L'hôtellerie d'affaires a digéré la crise
Après deux années marquées par une stabilisation des prix, le marché de l'hôtellerie d'affaires en Europe a enregistré un net rebond en 2011, notamment au second semestre. Explications...
Je m'abonneMalgré une conjoncture économique en berne, l'année 2011 restera un bon cru pour le marché de l'hôtellerie d'affaires en Europe, avec notamment un excellent second semestre. «La crise ne semble pas avoir eu d'effet sur les performances de l'hôtellerie d'affaires en Europe en 2011, confirme Emmanuel Ebray, directeur de HRS France. Nous sommes désormais revenus à des prix moyens équivalents à ceux de 2008, avant la crise. Avec des taux d'occupation très élevés, plus de 80 % dans Paris intramuros, 84 % pour Londres, 70 % pour Bruxelles... »
D'après le baromètre HRS Hotel Price Radar, qui mesure le prix réellement payé par les clients de HRS, les tarifs hôteliers ont en effet globalement augmenté en Europe, avec en fer de lance des pays comme l'Autriche, la Belgique, les Pays-Bas, la Pologne et la France. Le palmarès des villes européennes les plus chères en prix moyen par chambre double reste quant à lui inchangé, avec toujours en pole position Zurich (156 euros, + 13 %) et Moscou (150 euros, + 10 %), suivies d'Oslo (135 euros, + 4,9 %), Londres (134 euros, + 8,5 %), Paris (126 euros, +6,5 %), Copenhague (122 euros, + 3,5 %), Stockholm (121 euros, +5,3 %) Barcelone (110 euros, +6,5 %) et Helsinki (109 euros, + 6,49 %).
A l'inverse, des villes comme Rome (100 euros, -0,75 %) ou Madrid (91 euros, -0,68 %) affichent, quant à elles, des prix à la baisse. Un constat que l'on retrouve aussi dans les baromètres publiés par Hotel.info, «ce qui prouve qu'il y a une corrélation entre les pays touchés de plein fouet par la crise économique et l'évolution des prix hôteliers», constate Romain Delcroix, directeur des ventes France d'Hotel.info. « Cette embellie sur le marché européen doit toutefois être relativisée, complète Yann Barbizet, cofondateur du cabinet Concomitance, car si sur l'ensemble de la zone européenne, les prix moyens à la nuit ont effectivement augmenté de 2 % l'an passé, en Asie-Pacifique, la croissance a été de plus de 9 %, avec des taux d'occupation record. »
Les hôtels Hilton au top
Du côté des chaînes, le prix des voyages d'affaires 2011 organisés par BusinessTraveller.fr donne une indication sur les préférences des voyageurs. En Europe continentale, c'est Hilton Hotels and Resorts qui a été désigné comme la meilleure chaîne hôtelière devant Sofitel, InterContinental et Sheraton. Dans le palmarès des meilleurs hôtels en Europe de l'Ouest, Paris reste plébiscitée, la villelumière trustant les trois premières places avec le Four Seasons George V, le Hilton de l'Arc de Triomphe et l'InterContinental, la quatrième place étant occupée par le Grand Hyatt à Berlin. En Europe de l'Est, c'est Prague qui recueille le plus de suffrages avec son Hilton et son Four Seasons, devant celui de Budat et le JW Marriot de Bucarest. Un classement qui fait la part belle aux établissements de prestige (quatre ou cinq étoiles). Un segment qui ne concerne toutefois que 33 % des réservations effectuées en 2011 sur HRS. com, les trois étoiles représentant 42 % des réservations, les deux étoiles 25 %. «Il y a deux ans, le passage du trois étoiles aux deux étoiles a d'ailleurs été une réponse à la crise, remarque Emmanuel Ebray (HRS France). Aujourd'hui, les entreprises se concentrent sur l'optimisation du budget global et le déploiement de la politique voyages. » Sur ce segment des deux et trois étoiles, les enseignes les plus appréciées en Europe sont Ibis, Campanile, Mercure, Novotel, Holiday Inn et Kyriad. «Mais les chaînes avec des parcs de franchisés importants rencontrent aussi de plus en plus de succès, observe Romain Delcroix (Hotel.info). Par exemple la Société européenne d'hôtellerie, avec sa marque Inter-Hôtel, ou les hôtels Logis de France. Ces groupements fédèrent des établissements indépendants qui apportent plus de variété de choix aux voyageurs d'affaires. »
« L'hôtellerie reste un achat émotionnel »
Côté voyageurs, pas de grands bouleversements en ce qui concerne les attentes. «L'hôtellerie reste un achat émotionnel, note Emmanuel Ebray. La notion de confort ou d'appartenance à une marque demeure très forte. Certains voyageurs ont aussi leurs habitudes et apprécient la qualité de la relation avec l'hôtelier. » La proximité avec le lieu de rendez-vous et la sécurité sont aussi des critères déterminants, comme le confirme Yann Barbizet (Concomitance): «Cela se traduit par une préférence accordée aux hôtels de centre-ville, dans des quartiers sûrs. » Pour le reste, la plupart des établissements offrent aujourd'hui l'accès à Internet en wi-fi gratuitement. « Ce qui fait alors la différence, c'est le restaurant à l'intérieur de lhôtel pour éviter davoir à se déplacer, ou la présence dun parking... », complète Romain Delcroix. Pour se démarquer, les hôtels doivent rivaliser d'imagination afin d'offrir de nouveaux services. «D'une manière générale, il n'y a pas eu de véritables innovations sur le check in et le check out depuis plusieurs années, estime Yann Barbizet. Toutes les innovations apparues récemment tournent autour de la connectivité du voyageur, avec son environnement personnel ou professionnel à toutes les étapes de son déplacement. » Certains établissements ont ainsi développé des applications mobiles pour faciliter la réservation et son suivi. D'autres ont mis en place des services de conciergeries, des salles de réunion et de visioconférence... Romain Delcroix (Hotel.info) observe quant à lui une nouvelle tendance liée aux démarches environnementales engagées par les hôtels. «De plus en plus d é tablissements mettent en avant des labels verts à travers une architecture qui répond à la norme HQE, ou en ne changeant plus les serviettes tous les jours. Reste à savoir si cette tendance se révélera un simple effet de mode ou si, au contraire, elle s'inscrira sur le long terme. », conclut Romain Delcroix.
Jean-Louis Rozain, SNCF
Témoignage
«Nos salariés en déplacements gèrent leur budget librement»
Pour les déplacements professionnels de ses agents en France et en Europe, la SNCF leur attribue un forfait qui intègre le transport, l'hôtel et la restauration. «Chaque agent est libre de gérer son budget comme il le souhaite, précise Jean-Louis Rozain, chef de pôle achats services centralisés prestations à la direction des achats de la SNCF. Nous encourageons toutefois nos agents en déplacement à se rapprocher de notre filiale Orfea, qui peut leur proposer des solutions d'hébergement. Nous diffusons aussi sur l'intranet une liste de 200 hôtels référencés avec qui nous avons signé des accords tarifaires, mais sans engagement de volume.» Une fois que le voyageur a trouvé son bonheur, il peut effectuer sa réservation directement auprès de l'établissement ou passer par une centrale de réservation gérée par HRS. «Là encore, il n'y a aucune obligation, note Jean-Louis Rozain, même si l'on préconise de passer par cette centrale qui facilite le processus de réservation et propose plus de choix à nos agents. HRS peut leur offrir des solutions alternatives lorsque les hôtels référencés sont complets.» Grâce à ce dispositif mis en place il y a trois ans, la direction des achats dispose de données de reporting beaucoup plus précises, qui font d'ailleurs ressortir que le volume de réservation via la centrale ne cesse de progresser chaque année.
SNCF
ACTIVITÉ
Transport ferroviaire de voyageurs et de marchandises
CHIFFRE D'AFFAIRES 2011
32,6 Md euros
VOLUME D'ACHATS 2011
12,135 Md euros
EFFECTIF TOTAL GROUPE
245 000 salariés
EFFECTIF ACHATS
1100 salariés