Les outils pour talon d'Achille
Car c'est bien là que le bât blesse. De nombreux acteurs de terrain dénoncent le manque d'outils mis à disposition par l'État pour soutenir la transformation. Or, ce décalage entre objectifs fixés et réalité terrain fait de la mise en oeuvre un sujet sensible. À l'heure actuelle, les quelque 147 GHT de France fonctionnent de manière centralisée, décentralisée ou mixte. "On se rend compte qu'aucun modèle ne fonctionne complètement", regrette un responsable achats hospitalier. "Il y a une disparité importante en termes de maturité entre les achats hospitaliers et les achats de l'État. On passe d'un paradigme à un autre". Le secteur hospitalier doit encore gagner en maturité. La question de la gouvernance des GHT pour dessiner une nouvelle organisation territoriale doit être la priorité. Un sentiment partagé par d'autres à l'instar de Hugues Lefranc, directeur du GHT Hainaut-Cambrésis, qui s'en était ouvert lors des journées de l'achat hospitalier organisées par le Resah. Ainsi, l'objectif de l'État d'élaborer (avec les directions financières) une méthodologie d'identification des impacts budgétaires de l'achat et d'avoir une cartographie achats nationale avec une répartition par région, reste pour l'heure un objectif lointain pour les GHT qui doivent d'abord s'organiser et définir une stratégie commune.
Mais une dynamique positive
"Les directions achats doivent animer le dialogue avec les prescripteurs" Dominique Legouge, directeur du GIP Resah
Au sein du GHT Hôpitaux de Provence, le pilotage et la gouvernance seront mis en place tout au long de 2020, mais la priorité est donnée à la convergence des marchés. "Nous avons fait le choix de la transparence avec la mise en place d'un copil achats qui se réunit tous les 15 jours et regroupe l'ensemble des établissements du GHT, explique Franck Guyot. Pour faciliter la convergence des marchés, un outil SI achats commun qui intègre un module décisionnel a été implémenté." Il est déjà en place sur les marchés d'assurance et de transport sanitaire, mais le chantier est encore vaste : sur les 14 établissements du GHT, ce sont près de 7 000 procédures de marché à faire converger. Cela avance dans le bon sens, selon Franck Guyot, responsable achats et transformation du GHT, mais demande du temps. Un organigramme a été présenté et validé. Le GHT se compose donc d'une direction achats, de responsables de domaines et de filières. "Nous avons ouvert les candidatures pour trouver des responsables de domaines et des acheteurs de filières, explique Franck Guyot. Les domaines ont été définis comme suit : moyen généraux, infrastructure, médical, pharmacie, informatique, et ressources et pilotage." L'étape suivante sera de définir la stratégie achats de ces filières. La dynamique est donc plutôt positive. Selon Caroline Jegoudez, directrice achats du GHT Yvelines Nord : "Le fait d'être en direction commune est facilitateur pour la mise en place d'une stratégie achats et d'un travail communs." Les relations entre les directions générale, financière et achats se structurent. "Il y a un vraie prise de conscience de la stratégie de territoire au moins dans les déclarations", estime Thibaud Arnaud des Lions, directeur achats du GHT du Var. Pour lui, cette transformation aura aussi des effets positifs sur la relation fournisseur et la capacité à innover avec les industriels. S'il continue de vouloir accélérer le rythme, l'État semble toutefois conscient de certaines difficultés. Le responsable du programme PHARE reconnaît ainsi que les outils demeurent le point faible du processus de transformation. "La professionnalisation du métier reste à consolider, admet Raphaël Ruano. Les processus ne sont pas formalisés ni harmonisés pour le moment. Et l'une des priorités de l'année sera de travailler sur la logistique hospitalière qui reste un gros sujet."
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