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L'aviation d'affaires en pleine croissance

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Le dynamisme de l'aviation d'affaires témoigne de l'engouement croissant des entreprises pour cette activité, en raison notamment de sa souplesse et de sa réactivité. Une alternative au transport aérien traditionnel ou au rail.

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Le transporteur d'affaires NetJets Europe a commandé pas moins de 20 Falcon 2000LX à Dassault, lors du salon mondial de l'aviation d'affaires Ebace, organisé en mai, à Genève. Un fait marquant pour le secteur, puisque ce contrat de 720 millions de dollars s'ajoute aux dix exemplaires déjà vendus en 2007, portant le montant total de la facture à un milliard de dollars. Dernier-né de l'aviateur, le Falcon 2000LX est capable de parcourir 7 500 km à 900 km/h.

A l'image de NetJets, l'aviation d'affaires est en plein essor. La crise que subit de plein fouet l'industrie aéronautique, en raison notamment de la hausse du prix du pétrole, semble épargner le secteur du transport à la demande. En témoigne le nombre croissant de mouvements enregistrés sur la plateforme parisienne dédiée du Bourget, où sont basés la majorité des exploitants d'avion-taxi en France comme Unijet, Darta ou Dassault Falcon Service. En cinq ans, le nombre de mouvements (décollages ou atterrissages) annuels est passé de 54 000 à 60 800. «Après une reprise, début 2004, la croissance du trafic s'est établie à 9,4% entre 2006 et 2007, souligne Michel de Ronne, directeur de l'aéroport du Bourget. L'élargissement de l'Union européenne à 25, puis à 27 pays, a ouvert de nouvelles perspectives à l'aviation d'affaires, les nouveaux membres comme la Bulgarie ou la Roumanie étant peu desservis par les lignes régulières.» Mieux: selon Pierre Graff, président d'Aéroports de Paris (ADP), la hausse du trafic du premier aéroport d'affaires en Europe devrait se maintenir à 4% par an pendant plusieurs années. Afin de faire face à cette croissance, ADP a d'ailleurs engagé un plan d'investissement de 8 millions d'euros par an jusqu'en 2023 pour développer ses infrastructures.

La tendance est confirmée par les constructeurs. Lesquels vivent des années record. Le niveau de ventes a atteint des sommets en 2007, à l'instar des 212 commandes fermes enregistrées par Dassault. Au premier trimestre 2008, la hausse des livraisons d'avions d'affaires a même atteint 40,8%. Ces avionneurs affichent des carnets de commandes pleins, équivalant à deux années et demie de production, soit près de 2 600 avions pour une valeur de 63 milliards de dollars. D'ici à 2017, les fabricants tablent ainsi sur une flotte mondiale doublée, avec la construction de 13000 aéronefs, représentant plus de 200 milliards de dollars, selon le constructeur brésilien Embraer. En outre, les programmes de développement de ces avionneurs se succèdent: pas moins de 20 appareils sont actuellement en cours de conception.

Cette tendance témoigne de l'engouement croissant des entreprises pour l'activité. «Dans un contexte de développement des relations extérieures et d'internationalisation, les entreprises sont de plus en plus séduites par l'aviation d'affaires. Car le transport aérien traditionnel ne propose pas toujours suffisamment de facilités sur les vols transversaux», explique Marine Eugène, directrice déléguée pour la France et la Belgique de NetJets Europe, leader sur le marché avec près de 200 vols opérés par jour en 2007. «La demande explose, confirme Barthélémy Gilles, directeur marketing d'Aviaxess, opérateur d'avions et d'hélicoptères d'affaires basé sur l'héliport de Paris. Les contraintes du transport aérien traditionnel et la saturation de certains aéroports, en raison de l'effet low cost, encouragent les entreprises à se tourner vers l'aviation d'affaires. Notre activité progresse de 30% par an!»

Marine Eugène, NetJets Europe

«L'avion d'affaires permet de se rendre en une journée à des rendez-vous dans plusieurs pays.»

Un avion disponible en dix heures

Contrairement au transport aérien traditionnel ou au rail, l'aviation d'affaires offre de la souplesse et de la réactivité. Sur un simple appel, les compagnies, joignables 24 h/24 tous les jours de la semaine, mettent en place un vol au départ et à destination des villes choisies par le client. Et revendiquent une réactivité de 24 heures. Forte de sa flotte de 175 appareils répartis dans le monde, NetJets Europe assure même mettre un avion à la disposition de son client, n'importe où dans le monde, en moins de dix heures. De son côté, grâce à son partenariat avec le constructeur canadien Bombardier et ses 900 aéronefs, Aviaxess assure la même prestation en une demi-journée. «Le vol est modifiable sans pénalité», indique Barthélémy Gilles (Aviaxess). En outre, la taille et le poids des avions utilisés par les exploitants leur permettent de desservir plus de 2 000 plateformes en Europe, contre près de 250 pour les compagnies traditionnelles. «C'est un outil d'une efficacité unique, qui permet d'éviter les retards, les coûts hôteliers et d'atterrir au plus près du lieu de rendez-vous du client, estime Marine Eugène (NetJets Europe). Il offre, par exemple, la possibilité à un collaborateur de se rendre en une journée à trois réunions dans différents pays.» D'autant que la configuration VIP des avions rend possible le travail à bord. Et en proposant le vol Paris-Londres pour sept personnes à 5 000 euros en moyenne, «notre prix par passager se situe dans les mêmes eaux tarifaires qu'une classe business traditionnelle», assure-t-elle.

Pour répondre aux besoins hétérogènes des entreprises, les transporteurs d'affaires proposent différentes offres. La plus utilisée reste la location ponctuelle d'avion- taxi, qui convient surtout aux utilisateurs sans visibilité sur leurs besoins annuels. Ce service à la carte est facturé à l'heure de vol, à partir de 2 500 euros, en fonction de la capacité et du rayon d'action de l'appareil choisi, quel que soit le nombre de passagers. Sur ce créneau des petits utilisateurs ou des entreprises désireuses de découvrir l'activité - à savoir une majorité des clients -, NetJets Europe propose par exemple une carte d'heures de vol à partir de 25 heures. De son côté, Aviaxess a mis au point la première carte de fidélité du secteur, inspirée des programmes des compagnies régulières. Gratuite et sans engagement, elle offre des coûts réduits jusqu'à 12%, selon l'utilisation. «Les sociétés, qui ne réalisent que deux ou trois vols par an et ne savent pas combien de collaborateurs vont être concernés, sont logiquement intéressées par la carte», décrypte Barthélémy Gilles (Aviaxess).

@ STEPHANE CARDINALE

Barthélémy Gilles, Aviaxess

«Les contraintes du transport aérien traditionnel incitent les entreprises à se tourner vers l'aviation d'affaires.»

La multipropriété, une alternative à l'achat

Pour les sociétés utilisant plus fréquemment l'aviation d'affaires (jusqu'à 300 heures par an), la multipropriété semble une solution adaptée. NetJets Europe, fer de lance du système au niveau mondial, permet d'investir sur une part d'avion correspondant à un nombre d'heures de vol. Et ce, à partir d'un 1/16e, représentant 50 heures. Dans ce cas, seules les heures réalisées sont comptabilisées. Pour Marine Eugène (NetJets Europe), «la formule évite le surinvestissement et la sous-utilisation d'un avion privé, dont l'achat n'est accessible qu'aux seuls grands groupes volant plus de 500 heures par an.» D'autres formules existent pour répondre à cette clientèle. Aviaxess, par exemple, vend des blocs d'heures à prix dégressifs: acheter 100 heures coûte ainsi 10% de moins que le prix à l'heure d'un vol unique. «Cette offre veut répondre aux besoins d'entreprises dont les budgets annuels peuvent atteindre un million d'euros», précise le directeur marketing de la compagnie. De multiples offres, qui semblent en phase avec les déplacements des entreprises.

zoom
Lufthansa, une compagnie traditionnelle pionnière dans le vol à la demande

Sur un marché de l'aviation d'affaires en pleine croissance, les compagnies aériennes traditionnelles commencent à se positionner. En créant Lufthansa Private Jet, son département affaires, Lufthansa est ainsi devenu le premier transporteur au monde à proposer, avec ses propres moyens, un service sur mesure à ses passagers. La compagnie allemande a réceptionné son premier appareil, un Cessna Citation CJ3 de six places, en mai dernier. Huit autres vont intégrer sa flotte progressivement, à compter du printemps 2009.
Pour Lufthansa, l'idée est de proposer des pré et post acheminements à ses passagers de première classe. Mais son ambition ne s'arrête pas là: le département affaires doit également, à terme, opérer des liaisons point à point en Europe, sur près d'un millier d'aéroports.
A l'image des compagnies d'affaires, le concept de Lufthansa prévoit aussi un service de limousines entre le domicile du passager et le tarmac. Déjà proposée depuis 2005 grâce à un partenariat avec NetJets, l'offre de Lufthansa vient ainsi concurrencer les compagnies d'avion-taxi.

Focus
Hélicoptère: le choix de la proximité

Nouveauté dans le monde de l'hélicoptère. Aviaxess, opérateur parisien fort d'une flotte de 50 appareils, lance une offre de liaison Paris- Londres. En une heure et demie, la compagnie peut ainsi relier les deux capitales pour 1 500 euros par personne. Pour Aviaxess, le gain de temps généré est significatif: «Dans la même journée, le collaborateur peut prévoir une vraie matinée de travail à Paris, un meeting décisif de deux heures à Londres et un compte rendu au bureau, en fin d'après-midi», selon Barthélémy Gilles. Cette offre, qui pourrait par la suite se développer, est testée sur une ligne que le trans- porteur connaît bien: il a, en effet, lancé le concept d'abonnement sur jet et hélicoptère.
D'ores et déjà, l'hélicoptère, qui représente une dizaine d'opérateurs en France, se pose en complément de l'avion d'affaires. «C'est un réel outil de travail, capable de se poser n'importe où: dans la cour d'une usine, sur le toit d'un siège social, et ce sans autre autorisation que celle du propriétaire du lieu», explique Olivier de l'Estoile, président d'honneur de l'Ebaa France (European Business Aviation Association). Comme l'avion d'affaires, et même davantage grâce à sa maniabilité, l'hélicoptère offre réactivité et souplesse. «Cela permet à l'utilisateur de voyager rapidement et de se rendre au plus près des centres de décision», poursuit Olivier de l'Estoile.

 
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Romain Rivière

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