Intermarché, Auchan et Casino créent une super centrale d'achats
Les trois distributeurs ont récemment concrétisé leur alliance dans les achats avec la création d'Aura Retail. Cette super centrale d'achats est composée de cinq entités gérant les achats alimentaires et non alimentaires des trois groupes. Une alliance qui n'est toutefois pas au goût de l'industrie alimentaire, qui dénonce un contournement de la loi française.
Je m'abonneL'union fait la force ! Fin septembre, les distributeurs alimentaires Intermarché, Auchan et Casino se sont alliés pour créer une super centrale d'achats nommée Aura Retail. D'une durée de dix ans, elle est organisée en cinq entités distinctes, dont deux basées hors de France.
Trois centrales pour les achats alimentaires
Pour les achats alimentaires, Aura retail est composée de trois centrales d'achats pilotées par Intermarché. L'une, nommée Aura Retail Achats Alimentaires, est localisée à Massy (en Essonne, Ile-de-France) et négociera auprès de 200 industriels de marques nationales de produits de grande consommation/frais et libre-service (PGC-FLS) pour les enseignes Intermarché-Netto, Auchan et Casino. Également implantée à Massy, la deuxième centrale, Aura Retail Private Label, permettra aux industriels alimentaires européens commercialisant des marques de distributeurs d'avoir accès à des appels d'offre communs aux groupes Intermarché, Auchan et Casino. Enfin, la troisième centrale, baptisée Aura Retail International Food Services, gérera des prestations de services internationaux auprès des grands groupes industriels multinationaux. « Elle offrira des synergies dans les nombreux pays européens d'implantation des partenaires (Portugal, Espagne, France, Belgique, Luxembourg, Pologne, Roumanie et Hongrie) », précise le communiqué de presse. Celle-ci est basée à Bruxelles.
Auchan pilote les achats non alimentaires
Du côté des achats non alimentaires, deux centrales, pilotées par Auchan, ont été mises en place. La première, nommée Aura Retail Achats Non Alimentaires, négociera auprès des 100 plus grands industriels commercialisant des marques nationales non alimentaires. Elle est localisée à Villeneuve-d'Ascq, dans les Hauts-de-France. La seconde, Aura Retail International Non-Food Services, est implantée au Luxembourg et commercialisera des prestations de services internationaux auprès d'industriels alimentaires internationaux. Enfin, pour les achats non alimentaires de marque de distributeurs, les trois groupes massifieront leurs achats via la centrale OIA (Organisation intragroupe des achats) déjà existante. Filiale d'Auchan, cette société achète les gammes non-alimentaires de marques propres pour Auchan et accueille désormais les volumes d'affaires d'Intermarché et de Casino, dans le cadre d'appels d'offre communs.
Une alliance qui ne fait pas l'unanimité
Les trois distributeurs ont également annoncé qu'Aura Retail avait rejoint les centrales d'achat européennes Epic et Everest, « afin de négocier les meilleures conditions tarifaires auprès des plus puissants industriels multinationaux commercialisant des marques de produits de grande consommation ». Une alliance largement décriée par l'Association nationale des industries alimentaires (Ania). Celle-ci accuse les distributeurs qui installent des comptoirs de négociation à l'étranger de vouloir contourner la loi Egalim, qui vise à protéger les revenus des agriculteurs. « Si nous ne rectifierons pas le tir rapidement, le problème des centrales d'achats internationales, qui organisent le contournement de la loi française, ne concernera plus uniquement les grandes entreprises mais s'étendra d'ici peu aux ETI et PME », met en en garde Jean-François Loiseau, président de l'Ania. De leur côté, les trois distributeurs ont assuré qu'ils « renforceront leurs engagements auprès des TPE et PME en poursuivant, avec discernement, leurs négociations à l'échelle nationale ». La Fédération du Commerce et de la Distribution (FCD) a également pris position en pointant l'hypocrisie des multinationales industrielles. « Il serait temps que les multinationales cessent de se draper dans le prétexte de la défense du monde agricole, alors qu'elles ne protègent en réalité ni les agriculteurs, ni les consommateurs durement frappés par l'inflation, mais bien leurs seules marges », a déclaré Layla Rahhou, déléguée générale de la FCD.