Pour une gestion durable du papier
Les grandes entreprises françaises doivent encore faire beaucoup d'efforts pour mieux gérer leur consommation de papier bureautique, qui est loin, cependant, d'être une priorité.
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Les entreprises françaises ont encore d'énormes progrès à faire dans la gestion du papier bureau tique. Telle est la conclusion de l'étude PAP50, première du genre, publiée en août dernier. Réalisée par les associations WWF France, Les Amis du Vent, 100 % recyclé 100 % engagé et Riposte Verte, elle a pour but d'évaluer la poli tique papier de 50 grandes entreprises françaises. « Toutes les entreprises réalisent un bilan carbone et se montrent vigilantes vis-à-vis de leurs émissions de CO2. Mais cette étude a pour but de leur faire aussi prendre conscience que l'achat et la consommation de papier bureautique peuvent également avoir un impact environne mental », explique Cyril Hergott, directeur du développement chez Riposte Verte et contributeur de l'étude.
Une moyenne générale de 43 sur 100
Un questionnaire a été envoyé en mars 2010 à 50 grandes entreprises françaises afin de dresser un état des lieux des politiques en matière de papier bureautique: évolution de la consommation, proportion de papier responsable utilisé et actions de recyclage. Au final, 32 entreprises ont répondu, avec une note moyenne de 43 sur 100. L'Oréal arrive en tête du classement, avec une note de 63,22. Suivent Axa, La Poste, Carrefour, France Télécom, PPR, Michelin, Danone, Castorama et enfin Peugeot. L'étude révèle qu'une bonne gestion du papier s'avère envisageable, quel que soit le secteur d'activité de l'entre prise. On peut d'ailleurs citer parmi les initiatives profitables mises en place: l'élaboration d'un cahier des charges pour l'impression des documents et d'un reporting évaluant la consommation, la collecte et le tri du papier de bureau, ainsi que l'utilisation de papier recyclé. « Beaucoup d'efforts ont été faits en termes de recyclage, notamment grâce aux obligations légales. Côté achats responsables, les entreprises prennent enfin conscience que la qualité du papier recyclé certifié est équivalente à celle du papier normal », précise Cyril Hergott. Cependant, comme le souligne l'étude, « malgré une off re de papier recyclé élargie, peu d'entreprises utilisent majoritairement ce type de papier ». Ainsi, seules 7 % des ramettes utilisées au bureau sont du papier recyclé 100 %, selon EcoFolio, éco-organisme chargé par l'Etat de la gestion durable du papier. L'étude présente d'autres actions simples à mettre en place. Le paramétrage recto verso par défaut des impressions permettrait, par exemple, de faire baisser la consommation de 30 %. Suite aux conclusions de l'étude, diverses recommandations personnalisées ont été envoyées aux entreprises. « Pour une poli tique d'achats responsables, les acheteurs doivent donc mieux se coordonner avec les responsables Développement durable des entreprises », conclut Cyril Hergott. Afin de mesurer les progrès réalisés par les entreprises concernées, cette étude sera reconduite dans le futur, et son périmètre élargi aux collectivités, pour vérifier si les objectifs du Grenelle sont atteints pour 2012.
ZOOM
Les critères d'une «politique papier» responsable
Les entreprises doivent remplir un certain nombre de conditions pour arriver en tête du classement de l'étude PAP50. Il faut tout d'abord qu'il existe une«politique papier claire, soit à travers la prise d'engagements publics, soit par la mise en place d'un cahier des charges contraignant pour l'impression de documents». Ensuite, il doit être établi un reporting évaluant la consommation de papiers de bureau et de communication, permettant de constater leur baisse. L'entreprise doit utiliser, par ailleurs, plus de 50 % de papier responsable ou recyclé certifié. Enfin, la collecte et le tri du papier doivent être mis en place au siège social de l'entreprise et sur l'ensemble des sites français.