"Parmi les mesures phares : un droit de douane universel de 10 % sur tous les produits importés aux USA"
La valse hésitation des marchés est intimement liée aux jeux des chaises musicales politiques. En atteste la victoire de Javier Milei et ses conséquences sur les marchés... en attendant, peut être la possibilité d'un retour en force du protectionnisme américain dès l'année prochaine. Analyse des marchés par Olivier Lechevalier, cofondateur de Defthedge.
Je m'abonneQu'observe-t-on sur les marchés financiers et sur le cours des matières premières ?
La victoire à l'élection présidentielle argentine du candidat atypique Javier Milei, un économiste qui a fait une percée dans les médias à partir de 2014, nous rappelle que le néopopulisme n'est jamais bien loin. Dans le cas argentin, ce qui est assez surprenant, c'est la réaction initialement positive des marchés financiers. Le marché des changes a connu un mini-rallye haussier dans la foulée de l'annonce de sa victoire. Cela montre à quel point il y a un besoin de changement en Argentine. Le vrai sujet politique pour 2024 est l'élection présidentielle américaine. Pour l'instant, c'est un peu sous les radars. Mais cela va rapidement revenir sur le devant de la scène. La première étape de l'élection présidentielle est le 15 janvier prochain lorsque l'Iowa va décider quel candidat va le représenter du côté démocrate et du côté républicain. Le programme économique de Donald Trump a été dévoilé et, sans surprise, il comporte un volet entier consacré au protectionnisme. Parmi les mesures phares : un droit de douane universel de 10 % sur tous les produits importés aux USA, ce qui va pénaliser le marché des matières premières, et l'élimination sur quatre ans des importations chinoises d'électronique, d'acier et de produits pharmaceutiques. Il ambitionne d'aller plus loin que ce qu'il avait fait sur la période 2016-2020.
Quelles conséquences pour les entreprises ?
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Le protectionnisme économique est une épine dans le pied pour les entreprises. Elles sont habituées à cela lorsqu'il s'agit des pays émergents ou en voie de développement. Mais c'est un fait nouveau pour les grandes économies développées. Cela va provoquer une hausse du coût des intrants et probablement un questionnement plus poussé sur les relocalisations, dans l'éventualité où Donald Trump sort victorieux du scrutin. Ce qui est certain, c'est que l'année 2024 va être compliquée pour les entreprises : refinancement dans des conditions moins bonnes, retour du risque géopolitique et politique, maintien d'une inflation plus élevée qu'avant la Covid et revendications salariales. C'est un cocktail explosif pour les entreprises les plus fragiles.
Quels sont, selon vous, les points de vigilance à surveiller ?
À court terme, il faudra surveiller deux statistiques. La confiance du consommateur américain pour le mois de novembre est attendue en début de semaine prochaine. Après des ventes au détail décevantes, l'objectif est de savoir si le consommateur américain commence à ressentir la hausse du coût de la vie. Enfin, l'inflation en zone euro sera à surveiller même si nous doutons que le chiffre pour le mois d'octobre puisse changer la trajectoire de la politique monétaire. Le taux terminal a été atteint en zone euro, selon nous. C'est une bonne nouvelle car nous pensons que la politique monétaire est trop restrictive, ce qui provoque des points de tension sur les marchés financiers.