Les directions achats des grands groupes sur le banc des accusés
Sébastien de Boisfleury, rédacteur en chef
Le premier rapport d'activité du «Pacte PME», qui a pour ambition de promouvoir les relations entre les grands comptes et les PME innovantes, révèle que les petites entreprises ne représentent «que» 23 % des achats des grands groupes. Une proportion jugée «plutôt faible» par Michel Guilbaud, directeur général délégué d'Oséo, établissement financier partenaire du fameux pacte.
Et encore, il semblerait que la réalité soit en dessous du chiffre avancé, puisqu'un certain nombre de grandes entreprises (Alstom, Arkema, EDF, Siemens, pour ne citer qu'elles), pourtant signataires du «Pacte PME», ont refusé de divulguer la proportion des petites entreprises dans leurs achats, afin d'éviter un manque de cohérence entre leurs engagements - à travers le «Pacte PME» - et la réalité.
Qui plus est, le doute s'installe, y compris pour les meilleurs élèves, à l'image de Renault Reginnov: la part des PME dans le volume d'achats de cette entité de la direction de la recherche de Renault est de 46 %, soit un montant annuel de «seulement» 5 millions d'euros.
Les grandes entreprises peuvent-elles se passer des PME? Assurément, non. Ces dernières représentent un vivier à ne pas négliger. Sur le banc des accusés: les directions achats. Il est vrai que la plupart des politiques de réduction des coûts passent par la réduction du panel fournisseurs.
Est-ce à dire que les directeurs achats de ces grandes entreprises sont hostiles aux PME? On ne peut le croire. D'ailleurs, les «trophées fournisseurs», désormais organisés par la plupart des grands comptes, récompensent presque toujours des petites PME jugées innovantes. Microsoft (avec 31 % du montant de ses achats) et Schneider Electric (30 %) prouvent également qu'une grande entreprise peut réserver plus d'un quart de ses achats aux PME.
Toutefois, il ne faut pas voir que les intérêts des petites entreprises. Il est logique que les directions achats sélectionnent les PME les plus performantes, sans s'imposer nécessairement des planchers statistiques purement théoriques dans leurs panels fournisseurs. Il en va aussi de la survie, à long terme, de ces grandes entreprises.