L'irrésistible ascension des petits utilitaires
Malgré un marché automobile plutôt morose, les véhicules utilitaires légers parviennent à tirer leur épingle du jeu. Parmi eux, les «petits volumes», dont la capacité de chargement avoisine les 3 m3, connaissent le plus grand succès. Leur caractère utilitaire répond aux attentes d'une multitude d'utilisateurs dans les entreprises.
Je m'abonneEn 2006, le marché des véhicules utilitaires légers (VUL) de moins de 3,5t s'est établi à 440 035 immatriculations, soit une hausse de 4,8 % en données brutes et de 5,6 % en données comparées par rapport à l'exercice 2005. «II s'agit du meilleur résultat observé en France sur le marché des VUL», analyse l'Observatoire du véhicule industriel (OVI). Les porte-drapeaux de cette catégorie, dominée par les constructeurs français, sont les petits utilitaires, parmi lesquels figurent le Renault Kangoo, le Citroën Berlingo et le Peugeot Partner. Mais la concurrence étrangère, longtemps inexistante, rattrape progressivement son retard et grappille quelques parts de marché (31 ,5 % en 2006 contre 29,3 % en 2005). Une nouvelle vague, symbolisée par le Fiat Doblo, le Volkswagen Caddy ou encore le Ford Transit Connect, donne à réfléchir sur le principe d'attachement aux marques hexagonales.
Apparus dans la seconde moitié des années 90, les petits utilitaires ont depuis considérablement évolué. Les déclinaisons «entreprises» ont notamment bénéficié de la montée en gamme des versions «ludospaces» ou familiales, que ce soit en matière de confort, de sécurité ou d'équipements. Les VUL sont également plus spacieux que les véhicules particuliers déclinés en version utilitaire, type Renault Clio, Peugeot 207 ou encore Citroën C3, et naturellement plus maniables, en milieu urbain, que les gros volumes. Ainsi, les petits utilitaires ont trouvé leur place dans les flottes d'entreprises.
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Logan Van, petit prix pour gros volume
Alors que son arrivée sur le marche français n'est prévue que pour la fin de l'année, la version utilitaire de la Dacia Logan Break, la Logan Van, fait d'ores et déjà des vagues.
Avec ses 2,5 m3 de volume de chargement, ses 800 kg de charge utile, une finition sans fioritures et surtout un prix «low cost» (prix d'appel de 6 700 euros TTC sur le marché roumain), les standards du marché des véhicules utilitaires légers vont être quelque peu bousculés. Les dinosaures que sont le Renault Kangoo, le Citroën Berlingo et le Peugeot Partner n'auront qu'à bien se tenir.
«Destinée aux petits entrepreneurs, artisans et commerçants, ainsi qu'aux petites et moyennes flottes», selon Renault, la Logan Van devrait connaître un succès à la hauteur des versions berline et break. Mais à l'instar de ces deux dernières, la sophistication ne sera pas sa caractéristique. Pas-de-porte coulissante au programme et petits moteurs en perspective: deux essence de 1,4 I et 1,6 I de respectivement 75 et 90 ch, et le classique mais poussif 1,5 dCi de 70 ch, commun à toute la gamme Dacia. Le prix sera la clé du succès de ce véhicule mais, il ne faut pas se leurrer, le confort, la qualité et la sécurité ont aussi le leur...
Parent pauvre de la sécurité
Si les récents utilitaires présentent des conditions de confort et de sécurité acceptables, cela n'a pas toujours été le cas. Certes, aujourd'hui, il semble évident qu'un collaborateur utilisant, cinq jours sur sept, un véhicule utilitaire d'entreprise bénéficie d'un niveau d'équipement équivalent à celui d'une voiture de tourisme. Néanmoins, une enquête de la Cnamts (Caisse nationale d'assurance-maladie des travailleurs salariés) sur les VUL met en évidence que seules la moitié des entreprises possédant une flotte de véhicules utilitaires ont effectivement intégré le risque routier dans leur document unique d'évaluation des risques professionnels. Un constat inquiétant qui montre à quel point la sensibilisation a encore du chemin à faire. Les entreprises et les constructeurs automobiles en prennent progressivement conscience, mais cette préoccupation est nouvelle et le renouvellement des parcs automobiles prend généralement plusieurs années...
Gilles Evrard, directeur des risques professionnels de la Cnamts, le confirme dans le Livre Blanc du Comité de pilotage pour la prévention du risque routier professionnel, dont il est le président. «Au sein du parc des véhicules d'entreprise, la sécurité intrinsèque des VUL est nettement inférieure à celle des véhicules particuliers», assène ce dernier. Et de préciser que «les modèles les plus récents proposés par un certain nombre de constructeurs nous amènent à penser que la situation va s'améliorer. Mais ce qui peut poser problème, c'est la vitesse de diffusion de ces nouveaux modèles. D'autant que, dans les entreprises, il peut y avoir un écart important entre le point de vue des acheteurs, qui cherchent les prix les plus bas et celui des utilisateurs, qui souhaitent une amélioration sensible de la sécurité.» Heureusement, même les premiers prix sont désormais commercialisés, en série, avec un équipement de sécurité minimum. Naturellement, les options existent et pour quelques centaines d'euros supplémentaires, certains véhicules peuvent en bénéficier. Ainsi, le Peugeot Partner Evolution 2006 (à partir de 12 950 euros HT selon les finitions), dispose de l'ABS (300 euros), de l'airbag passager (130 euros), d'un régulateur/ limiteur de vitesse (210 euros) et d'une aide au stationnement (250 euros). Renault, avec son tout récent Kangoo Express Génération 2007 (à partir de 12 350 euros HT), ne propose pas grand- chose de plus: un airbag passager (150 euros), un pack ABS/AFU (400 euros), un régulateur de vitesse (130 euros)... Autre référence du marché, le Citroën Berlingo (à partir de 13 149 euros HT) dispose en série de l'ABS et en option de l'airbag passager (130 euros), de l'aide au stationnement (250 euros) ou encore de suspensions spéciales (110 euros).
La concurrence ne fait pas vraiment mieux que les constructeurs hexagonaux, mis à part Volkswagen et Opel qui proposent l'ABS en série pour le Caddy (à partir de 13 500 euros HT) et le Combo (à partir de 12 860 euros HT). Un constat qui démontre que le chemin est encore long pour que ces véhicules soient équipés de l'ABS, de l'airbag passager, du témoin de surcharge ou encore de l'ESP de série. En attendant, les acheteurs, s'ils veulent garantir un niveau de sécurité acceptable, doivent mettre la main à la poche.
Un volume de chargement autour de 3 m3
Mais la sécurité ne fait pas tout dans le choix d'un véhicule. Outre une ligne originale, les petits utilitaires ont surtout une capacité de chargement (voisine de 3 m3) et une charge utile (allant de 600 à 825 kg) importantes. Ils peuvent bien entendu être aménagés en fonction de l'utilisation souhaitée par leurs utilisateurs. La Cnamts met en garde contre «les aménagements artisanaux réalisés à bas prix et sans réelle étude préalable de la résistance des matériaux.» En matière environnementale, les petits utilitaires émettent aux alentours de 140 g de CO2/km, ce qui reste acceptable dans la mesure où la moyenne nationale, tous véhicules confondus, est de 1 52 g de CO2/km. Ces modèles sont également peu gourmands puisque la consommation en cycle mixte est au pire de 6,4 litres/ 100 km et au mieux de 5,1 l/100 km. Ce qui est plutôt positif dans la mesure où les petits utilitaires prennent la place de gros véhicules dans les centres-villes. Finalement Le tableau n'est pas aussi noir qu'il n'y paraît. Les ventes parlent d'elles- mêmes. Ces véhicules répondent aux attentes du marché. Les efforts sécuritaires devraient bientôt permettre une remise à niveau de la flotte et ainsi faire de ces petits utilitaires légers un outil de travail idéal.