La vidéosurveillance au coeur des achats de sécurité
Depuis quelques années, le marché de la vidéosurveillance est en pleine croissance. Face à une multitude de prestataires et d'offres, comment faire le bon choix? Marche à suivre.
Je m'abonneA l'heure où le gouvernement a prévu d'installer plus de 30 000 caméras de vidéosurveillance dans les lieux publics d'ici à 2010, les entreprises françaises ont aussi recours à ce dispositif pour contrôler les entrées et sorties de leurs bâtiments, surveiller leurs stocks et leurs locaux, mais également prévenir les incendies et les accidents. Un marché de la vidéosurveillance qui connaît une croissance exponentielle en France comme en Europe où, selon IMS Research, le chiffre d'affaires du secteur est passé de 645 millions d'euros en 2003 à un milliard en 2008. Les prestataires et les offres se multiplient, compliquant un peu plus l'achat de prestations de sécurité dans les entreprises.
Avant de lancer son appel d'offres pour une prestation de vidéosurveillance, le donneur d'ordres doit clairement formaliser sa problématique de sûreté dans son cahier des charges: la nature et le nombre de lieux à surveiller (entrepôts, hall d'accueil...), les moyens de protection existants qu'ils soient techniques ou humains (maîtres-chiens...), les biens et personnes à protéger, les types d'équipement (caméra sur IP ou analogique). Le cahier des charges doit être fonctionnel afin que les prestataires présentent des solutions cohérentes et évolutives, qui répondront à la problématique de l'acheteur.
Xavier Jibidar, Jaicost
«Lors de la consultation, une visite du site de l'entreprise par les prestataires est impérative.»
Interview
«Les employés et les visiteurs doivent être informés de l'existence du dispositif et des destinataires des images»
Laurent Lim, chargé de mission au sein du service des affaires juridiques de la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil), revient sur les dispositions à prendre en compte lors de l'installation d'un système de vidéosurveillance sur le lieu de travail.
Quelles dispositions la loi prévoit-elle en matière de vidéosurveillance sur le lieu de travail?
Le régime juridique (loi informatique et libertés du 6 janvier 1978 modifiée en 2004 et article 10 de la loi du 21 janvier 1995) est clair dans deux cas. D'une part, seule une autorisation préfectorale est demandée quand le dispositif de vidéosurveillance est installé dans un lieu du secteur public ou privé, où le public peut accéder (hall d'accueil...). D'autre part, une déclaration auprès de la Cnil est nécessaire lorsque le dispositif est un système de vidéosurveillance numérique installé dans un lieu non ouvert au public (parking réservé au personnel d'une société, chaîne de montage d'une entreprise automobile...) et qu'il stocke des images sur support numérique. Dans ce cas, l'entreprise peut directement effectuer une télédéclaration sur le site de la Cnil (www.cnil.fr) ou télécharger le formulaire adéquat. Le fait de ne pas accomplir ces formalités est puni d'une peine de cinq ans d'emprisonnement et de 300 000 euros d'amende en application de l'article 226-16 du code pénal.
Quels principes doivent être respectés par une entreprise qui veut mettre en place un dispositif de vidéosurveillance?
Une réflexion préalable à cette installation doit être menée au sein de l'entreprise. Pour ce faire, il faut considérer le nombre de caméras, leur emplacement, leurs fonctionnalités et périodes de fonctionnement, ou la nature des tâches des personnes devant être soumises à la vidéosurveillance. En effet, l'installation d'un tel dispositif est susceptible de présenter un caractère illégal dans les vestiaires, douches, toilettes, à l'insu des employés ou de façon non visible (caméra miniaturisée), ou encore dans un local syndical.
Lorsqu'une société installe un système de vidéosurveillance, est-elle tenue d'en informer son personnel?
Les personnes concernées - employés et visiteurs - doivent être informées, au moyen d'un panneau affiché de façon visible dans les locaux sous vidéosurveillance, de l'existence du dispositif et des destinataires des images. Il est indispensable également qu'elles connaissent les modalités d'exercice de leur droit d'accès aux enregistrements visuels les concernant. Mieux vaut également consulter les instances représentatives du personnel avant toute mise en oeuvre d'un système de vidéosurveillance et les informer des fonctionnalités envisagées (article L2323-32 du code du travail, textes relatifs aux trois fonctions publiques, lois n°84-16 du 11 janvier 1984, n°84-53 du 26 janvier 1984 et n°86-33 du 9 janvier 1986).
Quelles sont les personnes habilitées à visionner les images? Celles-ci ont-elles une durée de vie limitée?
Les images enregistrées ne peuvent être visionnées que par les seules personnes habilitées à cet effet, dans le cadre de leurs fonctions, comme le responsable de la sécurité, le dirigeant de l'entreprise ou son directeur des ressources humaines. Elles ne devraient pas être conservées plus de quelques jours. En effet, en cas d'incident, la visualisation des images s'effectue en général rapidement. Leur durée de conservation ne doit pas, en tout état de cause, s'étendre au-delà d'un mois.
La Cnil
ACTIVITE
La Commission nationale de l'informatique et des libertés est l'autorité administrative indépendante chargée de veiller à la protection des données à caractère personnel et de la vie privée.
ANNEE DE CREATION
1978
La révolution des caméras sur IP
Le marché a connu une véritable révolution avec l'arrivée de l'IP. En effet, les solutions de vidéosurveillance sur IP ont représenté la moitié des ventes en matière de vidéosurveillance en Europe l'an dernier, selon IMS Research. Cette technologie offre la possibilité de créer des flux de données vidéo numérisées. Celles-ci sont transférées sur le réseau IP câblé (comme pour l'analogique) ou sans fil (wi-fi ou wimax) de l'entreprise. De cette façon, le contrôle et l'enregistrement vidéo sur toute la zone couverte par le réseau sont assurés, ainsi que le recoupement avec d'autres types de systèmes, tels que les dispositifs de contrôle d'accès. Autre avantage de la vidéosurveillance sur IP mis en avant par les prestataires et les fabricants: la capacité élevée de stockage des images. En effet, il est possible de conserver sur une même unité les images de 120 caméras pendant la durée légale de 30 jours, avance la société Sphinx Vision spécialisée dans ce secteur. Mais ces technologies sont avant tout un investissement. Un dispositif de vidéosurveillance sur IP coûte de 30 à 50% plus cher qu'un appareil analogique, notamment en raison des fonctions inédites dont il dispose. Une caméra sur IP peut comptabiliser les entrées et sorties dans l'entreprise, déterminer la cadence de prise de vues, choisir la résolution pour envoyer les données vidéo suivant les besoins, etc. «Une caméra positionnée à l'intérieur d'un lieu comme le hall d'un hôtel coûte environ 500 euros HT contre 1500 euros HT lorsqu'elle est placée à l'extérieur pour surveiller, par exemple, les entrées et les sorties du parking d'une entreprise», souligne Philippe Bénard, ingénieur avant-vente chez Axis communications.
Philippe Bénard, Axis Communications
«Une caméra positionnée à l'intérieur d'un lieu coûte environ 500 euros HT.»
Sélectionner quatre ou cinq prestataires
L'analyse du besoin, établie dans le cahier des charges, permet ainsi d'orienter la constitution du panel fournisseurs, étape-clé pour ce type de prestation. Vient ensuite la phase de l'appel d'offres. Bien qu'il existe de nombreux prestataires sur le marché de la vidéosurveillance, il est préférable de choisir un fournisseur certifié Apsad P3 par le Centre national de prévention et de protection (CNPP). «Cette certification distingue les professionnels qui, par leurs compétences, moyens et organisation, garantissent la qualité des prestations notamment contre l'intrusion, la malveillance et les incendies», explique Xavier Jibidar, directeur de Jaicost, cabinet de conseil spécialisé dans les achats. Lors de la consultation, mieux vaut présélectionner entre quatre et cinq prestataires. «Une visite des sites de l'entreprise par les candidats retenus est impérative, précise Xavier Jibidar (Jaicost). Ce préalable offre aux soumissionnaires la possibilité de présenter une analyse des risques mais aussi d'intégrer dans leur réponse à la consultation lespréconisations techniques et/ou humaines permettant de maîtriser les points critiques, par exemple, une porte d'entrée avec une serrure d'un point.»
Dernier élément à prendre en compte lors du choix final du prestataire: son niveau d'expertise sur le plan technique. Pour mesurer ce critère, le donneur d'ordres établit une grille de cotation permettant de distinguer les aspects technologiques des solutions proposées par chacun. Plusieurs éléments doivent donc être pris en compte: les matériels nécessaires à la réalisation de la prestation, la fiabilité des modes de transmission (analogique ou IP) des informations au poste de contrôle vidéo ou encore les modalités de traitement des images par le prestataire. Ces critères sont alors pondérés en fonction du coût de la prestation et du niveau de prévention des risques souhaité par l'entreprise.
Expérience
Sapec sécurise ses sites de production grâce à la vidéo sur IP
Sapec, spécialiste du traitement des métaux zingués pour l'industrie automobile, souhaite renforcer, en 2009, sa solution de vidéo sur IP fournie par Axis Communications. L'ajout de huit nouvelles caméras réseau va permettre d'assurer une surveillance totale de ses sites de production. En effet, dès 2007, Sapec a opté pour un système de vidéosurveillance qui lui permet, d'une part, de limiter les risques de vol et d'espionnage industriel sur ses trois sites de production et, d'autre part, de réaliser une levée de doute (capacité de voir immédiatement ce qui a déclenché l'alarme) à distance, en temps réel, depuis un PC connecté à Internet. Sapec désirait également contrôler les intrusions et bénéficier d'une fonction d'enregistrement continu capable d'effectuer une recherche rapide d'images lors d'un événement douteux ou suspect. «Nos unités de production intègrent les dernières technologies de pointe. Pour garder cette cohérence, nous avons choisi ce qu'il y avait de mieux sur le plan technologique: une solution de vidéosurveillance sur IP opérationnelle de jour comme de nuit», explique Bertrand Papon, directeur général de Sapec.
Sur le plan financier, l'investissement s'est élevé à près de 35 000 euros HT. «Ce montant a largement été amorti car, à la suite d'une effraction, avant l'installation du système de vidéo sur IP, Sapec avait subi 45000 euros HT de pertes en une nuit», souligne le directeur général. Au total, ce sont près de 20 caméras de vidéo sur IP qui ont été déployées sur les trois sites de production de Sapec. Une caméra réseau Axis 207 a notamment été installée à l'accueil de la société pour surveiller le hall d'accueil et contrôler les entrées et sorties des employés et visiteurs.
Sapec
ACTIVITE
Spécialiste du traitement des métaux zingués pour l'industrie automobile
CHIFFRES D'AFFAIRES 2008
11,3 millions d'euros
EFFET GLOBAL
100 personnes