Vendre aux enchères sur Internet pour optimiser son budget
Camionnettes, guirlandes lumineuses, tondeuses à gazon... Du matériel que les collectivités peuvent vendre aux enchères via des sites web pour optimiser leur budget. Éclairage sur cette nouvelle tendance.
Je m'abonneDonner une seconde vie à son matériel d'occasion laissé à l'abandon. Optimiser son budget dans "une démarche de développement durable". Ce sont les arguments des sites internet de vente aux enchères de matériel d'occasion par et pour les collectivités.
Ces portails, tels que Webencheres.com ou Agorastore.fr, proposent aux collectivités de revendre - au plus offrant les équipements qu'elles n'utilisent pas ou plus. «La plupart des collectivités stockent le matériel inutilisé, mais cette pratique engendre des coûts. D'autres le jettent et donc polluent. Certaines mairies le donnent à des associations. Enfin, quelques collectivités passent par des commissaires-priseurs pour s'en débarrasser, mais les taux de commission sont élevés et les prix de ventes inférieurs à ce que l'on peut réaliser via Internet », explique David Riahi, p-dg d'Agorastore.fr. Sur le site, 1 000 euros, c'est le prix de départ d'une camionnette Citroën C15 mise aux enchères par la mairie de Plougasnou (Finistère). Quant au prix de départ d'une armature en acier pour podium, il a été fixé à 15 000 euros par la mairie de Sallaumines (Pas-de-Calais). Économiques et écologiques, ces plateformes sont ouvertes à toute personne souhaitant s'offrir du matériel d'occasion. Les acheteurs sont des collectivités autant que des particuliers. De plus, Internet augmente le potentiel d'acquéreurs à l'échelle nationale, voire internationale. Si les avantages de ces sites sont nombreux, «pour certains stocks, il est préférable de passer par un commissaire-priseur. C'est le cas pour les voitures qui peuvent présenter des vices cachés, et tout matériel à risque. Passer par un intermédiaire permet également de se protéger contre certains abus (défaut de paiement, tromperie sur le matériel, etc.) et d'avoir davantage de garanties comme les assurances », explique Hervé Chayette, commissaire-priseur et président du Syndicat national des maisons de ventes volontaires (Symev).
Agorastore.fr a été créée en 2005 «par un acheteur de la Ville de Lyon qui avait trop de stock à gérer», détaille David Riahi. En 2010, un volume de ventes de plus d'1 million d'euros a été réalisé via Agorastore.fr par plus de 15 000 enchérisseurs et près de 70 collectivités. De son côté, Webencheres.com, conçu par Tierry le Scao, gérant de la société Gesland production, travaille avec des villes comme Douai, Châtellerault, Le Mans et Saint-Tégonnec. Il est également en contact avec une cinquantaine de collectivités.
Un simple clic pour une place aux enchères
Sur ces sites, l'inscription est gratuite et simple. Les plateformes proposent aux villes de leur créer une page personnalisée en respectant leur charte graphique. À charge aux collectivités de remplir des fiches-produits. Un lien renvoie d'Agorastore.fr au site de la collectivité et vice-versa. Au final, chaque collectivité dresse ses conditions générales de vente. Les sites de ventes aux enchères se rémunèrent suivant un taux de courtage déterminé en fonction du volume des ventes. «Notre offre diffère d'une plateforme de ventes aux enchères traditionnelle, type e-Bay, nous proposons une gamme de services d'accompagnement à la vente comme la formation à l'outil, un conseiller unique, l'aide à l'inventaire ou la planification de la vente», précise Olivier Nataf, le directeur adjoint d'Agorastore.fr. Réaliser l'inventaire et organiser une telle vente au sein de sa collectivité nécessitent une communication accrue entre la direction achats et les services techniques. Ce sont ces derniers qui sont chargés de gérer les stocks d'équipements et souvent de rédiger les fiches-produits à destination des sites de vente aux enchères.
Mairies-prets-echanges.fr, une alternative originale
La problématique de la gestion des stocks pour les petites collectivités a conduit Sepra Environnement à créer le site mairies-prets-echanges.fr. Cette plateforme est dédiée aux collectivités qui souhaitent vendre, échanger, ou donner du matériel public. Elle a été lancée en octobre 2010 avant le Salon des Maires. Une sorte de « vide-greniers des collectivités», selon Aymar de Seroux, son fondateur. «Les collectivités locales ont toutes, dans leurs entrepôts, des équipements inutilisés comme, par exemple des décorations de Noël. De petites mairies pourraient être intéressées par des équipements qu'elles ne peuvent pas acheter faute de moyens», explique Daniel Sennepin, ancien directeur achats de la ville de Moulins (Allier), à l'origine du projet avec Aymar de Seroux de Sepra Environnement. Concrètement, les mairies souscrivent à un abonnement annuel, en fonction de leur nombre d'habitants, (100 euros HT pour 3000 habitants, 900 euros HT pour plus de 100000 habitants). En contrepartie, les mairies reçoivent un contrat d'adhésion pour deux ans. Les deux collectivités s'engagent à respecter une convention, rédigée par Sepra Environnement, qui précise les modalités d'échange, de prêt, de don ou de vente.
Le site web devrait également permettre de faire des dons d'équipements inutilisés à des pays en développement. Si la demande est bien réelle et l'initiative louée par les collectivités, le site ne comptabilise aujourd'hui que 17 ou 18 inscrits et majoritairement des demandes. Alors, manque de visibilité du site, cotisation trop élevée? Face à ce constat, Aymar de Seroux de Sepra Environnement doute de la pérennité du projet et donne rendez-vous aux acteurs publics au prochain Salon des Maires en novembre.
Frédéric Magnan, directeur de la commande publique
Témoignage
«Faire adhérer les services techniques au projet»
Depuis son inscription, en juillet 2010, la ville de Saint-Germain-en-Laye a réalisé, via Agorastore.fr, quatre ventes. «L'idée de départ? Donner un second souffle à notre matériel et éviter de payer des transporteurs pour s'en débarrasser. Sans compter les inconvénients en termes de développement durable », explique Frédéric Magnan, directeur de la commande publique de la Ville de Saint-Germain-en-Laye. Parmi les critères du cahier des charges, qu'il jugeait comme incontournables, figuraient la clarté du site internet, l'existence de fiches-produits, ou encore un espace de stockage important pour les photos et vidéos. «Agorastore.fr propose un «officiel des ventes», soit une liste des meilleurs produits pour donner plus de visibilité aux enchères en cours», détaille Frédéric Magnan. Au final, cela permet un gain de temps et évite le processus lourd d'une mise aux enchères sur site. «Nous engendrons des recettes pour la collectivité, que nous pouvons réinvestir ailleurs, et cela diminue les coûts de stockage et de maintenance du matériel inutilisé», affirme le directeur de la commande publique de la Ville de Saint-Germain-en-Laye. Ici, les enchérisseurs sont issus de la France entière et Ville de même au-delà. «Nous avons récemment mis en vente un bus. L'enchère a été remportée par une association polonaise», s'amuse Frédéric Magnan. Quelle est la clé de la réussite d'un tel projet? « Nous devons obtenir l'adhésion des différents services techniques pour que cela fonctionne. Cela suppose pour eux un certain nombre de contraintes. Ils remplissent les fiches-produits et organisent des journées portes ouvertes pour montrer le matériel», conclut le directeur.
Ville de Saint-Germain-en-Laye (78)
NOMBRE D'HABITANTS 43 207 (Insee, 2009)
EFFECTIF ACHATS 7 collaborateurs
VOLUME ACHATS 40 millions d'euros