Un achat de qualité est aussi un achat innovant

Après les «cost killers», voici les «innovation killers». Le 7 juin dernier, lors d'un déplacement à l'Ecole nationale d'ingénieurs de Metz, Christian Estrosi, ministre chargé de l'Industrie, est revenu sur les pratiques abusives de certains donneurs d'ordres en matière de réduction des coûts. Son discours s'est révélé intéressant à plus d'un titre. D'abord parce qu'il n'a pas voulu stigmatiser toutes les entreprises: «Je sais qu'il y a parmi les donneurs d'ordres des entreprises parfaitement responsables, tout comme il y a parmi les sous-traitants des fournisseurs dont la réactivité et la qualité de production ne sont pas au niveau des attentes. » Ensuite parce qu'il a fait un lien entre l'innovation et les achats: « Ce que je veux, c'est qu'un terme soit mis à toutes ces pratiques brutales qui ruinent la performance globale de notre industrie et nuisent très fortement à innovation.» Et de reprendre à son compte une expression jusque-là peu utilisée: «innovation killers».

Pourtant, l'innovation est ou devrait être un critère d'achat essentiel. Tous les acheteurs connaissent le triptyque «qualité, coûts, délais». L'ordre des mots a son importance. La qualité est placée avant les coûts et les délais. Or, l'innovation participe plus ou moins directement à la qualité. Les directions achats les plus matures ont compris depuis longtemps que cette notion d'innovation se trouvait principalement chez leurs fournisseurs d'aujourd'hui mais aussi de demain. Tout est donc une question d'équilibre entre recherche de la qualité et maîtrise des coûts et des délais. A chaque acheteur de se souvenir qu'il est aussi un «innovation buyer».

@ Arnaud Olszak

Par Sébastien de Boisfleury, rédacteur en chef