L'e-learning a le vent en poupe
La formation sur Internet, parfois associée au présentiel, est appréciée pour sa fl exibilité. Face à des modes d'apprentissage qui se diversifi ent, les services achats secondent les DRH pour trouver les bons prestataires.
Je m'abonneEADS, L'Oréal, les Caisses d'Epargne, Vinci Energies... A l'image de ces grands comptes, les entreprises recourent depuis un certain nombre d'années à l'e-learning pour former à distance leurs collaborateurs. Selon le baromètre de l'e-learning réalisé en 2006 par la chambre de commerce et d'industrie de Paris (CCIP), 73% des entreprises utilisaient la formation à distance depuis au moins trois ans. La prochaine édition de ce baromètre, en septembre prochain, pourrait faire apparaître un pourcentage encore plus élevé. «L'e-learning s'est intégré progressivement dans les pl ans de for mation , et plus encore aujourd'hui d ans le cadre du droit individuel à la formation», confirme Pascal Debordes, directeur des solutions e-learning à la Cegos.
Pour 72% des entreprises (source: baromètre CCIP), la fl exibilité est le premier atout de l'e-learning. Pour les grands comptes notamment, la formation à distance permet aussi de former de façon homogène des milliers de collaborateurs répartis sur plusieurs sites. Un avantage cité par 66% des sociétés. L'autonomie, l'indépendance et la responsabilisation des apprenants (61%) ainsi que la gestion et le gain de temps (55%) sont ensuite plébiscités. Pascal El Grably, directeur associé de Crossknowledge, éditeur de solutions d'e-lea rning spécia lisé dans le ma na- gement, identifi e un autre atout, celui du coût. «Pour une entreprise, l'e-learning est dix fois moins onéreux qu'une formation en salle», estime-t-il. Comparée à une formation présentielle, c'est-à-dire entièrement dispensée dans une salle de cours, la formation à distance permet en eff et de réduire les coûts liés à la logistique ou à l'immobilisation des salariés. Le prix d'un module d'e-learning en lui- même n'est d'ailleurs pas très élevé. A la Cegos, un module d'e-learning en «management» ou en «technique de négociation» est ainsi vendu à partir de 36 Euros HT. Quant aux Editions ENI, elles proposent «Média plus», une formation complète sur l'un des logiciels de la suite Microsoft Offi ce pour 48 Euros HT et ce, pendant trois ans.
La mode du blended learning
L'e-learning ne se résume pas à une formation via un ordinateur. Il existe ainsi plusieurs modes d'apprentissage. Selon le baromètre CCIP, la formation mixte, associant l'e-learning et le présentiel, est plébiscitée par 89% des entreprises. Dans le jargon des formateurs, on parle de «blended learning». Cette tendance est confi rmée par une étude menée par la Cegos en 2007 sur la formation professionnelle. Près de 70% des personnes ayant déjà pratiqué l'e-learning estimaient en eff et que les formations mixtes répondaient le mieux à leurs attentes. «Les salariés aiment rencontrer les autres participants, échanger et s'entraîner avec eux, ce que ne permet pas une solution d'e-learning», explique Pascal Debordes (Cegos). Autre avantage: les participants préparent, individuellement et à distance, l'aspect théorique de leur formation, ce qui permet ensuite de composer des groupes avec un niveau homogène. Si le blended learning rencontre un grand succès, l'auto- formation reste le mode d'apprentissage le plus classique de l'e-learning. L'entreprise sélectionne dans un catalogue les modules d'autoformation qui l'intéressent et inscrit ses salariés à des parcours individuels. L'interactivité des séances est assurée via des animations ou des vidéos. Chaque collaborateur se forme à son rythme et ne dépend pas des autres, même si des objectifs peuvent lui être fi xés.
Principal inconvénient: en cas d'incompréhension, le salarié ne peut compter que sur lui-même. Pour remédier à ce problème, tous les prestataires proposent une assistance technique par téléphone. Les formations à distance avec un tuteur en ligne représentent pour leur part un bon compromis entre le blen- ded learning et l'autoformation. Le tuteur fi xe une plage horaire, accompagne le salarié et répond notamment à ses questions par téléphone, e-mail ou webcam. La tendance est aux classes virtuelles: le tuteur dispense une formation à plusieurs personnes connectées sur un même forum.
Pascal Debordes,
Cegos
«La qualité de l'accompagnement pédagogique est le critère de choix essentiel d'un prestataire.»
Des formations «sur étagère» ou spécifiques
En termes de contenus, les formations d'e-learning concernaient surtout la bureautique, les langues et l'informatique au début des années 2000. Aujourd'hui, les en- treprises forment avant tout leurs salariés au développement de leurs compétences métier. La QSE (Qualité, sécurité et environnement), les systèmes d'information et le management sont trois autres domaines d'e-formation très demandés. En eff et, plus de 75% des entreprises ont formé en 2007 leurs salariés dans ces secteurs selon l'étude de Ce- gos. Il existe deux caté gories de formations d'e-learning. D'une part, les contenus «sur étagère», standardisés et développés par les éditeurs. Leurs tarifs varient en fonction du contenu et du nombre d'apprenants.
D'autre part, les modules «sur mesure» développés à partir des attentes spécifi ques de l'entreprise. Une fois le mode d'apprentissage et le type de contenu défi nis, reste à choisir le bon prestataire. «La qualité de l'accompagnement pédagogique est le critère essentiel», estime Pascal Debordes (Cegos). Un rôle qui appartient aux acheteurs dans les entreprises les plus matures en termes de pratiques achats. Dans l'univers des prestations intellectuelles, la formation est d'ailleurs une famille régulièrement couverte par les acheteurs. «Ils négocient de plus en plus le tarif des prestations. Les directeurs des ressources humaines et les responsables formation défi nissent, pour leur part, le contenu pédagogique des modules», témoigne Lydie Pinneau, responsable communication des Editions ENI. A l'instar du groupe Renault (lire encadré p. 45), les achats interviennent aussi en amont, avec la DRH, pour constituer et remettre à jour le panel des prestataires d'e-learning référencés par l'entreprise.
Reportage
La formation chez Renault passe aussi par l'e-learning
Renault recourt à deux dispositifs pour former ses équipes. Les modules d'anglais et de management se déroulent en mode mixte, c'est-à-dire à distance et en présentiel, tandis que ceux concernant les mathématiques, le français et la bureautique s'ef fec tuent plutôt avec un tuteur, via un centre de ressources. Quant à l'e-learning, il occupe une place de choix. Près de 100 000 heures de formation à distance sont ainsi dispensées chaque année à 10 000 collaborateurs. Le constructeur fait appel à différents éditeurs de contenus spécialisés dans la formation, ainsi qu'à des intégrateurs de plateforme d'e-learning. «Pour choisir nos prestataires, nous travaillons en amont avec les acheteurs pour constituer notre panel de fournisseurs», indique Anne Sajus, responsable e-learning au sein de la direction des ressources humaines. Parmi les critères défi nis fi gurent la démarche pédagogique et la maîtrise de la technologie. «Nos salariés à travers le monde doivent pouvoir accéder à toutes les formations en ligne en se connectant à notre plateforme Campus, gérée par l'intégrateur Kacyonet», précise Anne Sajus. Pour des modules standard concernant le management, les langues ou les mathématiques, Renault travaille avec des éditeurs de contenus comme Crossknowledge, i-Progress ou Pa- raschool. Il collabore aussi avec la Cegos, Demos ou Symetrix qui lui fournissent des contenus de formation spécifi ques (fondamentaux métiers, système de conception ou encore sys tème d'information...).
Renault
ACTIVITE
Constructeur automobile
CHIFFRE D'AFFAIRES 2007
40,6 milliards d'euros
EFFECTIF GLOBAL
130 179 collaborateurs
VOLUME D'ACHATS
26,6 milliards d'euros
EFFECTIF ACHATS
2 000 personnes
Total
Décors et vidéos 3D... au total 60 heures d'e-learning à travers 56 études de cas ont été conçues par Demos pour former les vendeurs de Total. Ce dispositif a été élaboré à partir d'une centaine de fi ches outils adaptables au profi l des apprenants et utilisables en autoformation ou en salle.
Crédit Agricole
Demos a élaboré 11 modules de formation spécialisés par métier pour transmettre aux 50 000 collaborateurs du Crédit Agricole les comportements que le groupe souhaite cultiver en matière de déontologie des affaires. Ces modules utilisent des techniques de pédagogie interactive et illustrent sous forme de vidéos des situations quotidiennes en relation avec la déontologie des affaires.
Nissan
Pour le lancement européen en 2007 de la Qashqai de Nissan, Cegos a réalisé pour le constructeur automobile un module e-learning ayant pour objectif de former tous les concessionnaires du réseau européen de la marque aux caractéristiques techniques et commerciales de ce «crossover».