Rouler propre pour payer moins
Taxe sur les véhicules de société, bonus-malus, la fiscalité «verte» impacte les entreprises. Aussi sont-elles décidées à employer les grands moyens pour optimiser leurs coûts. Leur credo? Miser sur des modèles moins puissants, qui dégagent peu de dioxyde de carbone.
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Réduire de presque 20 g par kilomètre le taux moyen d'émission de CO
Autant de mesures qui incitent les entreprises à revoir leur «car policy» en misant sur des véhicules moins puissants et donc moins taxés. «L'année dernière, nous avons loué à notre prestataire [Arval, NDLR] une dizaine de nouveaux modèles qui émettent tous autour de 140 g de CO
Rajeunir son parc
Pour optimiser leurs dépenses fiscales, les entreprises ont donc tout intérêt à rajeunir régulièrement leur parc. Et pour bénéficier des modèles «verts» les plus innovants, le recours à la location longue durée (LLD) semble bien plus approprié que l'achat. En effet, selon Eric Vallin, président de la commission marketing du Syndicat national des loueurs de voitures en longue durée (SNLVLD), les entreprises achètent généralement leurs véhicules pour une durée moyenne de sept ans alors que les contrats de LLD ne durent que trois ans et demi. Résultat, «grâce au renouvellement rapide de leur flotte, elles bénéficient des modèles les moins taxés», assure-t-il.
Bernard Roland, BRC
«Pour concevoir des modèles plus écologiques les constructeurs ont fourni de gros efforts.»
Dans cette perspective, l'ensemble des loueurs proposent un arsenal de véhicules avec une TVS «allégée». Pour preuve: 90% de la flotte louée par Arval aux entreprises se situe en dessous de 140 g de CO
Témoignage
«Notre premier critère de choix reste un coût de détention attractif»
Fort d'une flotte automobile de 3 200 véhicules, le groupe OGF, spécialisé dans les services funéraires, s'est mis au diapason de la réforme de la TVS de 2006. Propriétaire d'environ 50% de son parc et locataire en longue durée de la partie restante, l'entreprise s'est référée à la nouvelle grille fiscale pour choisir des modèles moins polluants. «Nous avons opté en majorité pour des marques françaises, notamment des Peugeot et Renault. Dans la mesure du possible, nous essayons aussi de privilégier les voitures bénéficiant du bonus», indique Olivier Jouannic, responsable de la fl otte du groupe et président de l'Agora des responsables de flottes automobiles. Pour respecter davantage l'environnement et optimiser les coûts, le groupe a procédé en deux étapes: «Nous avons d'abord baissé nos motorisations en recourante des véhicules moins puissants, puis descendu le niveau de gamme de tout notre parc», explique Olivier Jouannic. Pour la première fois le groupe a aussi introduit dans sa flotte des petits modèles tels que la Peugeot 107, les grosses berlines étant davantage réservées aux fonctions d'encadrement. Quid des véhicules hybrides ou électriques? «Tant que l'offre sera aussi restreinte et coûteuse, nous ne pourrons pas recourir à ce type de solutions, précise Olivier Jouannic. Au-delà des impératifs environnementaux, notre objectif premier consiste à maîtriser notre budget en optant pour des véhicules au coût de détention attractif»
Groupe OGF:::
ACTIVITE
Services funéraires
CHIFFRE D'AFFAIRES 2008
510 millions d'euros
EFFECTIF
5 500 salariés
Olivier Jouannic, responsable flotte automobile, groupe OGF
Priorité aux marques françaises
Les entreprises sont d'abord en quête de systèmes à la fois écologiques et économiques. «Le recours à des véhicules plus propres doit s'inscrire dans une démarche globale d'optimisation des coûts», souligne Philippe Brindel, directeur de l'OVE. D'ailleurs, la priorité de chaque gestionnaire consiste souvent à maîtriser au mieux le coût global généré par chaque voiture. Une approche «TCO» (coût total de possession) sur laquelle s'appuient également tous les loueurs. Un véhicule peut avoir une valeur faciale moins élevée qu'un autre mais s'avérer plus coûteux à l'usage. «Avec notre prestataire, nous avons donc planché sur une démarche TCO qui regroupe les coûts directs et indirects liés à la gestion de notre flotte. Loyer, assurance, fiscalité, tout est bud- gété», affirme Laurent Louesdon (Bard France).
Aussi, le challenge qui s'impose désormais aux spécialistes de la LLD consiste à proposer à leurs clients des véhicules au coût de détention attractif, adaptés aux besoins de l'entreprise et émettant peu de CO
Cependant, l'ofre sur le marché reste très limitée voire quasi inexistante. «Si certains systèmes comme l'hybride ont fait leurs preuves, d'autres à l'instar des biocarburants posent le problème de l'approvisionnement, le réseau de distribution d'énergie étant très réduit. Quant aux véhicules 100% électriques, ils restent pour l'heure trop coûteux et manquent d'autonomie», constate Steven Blanchard, chef de marché grands comptes chez LeasePlan.
En attendant l'évolution de ces systèmes alternatifs, reste un dernier outil à la disposition des gestionnaires de fotte pour réduire l'impact environnemental de leur parc: l'éco-conduite. Une solution proposée désormais par tous les loueurs via des partenariats avec des organismes spécialisés comme l'Automobile Club Prévention ou Beltoise Experience. Les stages de formation dispensés aux conducteurs génèrent des avantages signifcatifs: diminution du taux de sinistralité et surtout réduction massive des émissions de CO
-Témoignage «Le choix de nos véhicules refète notre engagement écologique»
Il n'est pas étonnant que Nature & Découvertes, enseigne spécialisée dans les produits verts, ait choisi 15 Toyota Prius pour son parc automobile: des modèles hybrides, à moteur essence et électricité, qui n'émettent que 104 g de CO
au coeur de l activité de l entreprise depuis sa création», estime Etienne Ruth, responsable du développement durable. Grâce à ces véhicules, non seulement l'entreprise bénéfcie du bonus, mais elle a été exonérée de la TVS pendant deux ans (à partir de la troisième année, quatre euros par kilomètre doivent être payés). Via un ordinateur de bord, le passage du moteur électrique à celui à essence s'effectue automatiquement. «Dès que le véhicule est au point mort, en démarrage ou roule à vitesse réduite, le moteur électrique est enclenché. En cas d'accélération, le moteur thermique prend le relais», explique Etienne Ruth. Grâce à l'énergie récupérée lors du freinage, le moteur électrique se recharge automatiquement. Très performants pour des trajets urbains, ces modèles ne conviennent pas toujours pour des déplacements sur autoroute. «Certains collaborateurs regrettent le manque de puissance de ce modèle lors des dépassements.» D'autre part, le coût de location de la voiture est de 10% à 15% plus élevé que celui d'une cylindrée équivalente non-hybride. «Nous ne cherchons pas à être équipés des voitures les moins chères mais bien de celles qui polluent le moins», rappelle Etienne Ruth.
Nature & Découvertes
ACTIVITE
Commerce de détail non alimentaire
CHIFFRE D'AFFAIRES 2008
180,7 millions d'euros
EFFECTIF GLOBAL
1 095 salariés
Etienne Ruth, responsable du développement durable, Nature & Découvertes
Edouard Rance, ERCG
«Beaucoup de modèles bon marché, confortables et performants émettent moins de 140 g de C0