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Qui croit encore au Made in France ?

Publié par OLIVIER WAJNSZTOK le | Mis à jour le

Comme dans tous les métiers, il y a des sujets Achats dont tout le monde dit que "c'est bien " mais qui ne déclenchent pas les passions dans la pratique. En première ligne, le thème du "Made In France".

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Jamais un directeur Achat n’oserait dire à un journaliste qu’il se fout du « Made in France ». Comme jamais un milliardaire américain n’oserait dire qu’il se fout des pauvres. Comme jamais un syndicaliste de Sud-rail n’oserait dire qu’il se fout de la rentabilité. Comme jamais un directeur des ressources humaines n’oserait dire qu’il se fout de la parité homme-femme.

Dans la vraie vie, l'étude publiée par AgileBuyer et le Groupement Achat d'HEC en janvier 2013 montraient que seulement 19 % des départements Achats avaient des objectifs d’acheter français.

Quels points de vues sur le « Made In France »

Dans le panel des positions face à ce sujet, j’ai imaginé 3 catégories :
- Ceux qui disent que c’est bien parce que ça fait bien de le dire. Les « Nice to Say ».
- Ceux qui le pensent parce que le « Made in France » fait vendre. Les « French Marketing ».
- Ceux qui y croient vraiment. Je n’en avais jamais rencontré.
Un beau matin de juin 2013, je me suis rendu à une table ronde organisée par HEC Alumni  Achat et son président Marc-Antoine Selaquet. Et le sujet était justement celui du « Fabriqué en France » et des habitudes des acheteurs. Les initiatives individuelles ventant les vertus d’une politique industrielle pro-France étaient présentées.

Un exemple de « Nice to Say »

Le premier intervenant défendait les initiatives du Ministère du Redressement Productif en terme de « Made in France ». Ce sous-Directeur de la DGCIS (Direction Générale de la Compétitivité de l’industrie et des Services), soulignait que le vrai concurrent du Made in France n’est pas l’Allemagne ou le Swiss Made mais bien les achats à bas coûts : les entreprises françaises ne jouent pas à armes égales avec leurs concurrents low cost en terme de contraintes environnementales, de valeur sociale et de qualité.

Une vision "French marketing" : Le Slip Français

Beaucoup plus fun, Guillaume Gibault fondateur de « Le Slip Français » explose l’auditoire avec sa conception. Oui des Achats 100% français sont possibles. Pour une raison simple, produire français fait vendre plus cher et permet de se différencier. Sa dernière innovation : le slip qui sent bon. Son slogan « ça va sentir bon du slip ». Tout un programme. « On se doit d’être inventifs, d’adopter un positionnement marketing décalé et surtout de développer un canal de distribution direct vers le consommateur pour compenser les surcoûts de production et conserver un niveau correct de marges ». Ce jeune HEC est fort et il y croit. 

Puis j’ai vu l’impensable. Un p-d.g qui croit au "Made In France" !


Philippe Peyrard, p-d.g d’Atol les Opticiens explique qu’il a pu produire en France au même coût qu’en Chine. Pas du premier coup au meilleur coût. Mais son principe pourrait se résumer à l’amélioration continue. Avec les bons investissements machine, avec un process bien optimisé et surtout une amélioration ininterrompue du mode de fonctionnement. Et ce n’était pas du bla-bla. Il a produit des chiffres et des explications qui étaient loin de la tarte à la crème. Au départ, les coûts français étaient trop élevés mais mois après mois ils ont baissé et sont arrivés au bon niveau. Et d’ajouter : « Avec les pays low cost, on joue au même jeu mais pas avec les mêmes règles ». Cet entrepreneur dit lutter alors avant tout contre la raréfaction des savoir-faire sur le territoire national. C’est vrai dans le métier de la lunette. C’était bien la première fois que je rencontrais quelqu’un qui avait l’air aussi sincère sur le Made in France. Impensable. 

Pour conclure, Vincent Mahéo (HEC Alumni) a expliqué qu’un acheteur qui démontre qu’un achat en France est moins cher qu’un achat en Inde est souvent mal perçu. En effet, malgré la professionnalisation des métiers Achats, la notion de coût total d’acquisition est loin d’être appliquée partout : les coûts de production et de livraison n’incluent pas les coûts de non-qualité et les risques d’un approvisionnement lointain. La session s’est terminée sur un petit déjeuner avec croissants. Un produit que les chinois ne fabriquent pas encore. Pour le moment...

<p><strong>Olivier Wajnsztok</strong> est un passionn&eacute; d''Achat avec un parcours orient&eacute; dans [...]...

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