Résidences de tourisme: à l'hôtel comme à la maison
Parallèlement à l'hôtellerie traditionnelle, les résidences d'affaires connaissent un fort développement depuis quelques années, notamment en ville. Conçues comme des appartements, elles offrent aux voyageurs d'affaires une plus grande indépendance et aux travel managers, une facture plus légère pour les séjours de long terme.
Je m'abonneLes résidences d'affaires sont en plein boom. Le marché, que se disputent une dizaine d'opérateurs en France, enregistre depuis quelques années une croissance supérieure à 10%, notamment en ville. D'ici à la fin de 2009, pas moins de 486 résidences urbaines devraient être ouvertes, alors qu'en 2007, le marché n'en comptait que 393, d'après le cabinet Deloitte, auteur d'une étude sur le marché hôtelier en 2008. Les deux dernières années ont vu arriver plus de 10000 lits supplémentaires. «En cinq ans, les enseignes de résidences d'affaires ont réalisé près d'un tiers des ouvertures sur le marché hôtelier», note Pascale Jallet, déléguée générale du Syndicat national des résidences de tourisme (SNRT), qui représente un petit millier de résidences d'affaires et de loisirs en France. «L'engouement pour ce produit est très fort, de nouvelles enseignes apparaissent et la concurrence s'élargit», reprend-elle. Pour la déléguée générale, ce développement s'explique notamment par la mondialisation des échanges. Les besoins accrus des entreprises, qu'engendrent la multiplication des stages de formation et des missions techniques, nécessitent des hébergements de moyenne et longue durées. «Lorsque l'on est amené à voyager plus de trois ou quatre jours, il est plus agréable de disposer d'un appartement que de tourner en rond dans une chambre d'hôtel», constate la déléguée du SNRT. Les années à venir s'annoncent au mieux pour les opérateurs. A Paris, par exemple, les résidences représentent 6% de l'offre hôtelière globale. Or, «il y a de la place pour le double, certifie Pascale Jallet. Le marché décolle et la forte croissance devrait se maintenir encore un certain temps.»
Les implantations en ville se multiplient
Dans ce contexte, les résidences de tourisme misent de plus en plus sur les villes, grandes ou moyennes, où les implantations se multiplient. Alors que la clientèle d'affaires représente en moyenne 20% de l'activité des enseignes, cette part peut atteindre 90% en ville. Dans les grandes agglomérations, le séjour moyen dépasse souvent quinze jours, contre huit sur l'ensemble du marché. Et les voyageurs d'affaires posant leurs valises pour plusieurs mois ne sont pas des cas isolés, loin s'en faut. Si ce secteur connaît une telle progression, c'est qu'il répond à des besoins que l'hôtellerie traditionnelle, destinée aux courts séjours, ne peut satisfaire. Car quelle que soit son enseigne, la résidence d'affaires repose sur un même principe: proposer au voyageur un appartement tout équipé lui offrant une plus grande indépendance. Avec une kitchenette ou, selon le niveau de gamme, une cuisine complète et équipée de vaisselle, les hébergements, du studio au cinq pièces en duplex, doivent permettre au client de se sentir chez lui.
La réservation comprend le ménage hebdomadaire, la réception ouverte non-stop, la laverie, l'accès à Internet et parfois le petit déjeuner. Ni plus ni moins. «Le client peut aménager les meubles à son goût, faire ses propres courses et retrouver ses habitudes alimentaires et des horaires que ne lui permettent pas forcément les restaurants des hôtels», explique Laurent Basnier, directeur général du réseau Adagio City Aparthotel. Avant d'ajouter que «cette réalité favorise V intérêt que nous porte notre clientèle féminine, pour qui Vidée de dîner seule à une table de restaurant d'hôtel est une réelle contrainte». En outre, en cas de séjour comptant plusieurs semaines, voire plusieurs mois, le voyageur d'affaires peut accueillir sa famille dans son appartement de location. Ils sont prévus pour et cela ne fait l'objet d'aucun supplément financier.
«Ce marché s'est adapté rapidement aux besoins du tourisme d affaires en proposant des formules jusqu'alors inexistantes dédiées aux longs séjours, estime Pascale Jallet (SNRT). Dans ce domaine, la France est d'ailleurs considérée comme l'un des pays les mieux organisés.» A l'image de l'hôtellerie traditionnelle, l'offre se divise ainsi sur le territoire en plusieurs gammes répondant à des standards de qualité caractérisés par des normes deux, trois ou quatre étoiles.
Fraser Hospitality est implanté dans les plus grandes capitales du monde, comme ici à Londres, dans le quartier de Kensington.
Acteur majeur sur ce créneau avec une quarantaine d'établissements en France, ce qui représente près de 7000 lits, Appart'City suit cette tendance. D'ici à la fin de 2009, l'enseigne comptera 12 résidences supplémentaires, dont une première hors de France, au sud de la Belgique. Vingt-cinq ouvertures sont prévues d'ici à l'année prochaine, et le compteur devrait relever, en 2015, 140 établissements.
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Frasers Hospitality se positionne sur le haut de gamme
Contrairement aux résidences de tourisme qui proposent un produit standard, quelle que soit leur implantation, Frasers Hospitality se distingue par une offre plus hétéroclite. Il faut dire que le groupe se positionne plus particulièrement sur le haut de gamme. D'ailleurs, la taille minimale de ses appartements dépasse celle de la concurrence: le plus petit studio du groupe fait 38 m2. Ses résidences sont organisées et aménagées en fonction du site. Ainsi, le Claridge, situé sur les Champs-Elysées à Paris, s'apparente à un hôtel traditionnel sauf qu'une cuisine est disponible dans chaque logement. Salles de conférences et salles de sport, notamment, y sont à disposition. «Le Claridge des Champs-Elysées attire une clientèle principalement touristique», reconnaît Xavier Lamont, directeur des ventes du groupe. Certaines résidences, à l'étranger principalement, proposent spas, piscines et restaurants. D'autres équipent les logements d'un lave-linge comme chez les particuliers, plutôt que de proposer un service de laverie. «Nous nous adaptons aux marchés pour répondre à des besoins différents», reprend Xavier Lamont. Le groupe, qui axe son développement sur l'Asie et le Moyen-Orient, dispose également de résidences plus standards, comme celle de La Défense. Néanmoins, sa différence se caractérise par une clientèle régulière qui ressemble davantage à celle de l'hôtellerie traditionnelle. La durée moyenne des séjours ne dépasse pas les quatre jours.
Une capacité d'accueil très importante
Positionnées au coeur des métropoles régionales, les résidences Appart'City accueillent 85% de clientèle professionnelle, pour une période de trois semaines en moyenne. D'après Philippe Piat, son directeur général, ce succès s'explique en partie par le rapport prix/confort du service. Chez Appart'City, comme chez tous ses concurrents, la tarification est dégressive selon la durée du séjour: de deux à sept jours, de huit à vingt-neuf jours, et supérieur à trente jours. A 35 euros la journée en prix d'appel, le travel manager d'une entreprise s'y retrouve: la formule est plus attractive que l'hôtel. «Nous n'avons pas de services annexes comme les spas, les salles de sport, les grands salons, etc., explique le directeur général des résidences Appart'City. Tous nos efforts sont concentrés sur le confort des appartements, puisque c'est ce que recherche notre clientèle.» Les services supplémentaires sont à la carte. Malgré la croissance à deux chiffres, le marché n'est pas mature. «Les entreprises ne connaissent pas encore bien le concept et la liberté qu'il offre à leurs voyageurs», assure Philippe Piat. Ce qui ne l'empêche pas de se réjouir: «Les mentalités évoluent et, peu à peu, les sociétés se mettent à nous répertorier dans leurs bases fournisseurs.»
Laurent Basnier (Adagio) confirme cette tendance. «Les entreprises veulent réduire leur train de vie. Les acheteurs commencent à comprendre le gain engendré par le concept de résidence d'affaires. Aussi, ils sont de plus en plus nombreux à nous inclure dans leurs politiques voyages et à nous référencer dans leurs logiciels.» Adagio, apparue sur le marché en 2007 (dans le cadre d'une joint-venture entre les groupes Pierre & Vacances et Accor), affiche le même dynamisme que ses concurrents. Fort de 32 résidences réparties dans les grandes capitales comme Paris, Rome, Berlin, Vienne ou Bruxelles, le groupe réalise la moitié de son activité grâce aux séjours de plus de trois semaines. Et la clientèle corporate représente 70% de son chiffre d'affaires. «Pour de telles durées, le voyageur n'a pas vraiment d'autre choix que la résidence de tourisme, estime Laurent Basnier. Les gens voyagent de plus en plus et sont toujours très encadrés au niveau des horaires, des repas, etc. La résidence d'affaires leur offre un peu d'air.» Pour le directeur d'Adagio, un autre argument justifie l'intérêt des responsables des budgets voyages dans les entreprises: «La résidence, à l'inverse de l'hôtel, permet de limiter le nombre de notes de frais puisque le voyageur vit dans son propre appartement. Pour les sociétés, c'est une source d'économies. En outre, le long séjour permet de réduire le nombre de déplacements et l'environnement en profite également.»
Une solution susceptible d'intéresser les entreprises, aussi bien pour les réservations de logements dans le cadre d'un voyage d'affaires unique, que pour les déplacements de groupe comme les séminaires. Les enseignes revendiquent, en effet, une capacité d'accueil suffisamment importante pour recevoir un grand nombre de collaborateurs. Ce qui évite la dispersion des troupes dans plusieurs établissements.
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Les principales enseignes en France
- Adagio City Aparthotel: Fruit de l'association des groupes Accor et Pierre & Vacances datant de 2007, Adagio compte plus de 30 résidences dans les grandes capitales européennes.
- Appart'City: Fin 2008, le groupe comptait une quarantaine de sites dans les principales villes de province. Près de 140 seront ouverts dans les six ans à venir.
- Citadines: Acteur historique, l'enseigne Citadines est arrivée sur le marché dans les années quatre-vingt. Elle compte 33 résidences, trois ou quatre étoiles, en France et huit en Europe.
- Citéa: Près de 70 résidences seront proposées en centres-villes et périphéries pour Citéa d'ici à 2010. Aujourd'hui, l'enseigne dispose de 55 établissements.
- Frasers Hospitality: 32 résidences à mi-2009, soit 4 750 appartements. D'ici à 2011, il y aura 58 résidences dans 34 villes du monde.