Sièges de bureau: le marché veut du beau et de l'ergonomique
Des sièges synchrones et ergonomiques pour tous les salariés de l'entreprise, quel que soit leur statut. Telle est la nouvelle tendance dans les entreprises. L'environnement, quant à lui, s'est imposé comme critère d'achat incontournable. Le point sur les dernières tendances de ce marché.
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Au sein de cette entreprise de nettoyage industriel, les collaborateurs ne se plaignent plus d'être mal assis dans leur bureau. Depuis le mois de février, la société a en effet investi 300 000 euros dans l'achat d'une centaine de sièges synchrones. Grâce à un mécanisme particulier, ceux-ci s'adaptent à la morphologie de chaque individu. Le dossier, doté d'un ressort intégré réglable, suit tous les mouvements de l'utilisateur, en le soutenant et en soulageant efficacement ses muscles dorsaux. Ainsi, à part le directeur général, qui a gardé son siège en cuir, tous les collaborateurs de l'entreprise sont assis à la même enseigne. Cet exemple est représentatif des pratiques d'achats dans les entreprises sur ce marché qui monte en gamme. Ainsi, les sièges avec un mécanisme synchrone se généralisent en entreprises... et dans les catalogues des fabricants. «Il y a six ans, nous proposions avant tout des produits d'entrée de gamme, se souvient Stéphane Jacquin, responsable commercial de Nowy Styl, un fabricant de sièges de bureau. Or, depuis deux ans, on nous demande de plus en plus des modèles qui allient technique et design.» D'ici à la fi n de l'année, Nowy Styl envisage ainsi de commercialiser une nouvelle gamme destinée au middle management, coeur de cible de la plupart des fabricants. «Pour équiper les cadres souvent soumis à davantage de stress les sociétés privilégient des sièges ergonomiques et n'achètent plus des entrées de gamme», explique Pierre Odriozola, p-dg de Sokoa, un autre fabricant de sièges de bureau.
Second constat: l'uniformisation des modèles. «A l'instar des pays anglo-saxons, les niveaux hiérarchiques dans les entreprises françaises ne se distinguent plus autant à travers le choix du mobilier de bureau», témoigne François Bures, directeur marketing de Kinnarps France. Aujourd'hui, la plupart des fabricants ne proposent que trois grandes familles de produits: les sièges de direction, les sièges pour le management et les sièges de réunion. «Nous ne faisons plus de distinction hiérarchique dans nos modèles», tranche même Ewa Ybring-Diot, directrice générale de Nordic Design, un importateur de sièges de bureau suédois. «Nous assistons à une démocratisation du confort», résume Gaëtane Rivoilan, responsable des produits siège chez Steelcase, spécialiste du mobilier de bureau.
Pierre Odriozola, Sokoa
« Depuis quelques années, les utilisateurs boudent les dossiers en polypropylène au profit de modèles en toile ou en résille, plus confortables. »
Des salariés impliqués dans le choix des sièges
En termes de coloris, la sobriété semble toujours de mise. «Près de 95% des sièges que nous vendons sont noirs, gris anthracite, bleus ou bordeaux, affirme Stéphane Jacquin, Nowy Styl. Seuls 5% de nos clients optent pour du rouge ou du vert.» Sur ce point, tous les fabricants ne sont pas d'accord. Ainsi, François Bures, Kinnarps, constate que les entreprises impliquent de plus en plus leurs salariés dans le choix des coloris. Une pratique également perçue par Gaëtane Rivoilan, Steelcase: «Les collaborateurs interviennent aussi dans le choix des motifs.»
Côté revêtements, les matières traditionnelles résistent. «Le tissu connaît encore un grand succès tandis que le cuir reste la chasse gardée des directions générales, note Pierre Odriozola, Sokoa. Néanmoins, nous voyons émerger des revêtements microperforés ou en microfibres qui rappellent le cuir.» Pour la partie dossier, la résille s'impose aujourd'hui dans les entreprises. «Depuis quelques années, les utilisateurs boudent les dossiers en polypropylène au profit de modèles en toile ou en résille, plus confortables», précise Pierre Odriozola, Sokoa. Des propos confirmés par Manuel De Sousa, responsable sièges chez Haworth: «La résille représente aujourd'hui 50% des ventes du fabricant, contre 30% il y a deux ans.»
Au-delà des considérations techniques et esthétiques, l'environnement est devenu un critère d'achat déterminant. «Tous les acheteurs nous demandent des certifications environnementales attestant d'un mode de conception et de production écologique», indique Ewa Ybring-Diot, Nordic Design. Même constat chez Pierre Odriozola, Sokoa: «La quasi-totalité des entreprises placent cette exigence comme l'un des critères majeurs dans leur cahier des charges.» Ainsi, les fabricants ont été amenés à revoir l'ensemble de leurs circuits de fabrication. «Tous nos produits sont désormais éco-conçus, témoigne Gaëtane Rivoilan, Steelcase. Trouver le bon fournisseur nous a parfois demandés plus de deux ans.» Cette dernière semble même surprise du niveau de connaissance des acheteurs sur le sujet. «Certains maîtrisent parfaitement les cinq phases de vie de nos produits.» Selon Nicolas Mouchonnier, conseiller commercial chez le fabricant RH Sièges, la majorité des produits achetés sont biodégradables. «L'environnement est devenu un marché à fort enjeu», conclut-il. Les fabricants ne s'y sont pas trompés.
Fabrice Walch, responsable des achats mobilier et entretien, Dexia Sofaxis
Témoignage
«Un collaborateur bien assis est un collaborateur plus efficace»
Pour ses achats de mobilier de bureau, la société Dexia Sofaris mise sur le bien-être de ses collaborateurs. «La stratégie que nous avons mise en place vise à offrir le meilleur siège possible à l'ensemble de nos salariés», affirme Fabrice Walch, responsable des achats mobilier et entretien chez Dexia Sofaxis. Le courtier en assurances renouvelle ainsi les sièges de ses collaborateurs tous les cinq ans, par tranche de 60 à 80 unités, pour un budget moyen de 30 000 euros. Lors du dernier appel d'offres, il y a quatre ans, la société a notamment adopté une nouvelle approche. En effet, pendant quelques années, Dexia Sofaxis proposait un revêtement en cuir à certains collaborateurs. Impossible aujourd'hui de distinguer les fonctions des salariés selon leurs sièges. Qui sont devenus identiques. Les trois premiers critères d'achats que retient Fabrice Walch sont la fonctionnalité, le prix et l'environnement. L'achat de sièges de bureau se différencie ainsi de celui des tables de travail. «Depuis six ans, nous consacrons un budget croissant à nos sièges. Ainsi, comme dans les pays scandinaves, nous nous orientons vers des bureaux ultra-simples et fonctionnels, mais nous veillons à la qualité de nos sièges, prévenant ainsi les risques de troubles musculo-squelettiques», précise-t-il. Si la société effectue systématiquement un appel d'offres à chaque achat groupé de sièges, Fabrice Walch réalise néanmoins une veille permanente.
«Il y a quelques semaines, j'ai reçu une proposition de siège qui m'a semblé intéressante, avec une têtière permettant de détendre les cervicales. Ce type de produit apporte davantage de confort à nos collaborateurs», conclut le responsable achats.
Dexia Sofaxis
ACTIVITE
Courtier en assurances
RESULTAT NET BANCAIRE (DEXIA 2007)
2,6 milliards d'euros
EFFECTIF
400 salariés