La LLD gagne peu à peu les deux-roues
Les deux-roues occupent une place croissante dans les entreprises. Les offres de financement se multiplient et la location longue durée s'étend désormais à ce type de véhicules. Avec un obstacle, néanmoins: la sécurité.
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Les deux-roues ont le vent en poupe. Même si, avec 237 695 immatriculations sur le marché français selon les constructeurs, l'année 2008 affiche une baisse de 0,5% par rapport à l'année record de 2007 en raison de la crise économique, ce chiffre dépasse néanmoins celui des années précédentes. En effet, en 2006, les 229 364 ventes de deux-roues dépassaient déjà de près de 17% le niveau de 2005.
Philippe Haziza, Elat
«Le deux-roues séduit de plus en plus d'entreprises, qui estiment que ce mode de transport est complémentaire de la voiture.»
Face à l'intérêt croissant des Français pour ce mode de transport, les prestataires ont multiplié les offres de financement pour les entreprises. Depuis plus d'un an, les deux-roues sont désormais accessibles en location longue durée (LLD). Une solution qui s'ajoute à la location avec option d'achats (LOA), proposée depuis quelques années. Les 125 cm3 s'imposent comme les produits les plus demandés. Elat, loueur automobile, reste le précurseur en la matière: son off re de LLD a été lancée lors du Mondial de l'automobile de Paris à l'automne 2007. Il dispose d'un parc de près de 70 véhicules et vise sur tout les entreprise s, notamment les PME qui représentent 90% de sa clientèle. En 2008, 2R Fleet Services, dédiée à la LLD et à la gestion de flottes de scooters et de motos, s'est lancée sur ce marché. Forte d'un parc de 150 deux-roues, elle a enregistré, en un an, une croissance de plus de 30%.
Les raisons de cet engouement? «Le loyer des deux-roues, de par l'absence de taxe CO
Une facture mensuelle unique
L'offre de location de deux-roues en longue durée repose sur le même principe que la location automobile. De l'étude menée en amont jusqu'à la fin du contrat caractérisée par la remise du véhicule, le loueur s'occupe de tout. L'entreprise verse alors tous les mois le loyer correspondant au prix d'achat, auquel la valeur résiduelle estimée du véhicule en fin de contrat est retirée. Ce loyer dépend, d'une part, du véhicule choisi et, d'autre part, des services que la société souhaite y associer: assurance, entretien, pneumatique, carte carburant, véhicule de remplacement, etc. L'intérêt de ce mode financement se situe au niveau de la facturation mensuelle unique, car il englobe l'ensemble des prestations annexes. Le contrat moyen, chez Fast Lease, porte sur 12 000 km sur deux ans. Chez 2R Fleet Services, l'offre s'étend de 12 à 60 mois, et de 1 000 à 100 000 km. «L'estimation du kilométrage moyen par les clients manque de précision. C'est pourquoi le contrat est réajustable afin d'offrir aux entreprises davantage de flexibilité», assure Nicolas Voog (2R Fleet Services). Et si le principe est le même que pour l'automobile, l'offre deux-roues connaît néanmoins des spécificités. Chez 2R Fleet Services, par exemple, l'assistance couvre également la crevaison. De même, le deux-roues, quelle que soit sa cylindrée, nécessite un entretien plus fréquent qu'une voiture: tous les 5 000 km, en moyenne. Pour faciliter les rapports entre les utilisateurs et les réparateurs, 2R Fleet Services a, par exemple, fait le choix d'acheter ses véhicules auprès de concessionnaires situés à proximité des entreprises de ses clients.
Toutefois, la mise à disposition de scooters ou de motos aux collaborateurs se heurte à un obstacle de taille: la sécurité. «Beaucoup d'entreprises n'adoptent pas le deux-roues pour cette raison», souligne Philippe Haziza (Elat). Si aucune solution miracle n'existe, les propositions pour limiter ce risque ne manquent pas. Ainsi, le responsable de l'offre chez Elat préconise la création d'un permis deux-roues, dans la mesure où «seul un conducteur de scooter sur quatre est titulaire d'un permis A (moto)». Un premier pas a été franchi, le 1er janvier dernier, avec l'obligation pour les détenteurs du permis B (auto) de suivre trois heures de formation pour la conduite d'un 125 cm3.
Regards croisés
Contre
«La conduite des deux-roues est trop risquée.»
Serge Bacchus, Travel Manager, Unisys
Chez Unisys, la location longue durée est de mise pour le parc automobile, qui représente près de 350 véhicules classés en cinq catégories. En 2006, Serge Bacchus, travel manager, s'est penché sur l'éventualité de faire bénéficier les collaborateurs parisiens de deux-roues. «Cette solution aurait pu être une excellente alternative à l'automobile et avantager un certain nombre de salariés, compte tenu du gain de temps et de productivité que pouvaient engendrer les scooters dans la ville», explique le travel manager. Mais face à des risques de sécurité jugés trop élevés, la direction générale de l'entreprise s'est finalement opposée à ce projet. «Cette décision se comprend, poursuit Serge Bacchus. Malgré l'évolution des produits en termes de sécurité et de fiabilité, les risques auxquels un conducteur de deux-roues s'expose restent bien plus élevés qu'en voiture. Du coup, il était trop dangereux de mettre des scooters à disposition de nos collaborateurs. Car leur sécurité passe avant tout», conclut-il.
Pour
«Un moyen de locomotion pratique et économique.»
Nicolas Payre, p-dg de NP Gestion
Chaque jour, les huit techniciens de la société NP Gestion sillonnent les rues de Grenoble et de sa proche banlieue au guidon de leur scooter de fonction. En effet, cette société de maintenance informatique a passé un contrat de location longue durée avec 2R Fleet Service, un prestataire spécialisé sur ce marché. Une démarche originale que ne regrette pas Nicolas Payre, p-dg de l'entreprise. «Auparavant, nos techniciens perdaient beaucoup de temps dans les embouteillages. Désormais, ils interviennent chez nos clients plus rapidement.» Un avantage commercial, mais pas seulement. En optant pour des deux-roues, l'entreprise ne paye plus la TVS. Le loyer - 250 euros par mois et par scooter - est également moins cher que celui d'un véhicule d'entreprise traditionnel. «Nous avons réalisé plus de 60% d'économies!» Le contrat comprend aussi l'entretien, le dépannage ou encore l'assurance. Et les risques liés à la sécurité routière n'ont pas fait reculer le dirigeant. «Nous avons proposé des formations à nos collaborateurs pour prévenir les risques d'accidents. Aujourd'hui, tout le monde est satisfait.»