obligations médico-sociales et les exigences de production de ses clients.
Les donneurs d’ordres quant à eux recherchaient le risque zéro en achetant, auprès d'ESAT et d'EA, des produits ou prestations à faible valeur ajoutée et en se concentrant sur quelques entités. Personne n’avait pour ainsi dire mis en place de véritable stratégie de développement partenarial. Les donneurs d'ordre étaient souvent prêts à acheter à des prix exorbitants, laissant le secteur protégé dans un état de subordination caritative insupportable et sans volonté d'innovation farouche.
Un nouveau contexte porteur
On entend encore parfois, de la part de certains acheteurs, qu’ils achèteraient bien, pour faire plaisir à leur mission handicap, quelques fournitures de bureau … mais pour d’autres prestations, les acheteurs hésitent, et bien souvent reculent.
Ils invoquent les exigences de leurs clients internes, leurs achats devant être irréprochables, tant au niveau du prix, de la qualité et de la réactivité de leurs fournisseurs.
Des difficultés à ne pas ignorer
Le principal frein pour les acheteurs semble être le référencement fournisseurs. Mais pas seulement. Ils se posent des questions relatives à l’implication éthique auxquelles même les ESAT et EA ne semblent pouvoir répondre : comment évaluer le taux d’emploi dégagé sur un produit donné (les Unités Bénéficiaires venant en déduction de la contribution) ? Comment s’assurer que l’établissement interrogé ne fait pas sous-traiter régulièrement ses services ? Comment être certain que la demande d’agrément de l’EA a été déposée dans le but d’encourager l'intégration et la professionnalisation des travailleurs en situation de handicap et pas uniquement dans en vue d’obtenir des marchés ?
Des spécificités juridiques complexes
Contrats de sous-traitance, co-traitance, de mise à disposition, de détachement de personnel, de prestations de service sur site …. Les acheteurs sont confrontés à des particularités et à une organisation particulière de ces fournisseurs. Mais ceci ne doit pas les conduire à renoncer car plus de 200 métiers sont représentés par les EA et les ESAT sur tout le territoire. Les besoins des entreprises et une meilleure organisation du secteur ont favorisé cette évolution. Sans se risquer à crier victoire, les relations s’organisent et les procédures se clarifient. Les établissements se rapprochent les uns des autres pour compléter leurs offres, forment leurs usagers, échanges avec leurs clients sur une organisation bilatérale plus effective et offrent de plus en plus des produits et prestations à forte valeur ajoutée.
Les filières de productions s’organisent, la co-traitance se coordonne, les équipements et machineries se modernisent ...
Tous ces aspects ont créé les conditions d’émergence de nouveaux acteurs plus engagés et de nouvelles attitudes. Les missions handicap travaillent plus étroitement avec les services achats et on met en poste des responsables achats ESAT EA, et pas uniquement dans les grands groupes.
La professionnalisation du secteur protégé et adapté permet de mesurer rapidement les bénéfices sociaux et financiers des entreprises. La pérennisation de relations durables et insoupçonnées pour les deux parties prédit de belles projections pour les fournisseurs mais également pour les donneurs d'ordre.