La performance économique, nouveau credo du ministère de la Défense
Le Mindef a détaillé son dispositif achats pluriannuel destiné à atteindre ses objectifs de réduction de coûts. Pour 2009, les premiers résultats sont positifs. Le ministère planche actuellement sur les stratégies de long terme, englobant les ressources humaines.
Je m'abonneProfessionnaliser les achats et instiller une culture de la performance économique pour atteindre les objectifs de réduction de coûts. Voilà les thématiques qui ont été développées au cours de la première convention achats organisée par le ministère de la Défense, début mars, à Paris, en présence de 500 acheteurs venus de toute la France. Une démarche qui s'inscrit dans le cadre de la Révision générale des politiques publiques (RGPP), la grande réforme de l'Etat, lancée à la fin 2007. Cette dernière fixe au Mindef un objectif de gains de 5 à 10%, d'ici à 2015, sur un périmètre d'achats courants (hors armement) de 4 milliards d'euros. Pour donner tout leur sens à ces objectifs, le secrétaire général pour l'Administration Christian Piotre a rappelé que «les ressources dégagées seront réallouées sur le coeur de métier de la Défense, notamment l'équipement des armées». De son côté, Jean Bouverot, le chef de la mission achats du Mindef, a insisté sur le fait que le maintien de la qualité demeurait une préoccupation majeure, même en temps d'économies. «En créant un dialogue plus systématique entre acheteurs, prescripteurs et utilisateurs, le juste besoin sera défini et nous éviterons la surqualité», a-t-il indiqué.
Pour atteindre ses objectifs, la mission achats a établi une feuille de route comportant deux grandes étapes. La première consiste à réaliser des gains immédiats sur des contrats «à enjeux économiques» (plus d'un million d'euros), mais sans impact sur l'organisation du ministère: fournitures de bureau, impression... Quarante-deux marchés, d'un montant total de 1,3 milliard d'euros, ont été identifiés pour 2009. De plus, 60 millions d'euros de gains pluriannuels doivent être réalisés sur ces marchés en travaillant, notamment sur la redéfinition du besoin et la contractualisation avec les fournisseurs. Les premiers résultats valident la méthode: «Pour 2009, nous avons identifié des économies de l'ordre de 15,9 millions d'euros, soit le triple de l'objectif fixé par la RGPP», a annoncé Jean Bouverot.
Jean Bouverot (Mindef): «Nous devons créer un dialogue plus systématique avec les prescripteurs et les utilisateurs pour éviter la surqualité.»
Parcours professionnel dans les achats
La seconde étape consiste à définir des stratégies d'achats sur les grands segments (téléphonie, abonnements, électricité, gaz, etc.) «afin d'acheter mieux, pour un service comparable, à moindre coût» a ssure le chef de la mission achats du Ministère de la Défense. Une méthodologie en six étapes est d'ores et déjà définie: travailler sur le besoin, capitaliser sur les meilleures pratiques, fixer les orientations dans le cahier des charges, exploiter le «marketing achats» (connaissance pointue des marchés fournisseurs...), formuler les leviers d'optimisation pertinents au cas par cas (enchères inversées, massification, etc.) et, enfin, définir le plan de mise en oeuvre (calendrier et indicateurs de suivi de performance). La traduction comptable de l'ensemble de ces économies devrait être facilitée par la mise en place de Chorus, le système d'informations budgétaro-comptable de l'Etat, en 2010. Pour réaliser l'ensemble de ce plan ambitieux, la mission achats délivre progressivement toute une palette d'outils: guide méthodologique de l'achat, charte de déontologie afin de maîtriser les risques (juridiques, pénaux...), plan de formation et mise en place d'un parcours professionnel valorisant, notamment d'un point de vue salarial, dans les achats.