Location longue durée des services ajustés
Durées de contrats de location allongées, offres pointues, nouveaux outils. Comment les loueurs de longue durée affrontent-ils la crise et se préparent-ils aux évolutions du marché. Enquête.
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Après une année 2009 marquée par un recul de 16,6 % des livraisons de véhicule, selon le syndicat national des loueurs de voitures longue durée (SNLVLD), et une pression accrue exercée sur les prix par les entreprises, les loueurs de longue durée n'en ont pas encore fini avec la crise. «Le marché de la location longue durée reste extrêmement tendu», confirme Olivier Rigoni, fondateur de Cogecar, société de conseil spécialisée dans la gestion de flotte automobile. Selon ce dernier, les loueurs continuent de subir les effets de la déflation du marché automobile qui sévit depuis une quinzaine d'années. Ils restent par ailleurs confrontés à une problématique de refinancement de la part de leur maison mère, qu'ils soient des filiales d'institutions financières ou de constructeurs. «Les difficultés d'écoulement des véhicules d'occasion qui se sont amplifiées depuis deux ans n'ont rien fait pour arranger les choses. D'autant que les loueurs continuent de concentrer 80 % de leurs achats sur sept ou huit modèles qu'ils ont ensuite beaucoup de mal à revendre», indique, en outre, ce dernier. Chez Arval, on ne nie pas ce constat, mais on réfute celui du refinancement. «Comme tout le monde, nous avons été touchés par la récession, reconnaît Jean-Loup Savigny, directeur commercial et marketing d'Arval France. Cela dit, nous devrions enregistrer une progression de 5% de notre activité en 2010. » Pour ce dernier, si le marché reste frileux, c'est essentiellement parce que les entreprises sont encore dans l'incertitude. «Mais, contrairement à ce que j'entends un peu partout, le marché de la location longue durée n'est pas encore mature, puisqu'il ne représente que 1,2 million d'unités sur un marché du véhicule d'entreprise estimé à 4,5 millions. Il reste donc un beau potentiel de développement. »
Des durées de contrat rallongées
Pour amortir les effets de la crise, la plupart des loueurs ont eu recours en 2009 à l'allongement de la durée des contrats, une mesure censée faire baisser le coût des loyers et éviter des valeurs résiduelles trop faibles. «Il y a un an, c'est nous qui préconisions les prolongations à nos clients, souligne Jean-Loup Savigny (Arval). Aujourd'hui, ce sont eux qui en font la demande, tant et si bien qu'en 18 mois, on est passé d'une durée de 36 à 40 mois en moyenne pour les véhicules particuliers. » En outre, « cette tendance devrait se pour
suivre, en sachant toutefois que l'on ne dépassera probablement pas les 48 mois, car le kilométrage risque alors de pénaliser la revente», ajoute-t-il.
De son côté, Stanislas Deveaux, directeur des ventes grands comptes de LeasePlan, livre une autre analyse. «Ce phénomène n'était qu'une réaction sur un marché compliqué. Je pense donc que sur le véhicule particulier le mouvement devrait se stabiliser, voire s'inverser car les gens aiment bien changer de voiture tous les trois ans. » A l'exception, selon lui « du véhicule utilitaire, où on s'oriente vers des offres qui pourraient dépasser la durée moyenne actuelle de 48 mois». Dans un tel contexte, les loueurs disposent d'une faible marge de manoeuvre pour retrouver un peu d'oxygène. «Lasortie de crise neseferapas par l'offre de services, avance Olivier Rigoni (Cogecar). Le niveau de prestations des quatre leaders du marché est en effet quasiment identique partout, que ce soit dans les équipes commerciales, les systèmes de cotation, les solutions financières ouïes services connexes. »
Une analyse que confirme Stanislas Deveaux (LeasePlan). «Sur notre coeur de métier, nous n'avons pas développé cette année de nouvelles offres commerciales car nous disposons aujourd'hui d'une palette de produits qui couvre l'ensemble des besoins du marché. »
Pour innover, les loueurs se tournent donc vers des services très spécifiques. LeasePlan vient ainsi d'inaugurer Van Policy, une offre dédiée aux véhicules utilitaires. « Van Policy se distingue par son approche novatrice, estime Stanislas Deveaux. En effet, on ne part plus du statut du collaborateur, mais de son métier. » Ainsi, cette solution intègre tout ce que l'on peut proposer comme services autour de l'utilitaire: le logo, les équipements intérieurs, les éléments de sécurité... «Nous avons également un spécialiste qui accompagne nos clients dans leur choix de véhicules», précise ce dernier. De son côté, Arval vient de lancer un produit de maintenance préventive sur les entretiens courants. «Par ailleurs, nous allons également commercialiser, via notre filiale Louveo, un service de location moyenne durée (entre six mois et deux ans) de voitures d'occasion récentes avec peu de kilomètres au compteur. Cette nouvelle offre devrait nous permettre d'écouler plus facilement une partie de nos véhicules d'occasion », espère Jean-Loup Savigny.
Vers l'externalisation
La revente des véhicules d'occasion reste d'ailleurs au centre des préoccupations, puisqu'après après avoir exploré le marché des particuliers et des professionnels, tous les loueurs tentent aujourd'hui de développer le rachat du véhicule en fin de location par son conducteur ou un de ses collègues. «Les premiers résultats sont encourageants, aussi bien en termes de volume de ventes que de satisfaction client, note Stanislas Deveaux (LeasePlan). La formule séduit également les entreprises qui n'ont plus à supporter les frais de dépréciation ou de remise en état. »
Parallèlement à ces nouvelles offres, les loueurs investissent beaucoup sur leurs logiciels de gestion de parc. Arval vient ainsi de développer un nouvel outil décisionnel baptisé Arval Analytics. Chez LeasePlan, pas moins de trois nouvelles solutions ont fait leur apparition au catalogue. Tous les clients peuvent désormais utiliser Power Fleet, le logiciel de gestion de parc sur Internet développé par DCS, une société absorbée par le loueur il y a deux ans. Fleet Balance a, quant à lui, été déployé en juin dernier pour aider les gestionnaires de parcs à déterminer leurs attentes en termes de gestion de fotte. La troisième nouveauté, Sailing Accelerators, s'adresse aux clients qui privilégient la réduction des coûts avec une méthodologie qui identifie les différents leviers d'économie.
Tous ces investissements préfigurent l'un des grands enjeux de demain pour les loueurs: l'externalisation totale de la gestion du parc auto. Si certains clients ont déjà franchi le pas, la tendance reste marginale par rapport à ce qui pourrait se profiler dans les prochaines années. «Pour mieux se concentrer sur leur métier de base et réduire leurs coûts, les entreprises n'auront pas d'autres solutions que d'externaliser la gestion de leur parc, affirme JeanLoup Savigny (Arval). Ce mode de fonctionnement nous conduira à gérer l'ensemble de la mobilité de nos clients. » Ainsi, les loueurs devront être capables de leur proposer de la location longue durée (LLD), mais aussi du train ou de la location courte durée. «Pour cela, il faudra que l'on s'entende avec les grands acteurs du transport ferroviaire et aérien, ainsi qu'avec les loueurs de courte durée... », prévoit Jean-Loup Savigny. Chez LeasePLan, on fourbit d'ores et déjà ses armes puisqu'un département spécialisé dans l'externalisation devrait être opérationnel dès la fin de l'année.
Tous les loueurs préparent enfin activement l'arrivée des véhicules électriques qui pourrait bouleverser profondément le marché de la LLD. « Je pense qu'un nouveau modèle économique se mettra en place avec le déploiement des véhicules électriques», pronostique Olivier Rigoni (Cogecar). En effet, ce dernier rappelle que le métier d'un loueur de longue durée est aujourd'hui de financer un bien et de vendre des services additionnels, comme l'entretien et la maintenance. «Or avec les véhicules électriques, les voitures rouleront moins et auront une durée de vie plus longue. Les besoins d'entretien seront aussi moins importants. J'attends impatiemment de voir quelles offres de financement et de services les loueurs vont proposer sur ce type de véhicules », s'interroge-t-il. Une attente qui ne devrait plus être très longue puisque les grands constructeurs s'apprêtent à dévoiler leurs gammes dès la fin de cette année.
Expérience
Accenture teste avec succès l'autopartage
Accenture a inauguré en mai dernier Alphacity, un service d'autopartage fourni par Alphabet en partenariat avec Mobizen. «Son principe de fonctionnement est très simple», confie Marc Thiollier, directeur général d'Accenture France. En effet, les collaborateurs inscrits au service n'ont qu'à se rendre sur un site intranet pour réserver en quelques clics une des quatre Mini Cooper D disponibles. Lorsque l'heure du départ arrive, il leur suffit de descendre dans le garage, d'ouvrir la voiture avec leur badge d'accès, les clés étant déjà sur le tableau de bord. «Ce dispositif constitue un excellent outil de flexibilité sur des trajets qui n'excèdent pas cinq heures, analyse Marc Thiollier. Comme nos consultants se déplacent souvent à plusieurs et avec de la documentation, il se révèle plus pratique et économique que le taxi où il n'est jamais très aisé de se concerter pour mettre la touche finale à une présentation. » Devant le succès rencontré auprès des collaborateurs, deux voitures ont été commandées. «L'autopartage nous permet de renforcer la motivation et la fierté de travailler chez nous», se félicite le directeur général. Ce dispositif pourrait aussi conduire les collaborateurs à moins utiliser leur véhicule personnel ou de fonction. «Ils sont en effet plus enclins à se rendre au bureau en transport en commun, sachant qu'ils pourront trouver sur place un véhicule pour leurs déplacements professionnels.»le directeur général. Ce dispositif pourrait aussi conduire les collaborateurs à moins utiliser leur véhicule personnel ou de fonction. «Ils sont en effet plus enclins à se rendre au bureau en transport en commun, sachant qu'ils pourront trouver sur place un véhicule pour leurs déplacements professionnels.»
Marc Thiollier, directeur général, Accenture
Accenture
ACTIVITE
Conseil en management, technologies de l'information et externalisation
CHIFFRE D'AFFAIRES monde 2009
16,73 milliards d'euros
EFFECTIF MONDE
5 000 salariés
VOLUME D'ACHATS FRANCE 2009
80 millions d'euros
EFFECTIF ACHATS
13 collaborateurs
Témoignage -
« Notre contrat nous permet désormais de modifer la durée de location »
Il y a deux ans, la SSII Steria a lancé un appel d'offres pour challenger les acteurs de la location longue durée (LLD) sur la nouvelle «car policy» que l'entreprise préparait pour sa flotte de 110 véhicules de fonction et 80 utilitaires. A l'issue de la consultation, son partenaire historique ALD Automotive a été renouvelé sur des critères de prix et de qualité de services. «Avant d'adopter cette nouvelle «car policy», le collaborateur choisissait lui-même son véhicule, explique Franck Bartolo, responsable du parc auto de Steria France. Nous nous retrouvions donc avec des modèles très différents et des coûts difficiles à maîtriser.» En collaboration avec son loueur, l'entreprise adonc défini précisément son besoin: des contrats de trois ans, des véhicules d'un bon rapport qua lité-prix, la présence à bord d'un GPS et du Bluetooth, etc. Des rendez-vous avec les constructeurs ont également été organisés. Ce travail de prospection a débouché sur la constitution d'une gamme de six véhicules premium pour les directeurs et managers, avec quatre marques référencées: BMW, Audi, Renault et Citroën. Une gamme standard a également été mise en place pour les commerciaux avec trois modèles de chez Renault et Citroën. La nouvelle «car policy» a également simplifié la gestion des dossiers grâce à l'automatisation des process. «Nous avons la possibilité de modifier la durée de location, ce que nous avions fait pendant la crise puisque nous sommes passés sur certains véhicules premium de 36 à 42 mois afin d'obtenir des loyers plus intéressants», témoigne Franck Bartolo.
Franck Bartolo, responsable du parc auto, Steria France
Steria
ACTIVITE Conseil informatique, intégration de systèmes, infogérance pour les entreprises et administrations
CHIFFRE D'AFFAIRES 2009
1,63 milliard d'euros
EFFECTIF TOTAL
18 300 collaborateurs
VOLUME D'ACHATS 2009
575 millions d'euros
EFFECTIF ACHATS
30 collaborateurs