L'IT fait son bilan carbone
De plus en plus d'entreprises se penchent sur la question du bilan carbone de leur infrastructure IT pour optimiser le fonctionnement des équipements et réduire leur consommation d'énergie.
Je m'abonneDepuis le 1er janvier, les entreprises de plus de 500 salariés et les collectivités locales de plus de 50 000 habitants ont pour obligation de publier un bilan carbone sur leurs émissions de gaz à effet de serre. « Beaucoup de grandes entreprises n'ont pas attendu la parution du décret pour engager des démarches en ce sens, reconnaît Laurent Molinari, directeur associé de Zen'to, société de conseil spécialisée dans le développement durable. Mais il y a trois ou quatre ans, ces bilans n'intégraient pas l'impact des technologies de l'information dans l'empreinte carbone dune organisation. Aujourd'hui, les choses évoluent, les entreprises ont pris conscience qu'il y avait des gisements d'économies à réaliser en prenant en compte les cycles de vie des matériels informatiques et télécoms, leur consommation énergétique et la gestion des déchets. »
Les enjeux sont de taille. En optant pour des équipements moins impactants en termes d'émissions de CO
En toute indépendance...
« Le choix du prestataire s'effectue selon deux grands critères, estime Laurent Molinari (Zen'to). Le premier, c'est l'indépendance. Dans les appels d'offres, on voit souvent des fournisseurs de solutions de monitoring énergétique se positionner. Or, pour établir un plan d'action et des préconisations, il faut être indépendant des éditeurs de solution qui existent sur le marché. Le second critère, c'est l'expertise du prestataire. Ce dernier doit être habilité à utiliser des méthodes de comptabilité carbone. Et sur des sujets aussi pointus, mieux vaut s'adresser à un cabinet qui possède le background informatique et télécoms nécessaires, car le consultant en charge de réaliser le bilan carbone rencontrera des DSI, des hébergeurs, des responsables de centres d'exploitation, des architectes réseau... »
Un bilan carbone SI démarre toujours par une phase de «défrichage» durant laquelle le consultant récupère des informations sur toutes les composantes du green IT: les postes de travail, les déchets électroniques... Cela implique de se pencher sur l'organisation propre de l'entreprise et celle de ses sous-traitants. «En général, complète Tristan Labaume (Greenvision), on met aussi dans la boucle les services RH, lorsqu'il y a des déplacements de personnels à considérer, les services achats sur l'eau, le fioul, la consommation d'électricité... »
De substantielles économies
Une fois les interlocuteurs identifiés, le consultant récolte les données quantitatives et qualitatives qui vont lui permettre d'avoir une vision claire de l'infrastructure IT «Il ne faut pas se contenter de les interroger sur le nombre de postes ou la consommation d'énergie, précise Laurent Molinari (Zen'to). Il est tout aussi important de bien comprendre comment sont gérés ces indicateurs et avec quel suivi. » Toutes ces données sont compilées dans un tableau ou via des applications web. Le fruit de cette compilation débouche sur la rédaction d'un rapport qui quantifie et hiérarchise les émissions de CO
Philippe Bernard, GFI
Témoignage
«Notre consommation d'énergie a baissé de 15%»
La SSII GFI s'est engagée fin 2009 dans le bilan carbone de son infrastructure IT. Parmi trois prestataires consultés, c'est Zen'to qui a remporté le marché et réalisé l'audit. «C'était à la fois simple et compliqué, se rappelle Philippe Bernard, responsable du développement durable de GFI. Simple parce que les questions posées n'avaient rien d'insurmontable: combien avez-vous de data services et de serveurs?
Quelle est votre consommation électrique? Compliqué parce que toutes ces données fluctuent en fonction de l'activité. » Du rapport remis à l'entreprise, il ressort que la consommation est de 1,4 kilotonne de gaz à effet de serre par collaborateur. Un résultat satisfaisant, mais qui laisse transparaître de nombreuses pistes d'amélioration. «Le rapport mettait en relief des évidences comme la régénération du parc ou le déploiement de machines virtuelles pour lequel nous avions développé de réelles compétences.»
Deux ans plus tard, Philippe Bernard dresse un bilan positif: «En interne, nos salariés ont apprécié que l'entreprise s'engage dans cette démarche. Quant à nos clients, ils sont de plus en plus nombreux à afficher leur sensibilité aux questions RSE. Pour ce qui est de la consommation d'énergie, elle a baissé de l'ordre de 15 % grâce aux différentes mesures que nous avons engagées.»
GFI
ACTIVITE
SSII
CHIFFRE D'AFFAIRES 2011
618,1 MEuros
EFFECTIF TOTAL
9400 salariés
VOLUME D'ACHATS 2011
30 MEuros
EFFECTIF ACHATS
4 salariés