Assurer une flotte: les 6 erreurs à éviter
À partir de cinq véhicules, on considère qu'un parc automobile constitue une flotte. Lionel Ray, consultant et ancien courtier en assurance, évoque les erreurs à ne pas commettre pour disposer d'un contrat optimal offrant la meilleure couverture au meilleur prix pour sa flotte automobile.
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1. Ne pas renégocier ou faire réévaluer son contrat
En matière d'assurance automobile, rien n'est véritablement gravé dans le marbre. « Il est important de savoir être revendicatif car les clients les plus discrets sont ceux qui obtiennent le moins et qui, au final, paient pour les autres », indique Lionel Ray. Ainsi, notre expert recommande-t-il de solliciter la compagnie d'assurances afin de faire réévaluer le montant des primes, des franchises de son contrat en fonction de la flotte de véhicules d'une part (c'est-à-dire du nombre de véhicules utilisés par l'entreprise) et, d'autre part, de son usage. Il faudra alors identifier le kilométrage parcouru, mais aussi la sinistralité enregistrée par l'entreprise qui seront autant d'arguments pour renégocier un contrat «Flottes».
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Quel impact a la taille d'une flotte sur le type de couverture à prendre?
Entre 50 et 200 véhicules, une large couverture des risques est encore conseillée. Toutefois, certaines garanties (comme le bris de glace ou la protection du vol d'accessoires par exemple) peuvent être exclues. Autre solution: négocier une augmentation du montant de certaines franchises pour diminuer le montant de la prime annuelle. L'audit est également un moyen d'identifier les principales caractéristiques du parc et les points forts sur lesquels l'entreprise pourra s'appuyer pour négocier: tendance à la diminution des sinistres, faible fréquence des accidents corporels... « Cette analyse permet aussi de connaître les risques que l'entreprise pourra auto-assurer totalement ou partiellement », complète Lionel Ray. Au-delà de 200 véhicules, il est indispensable de faire une étude précise de la sinistralité de l'entreprise pour déterminer précisément les besoins de couverture de la flotte. Dans le système de l'auto-assurance, les véhicules sont garantis au tiers et l'entreprise endosse tous les autres risques et les frais inhérents aux sinistres. Suivant les cas et les géométries des flottes, cela peut alors devenir une solution rentable.
2. « Sur challenger» le contrat auprès de son assurance
A contrario, vouloir renégocier trop souvent un contrat peut avoir des effets pervers. « Les compagnies d'assurances enregistrent chaque demande de renégociation, c'est ce que l'on appelle les saisies de marché. Lorsque les sollicitations sont trop fréquentes, les cotations sont effectuées mais l'examen de la situation n'est pas suffisamment poussé », confie Lionel Ray qui recommande un rythme de trois à quatre ans pour un examen en profondeur de l'évolution du contrat.
3. Ne pas se montrer transparent auprès de la compagnie
Les cotations réalisées par les compagnies d'assurances reposent, comme tout contrat d'assurance, sur l'analyse d'un risque. Aussi, lorsque l'on demande un devis, il est indispensable de fournir tous les éléments demandés de manière aussi détaillée que possible. Les statistiques sont essentielles pour les assureurs. Le prestataire devra vous fournir la liste des sinistres qu'il a pu recenser sur l'année en cours. « Dans l'idéal, précise Lione Ray, il faut au moins disposer des statistiques sur l'année en cours et les deux années précédentes ». Ces statistiques sont normées et « il ne faut pas se contenter des listings générés par le logiciel de gestion de flotte de l'entreprise », ajoute-t-il. Le relevé d'informations que l'on demandera à son assureur ne fait que compléter les statistiques.
4. Penser qu'un courtier est nécessairement un surcoût
Lorsqu'une entreprise fait appel à un courtier en assurance, ce dernier doit évidemment être rétribué. Pour autant, il serait injuste de considérer qu'il s'agit uniquement d'une dépense supplémentaire. « Le courtier a pour habitude de négocier avec les compagnies. Il possède des arguments qui portent souvent leurs fruits et, souvent, la baisse de la prime d'assurance compense très largement les émoluments du courtier. » Au moment de renouveler votre contrat, il peut s'avérer judicieux de solliciter un courtier qui analysera votre situation et vous accompagnera dans l'optimisation de votre assurance flotte.
5. Négliger la prévention et l'analyse des comportements
Le meilleur moyen d'optimiser les coûts liés à l'assurance de la flotte reste, selon Lionel Ray, la prévention. « Il ne faut jamais perdre de vue que le budget lié à l'assurance de la flotte est intrinsèquement lié à la fréquence des sinistres. En améliorant le comportement des conducteurs via la formation notamment, on dispose d'un levier majeur. » En faisant en sorte que les utilisateurs de la flotte aient un comportement exemplaire et responsable, les retombées positives en matière de sinistralité, de consommation de carburant ou d'usure des véhicules de la flotte se font immédiatement sentir! L'impact de l'immobilisation d'un véhicule accidenté sur l'activité de l'entreprise n'est pas toujours mesuré ; or, tous les contrats ne prévoient pas une garantie perte d'exploitation, par exemple...
6. Ne pas se contenter de consommer un service...
Lorsque la flotte devient importante(200 à 250 véhicules), il ne faut surtout pas se cantonner aux formes classiques d'assurance. « Le système de conservation, autrement appelé auto-assurance, est susceptible de faire accéder l'entreprise à une vraie réduction des coûts et c'est surtout un système idéal pour avoir une véritable visibilité sur le coût par véhicule», indique notre spécialiste. L'entreprise effectue un dépôt chez son assureur. La somme est consignée et utilisée pour l'indemnisation des tiers en cas de sinistre responsable. Lorsque ce dépôt est atteint ou dépassé, c'est alors l'assureur qui prend le relais. « Ce mécanisme permet souvent d'économiser le montant de la taxe d'assurance. C'est aussi un système de défiscalisation assez efficace puisque le dépôt est immédiatement déduit du résultat », précise Lionel Ray qui indique, par ailleurs, qu'il est ainsi possible d'espérer un gain de 9 à 12 % sur une prime d'assurance classique. Quel que soit l'angle sous lequel on observe le problème, l'erreur la plus importante consiste à se focaliser exclusivement sur le prix! Il faut garder un peu de recul et prendre en considération à la fois les services additionnels et la pérennité de la relation que l'on entretient avec le courtier ou l'assureur. « En considérant l'assureur comme un véritable partenaire, on obtient souvent des résultats plus positifs qu'en se cantonnant à la consommation d'un service », conclut Lionel Ray...