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La sobriété des nouveaux bureaux haut de gamme

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Des lignes légères, des plateaux moins imposants, des mélanges de matériaux... le mobilier de bureau haut de gamme se veut plus fonctionnel et moins ostentatoire. Mais son achat reste un symbole fort qui révèle la personnalité du dirigeant.

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Avec ses placages en chêne, la gamme Anagram de Macé, dessinée par le designer Didier Gomez, rappelle le mobilier de l'habitat.

Avec ses placages en chêne, la gamme Anagram de Macé, dessinée par le designer Didier Gomez, rappelle le mobilier de l'habitat.

Exit le style ministre, avec son mobilier imposant en bois massif, pour équiper les bureaux des cadres dirigeants de l'entreprise. L'heure est au design épuré, aux lignes plus légères. Un constat que partage l'ensemble des fabricants de mobilier de bureau haut de gamme. «Avant, la tendance était aux produits lourds en bois sombre, imposants et ostentatoires, remarque Daniel Linguanotto, dirigeant de la société Macé spécialisée dans la fabrication de mobilier à base d'ébénisterie. L'évolution du mobilier de bureau haut de gamme va de pair avec celle psychologique et sociologique des dirigeants. Ces derniers entendent pour la plupart effacer les représentations des niveaux hiérarchiques dans l'entreprise.»

Autres tendances: le partage de l'espace et le nomadisme. «Il y a encore dix ans, les managers restaient dans leur bureau, fermé la plupart du temps. Mais aujourd'hui, ils ont une activité de plus en plus nomade et deviennent mobiles, grâce aux nouveaux outils informatiques, fait remarquer Serge Gaichies, directeur marketing du fabricant de mobilier professionnel Samas France. Du coup, les espaces de management ne sont plus dédiés à une seule personne, mais à une tâche partagée entre différents collaborateurs. On parle alors d'espace de direction et non plus de bureau de direction.»

Les niveaux hiérarchiques se font moins visibles

Face a ce phénomène, ou I empreinte des managers et les niveaux hiérarchiques semblent devenus moins visibles dans le mobilier, il n'est pas rare de constater qu'aujourd'hui, les entreprises ne possèdent plus que deux strates de mobilier contre quatre ou cinq auparavant. C'est le cas du laboratoire Fresenius Kabi qui, pour son nouveau siège social situé avenue Kléber, à Paris, a choisi un environnement en bois clair pour l'ensemble de ses collaborateurs. «A l'étage de la direction, nous avons souhaité que le mobilier de tous les collaborateurs soit homogène et conçu dans la même veine, explique Edwige Mançon, assistante des services généraux de Fresenius Kabi. Seuls quelques détails de finition changent pour les managers, comme par exemple les pieds de bureau en aluminium.»

Face au phénomène de partage des espaces, le mobilier de bureau haut de gamme doit être polyvalent et s'adapter à différentes situations: travail individuel, en petite équipe, réunions en plus grand comité, etc. Moins statutaire, l'ensemble du mobilier des managers s'avère également plus léger avec des plateaux moins épais, alors que le bois massif dominait auparavant. La légèreté des plateaux s'explique en partie par l'arrivée des écrans plats et le développement des technologies sans fil. «Nous réfléchissons, certes, à des postes de travail intégrant les nouvelles technologies, mais celles-ci doivent se faire discrètes, presque invisibles», confie Marine Edelmann, chef de produit chez Haworth France. Les formes des bureaux haut de gamme ont aussi évolué. Alors que les courbes étaient autrefois appréciées, c'est au tour des formes rectangulaires ou carrées d'être plébiscitées. «La tendance est aux formes géométriques simples et minimalistes, plus faciles à intégrer dans les espaces et à partager entre les différents collaborateurs», précise Philippe Redon, gérant de Axxis, société spécialisée dans l'aménagement de bureau.

Les éléments de rangement sont aussi de plus en plus mobiles, à l'instar des caissons à roulettes, et se font plus discrets. «Les armoires sont nettement plus sobres, avec moins de poignées, et des formes et matériaux proches de l'habitat», constate Benoît Delmaire, dirigeant de Design by, spécialiste de l'aménagement. Les couleurs claires s'imposent avec souvent un mélange des matériaux (bois, verre, métal). On note également l'arrivée, sur le marché du mobilier de bureau haut de gamme, de produits en matériaux éco-conçus - c'est-à-dire fabriqués écologiquement - comme la fibre de coco ou de bambou. «L'aspect environnemental prend de l'importance, et les managers sont, par conséquent, de plus en plus soucieux de la provenance des bois utilisés dans la fabrication du mobilier», affirme Marine Edelmann (Haworth). Quant aux sièges de bureau, ils ont délaissé leur aspect imposant et cossu pour devenir plus ergonomiques et techniques (avec une synchronisation de l'assise et du dossier par exemple). «Comme dans l'habitat, la notion de confort devient essentielle, insiste Catherine Balthazard, responsable marketing produit chez le distributeur Forum. Ainsi, les bureaux des managers accueillent de plus en plus souvent des espaces d'accueil intégrant du mobilier proche de celui de l'habitat, comme des tables basses et des canapés»

Un achat qui reste affectif

Si la tendance est à une homogénéisation du mobilier de bureau à tous les niveaux hiérarchiques de l'entreprise, l'acquisition de meubles reste tout de même, pour une grande partie des dirigeants, une affaire personnelle. «Le bureau de direction reste un achat affectif, note Catherine Balthazard. il ne faut pas se leurrer, en France, le bureau demeure le reflet de la personnalité du dirigeant et de sa façon de travailler avec ses collaborateurs.» Dans ce contexte, l'acquisition d'un bureau est souvent liée à un coup de coeur, à l'instar de meubles pour l'habitat. Et quand il n'est pas le miroir du dirigeant, l'espace de bureau est souvent le reflet de l'entreprise elle-même (son secteur d'activité, ses valeurs, sa culture...). «Le mobilier se révèle souvent différent selon le secteur d'activité: de l'ébénisterie traditionnelle dans le secteur bancaire, du mobilier moderne et design dans la communication, des meubles à consonance technologiques dans l'industrie, etc.», précise Marine Edelmann. Et Serge Gaichies d'ajouter: «Les dirigeants ont compris que le bureau est devenu un vecteur de communication fort.» Ce qui explique sans doute que les designers s'intéressent désormais à ce marché.

Le service achats n'est donc pas forcément consulté, ce qui est, au demeurant, une erreur. Le carnet d'adresses de l'acheteur peut s'avérer utile, de même que ses talents de négociateur pour obtenir un meilleur prix ou des meubles supplémentaires, par exemple un caisson ou un nouveau siège de bureau. Si l'entreprise renouvelle les bureaux de toute son équipe dirigeante, la mutualisation des achats est aussi un levier d'économies évident. Dans les grands comptes, les bureaux de direction sont référencés au même titre que le mobilier classique, avec des prix négociés par les directions achats dont l'intervention est considérée comme tout à fait légitime.

Qu'il soit perçu comme un achat personnel ou un outil de communication de l'entreprise, le bureau fait aujourd'hui l'objet d'attentes très spécifiques de la part des dirigeants, lesquels font parfois primer le design sur le prix. Par conséquent, le coût de cet équipement (bureau, rangement et siège) oscille entre 4500 et 15 000 Euros HT. Parfois, le prix du seul bureau peut même s'élever à 9 000 voire 10000 Euros HT. Moins imposant et moins ostentatoire, le bureau de direction reste tout de même celui du directeur!

Serge Samas France

«Les dirigeants ont compris que le bureau est devenu un véritable vecteur de communication.»

 
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Sophie Sanchez

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