Les résidences hôtelières urbaines de plus en plus prisées
De plus en plus plébiscitées par les voyageurs d'affaires dans le cadre de longs déplacements professionnels, les résidences hôtelières présentent bon nombre d'avantages face à l'hôtellerie classique. Pourtant, sur le créneau B to B, ce marché est loin d'être arrivé à maturité. Explications.
Je m'abonneLoin d'être l'apanage de la clientèle loisirs, les résidences hôtelières urbaines commencent à avoir le vent en poupe auprès des voyageurs d'affaires. Exit les appart'hôtels concentrés uniquement dans les régions touristiques ensoleillées, ce type d'hébergement se développe maintenant dans les quartiers d'affaires des grandes villes de France. La spécificité de ces hébergements par rapport aux résidences de tourisme classiques? Etre dotés d'un panel de services hôteliers propres à satisfaire la clientèle affaires: service d'accueil, de ménage, de conciergerie, etc. « Ce marché connaît un véritable essor, avec une croissance de 10 % par an depuis 10 ans, explique Jean-François Ramé, p-dg de Cityzenbooking, site de réservation d'appart'hôtels en ligne. Nous avons lancé cette plateforme 100 % dédiée aux résidences hôtelières urbaines en juin 2009, pour accompagner la croissance de ce marché prometteur. » Si de plus en plus d'entreprises sollicitent les services de ce portail, Jean-François Ramé admet qu'il réalise la plus grande part de son chiffre d'affaires auprès d'une clientèle grand public. « Sur le créneau B to B, ce marché n'est pas encore très mature, estime Lukrecya Skarbinska, dirigeante de Lucrèce Conseils, cabinet spécialisé dans l'optimisation des déplacements professionnels. Ce type de solution intéresse davantage les expatriés à la recherche d'un hébergement dans le cadre d'une mission de six mois que les voyageurs d'affaires proprement dits. »
500 établissements en France
Preuve du caractère encore balbutiant de ce secteur: l'Europe ne compte que 1 300 résidences hôtelières urbaines en moyenne (dont 500 en France), alors que l'Amérique du Nord en dénombre environ 12 500 selon Cityzenbooking. « Les entreprises anglo-saxonnes sont plus habituées à miser sur ce type d'hébergements que leurs homologues européennes », reconnaît Jean-François Ramé (Cityzenbooking). D'ailleurs, si la durée moyenne d'un séjour en appart'hôtel est de 41 nuits dans le monde, toujours selon la plateforme de réservation, elle n'atteint que huit nuits à Paris et 15 en province. Pourtant, l'un des intérêts de la résidence hôtelière urbaine est d'y séjourner le plus longtemps possible pour bénéficier de tarifs plus attractifs. «Au-delà de quatre nuits, nous proposons des remises de 20 à 25 %, puis la dégressivité s'accroît respectivement au-delà de neuf nuits, puis de 30 », explique Laurent Basnier, directeur général d'Adagio (joint-venture d'Accor et de Pierre & Vacances). Même conseil pour Franck Gauthier, en charge de la communication pour l'Europe du groupe The Ascott, plus connu sous la marque Citadines. «Dès deux ou trois nuits, l'appart' hôtel est plus compàitif que l'hôtel, surtout dans les villes où l'hôtellerie est chère car nous fournissons un espace plus spacieux: un studio de 25 m2, contre 16 m2 pour une chambre d'hôtel », précise-t-il.
Les acteurs du marché proposent souvent des appartements deux pièces, de 35 m2 en moyenne et quelques trois pièces. Mais ces derniers sont surtout plébiscités par la clientèle loisirs, les voyageurs d'affaires privilégiant les studios. « Il s'agit d'une vraie pièce à vivre où le voyageur dispose d'une kitchenette. Un avantage non négligeable pour gagner en flexibilité dans l'organisation de ses repas. Cela permet ainsi de réduire d'environ 40 % le budget restauration pour l'entreprise », souligne Laurent Basnier (Adagio).
Des services à la carte
Pour un séjour de trois nuits maximum, le voyageur dispose d'un service de ménage quotidien inclus dans le prix de la chambre. « Au-delà, le ménage s'effectue une fois par semaine gratuitement. Si le voyageur souhaite disposer d'un service plus récurrent, il doit payer un complément », prévient Franck Gauthier ( Te Ascott). Une prestation qui fait partie d'un panel de services annexes et payants à la carte. «Le voyageur dispose d'une multitude de services pour gagner en autonomie et en tranquillité d'esprit. Résultat: il se sent dans l'appart' hôtel comme chez lui!, souligne Laurent Basnier (Adagio). Au-delà de l'argument économique, la valeur ajoutée de la résidence hôtelière réside dans l'intimité qu'elle procure aux voyageurs. Un avantage de taille, surtout pour ceux qui se déplacent longtemps, car ils peuvent renouer avec leurs habitudes. » Le studio à disposition du voyageur peut également faire office de bureau. « Toutes nos chambres sont dotées d'une connexion internet filaire, à laquelle devrait bientôt s'ajouter une connexion sans fil. Nos hôtels disposent depuis 2006 de zones wi-fi » dans les parties communes, ainsi que d'un « business corner dans lequel le voyageur peut disposer d'un ordinateur et d'une imprimante», détaille Franck Gauthier (Te Ascott). Autant d'efforts effectués par les acteurs de ce marché pour renouveler leur offre et séduire les voyageurs d'affaires. Pourtant, le recours à cette solution n'est pas encore entré dans les moeurs des entreprises. Et pour cause: « Aujourd'hui, les résidences hôtelières urbaines soufrent encore d'une mauvaise image auprès de la clientèle affaires, en raison d'un amalgame persistant entre cet hébergement et les résidences de tourisme traditionnelles », analyse Jean-François Ramé (Cityzenbooking). La route sera donc encore longue avant que ce mode d'hébergement détrône l'hôtellerie traditionnelle.
Jean-François Ramé, Cityzenbooking
« Les entreprises anglo-saxonnes sont bien plus habituées à miser sur ce type d'hébergements que leurs homologues européennes. »
Sylvie Deroo, travel manager, Crédit Agricole
Témoignage
Les appart'hôtels séduisent particulièrement nos collaboratrices »
« Depuis quelques années, un nombre croissant de nos collaborateurs privilégie les appart'hôtels lors de leurs déplacements professionnels, confie Sylvie Deroo, travel manager au Crédit Agricole, même si ce mode d'hébergement reste encore minoritaire par rapport à l'hôtel. » Mais pourquoi un tel engouement vis-à-vis des résidences hôtelières urbaines? « Les a priori à l'égard de ce type d'hébergement se font de plus en plus rares, car les acteurs du marché ont fait de gros efforts ces dernières années pour renouveler leur offre afin qu'elle soit davantage en adéquation avec les besoins des voyageurs d'affaires », analyse la travel manager. Relooking des appartements, meilleure division de l'espace, priorité accordée au confort...« Sans oublier la mise en place de services hôteliers associés que nos voyageurs peuvent choisir à la carte », précise Sylvie Deroo. Une solution flexible qui confère également une certaine intimité, dont nombre de voyageurs d'affaires du Crédit Agricole sont désormais friands. « Nos collaboratrices, en particulier, apprécient d'avoir à disposition une kitchenette dans leur appartement, pouvant ainsi dîner à leur guise et en toute tranquillité, sans avoir à chercher un restaurant chaque soir de leur séjour. »Au-delà de la montée en gamme de l'offre, un autre argument en faveur des résidences hôtelières urbaines séduit le Crédit Agricole : leur prix. « Contraire-ment aux hôtels, ces résidences proposent des tarifs dégressifs en fonction de la durée du séjour nous permettant ainsi de mieux respecter nos budgets. Au final, le coût total s'avère 10 à 15 % moins cher que l'hôtel. » Autre avantage de taille : « Nous n'avons pas de contrainte minimum de durée de séjour pour bénéficier de tarifs négociés auprès de certains prestataires, à l'instar de Citadines. »
Crédit Agricole SA
ACTIVITE
Banque
PRODUIT NET BANCAIRE 2009
7,942 milliards d'euros
EFFECTIF TOTAL
41 500 salariés
VOLUME D'ACHATS 2009
5 milliards d'euros
EFFECTIF ACHATS
100 collaborateurs