Des illuminations de Noël moins «bling bling»
Fêtes de fin d'année obligent, les illuminations de Noël constituent un budget incontournable pour toutes les villes de France. Pour optimiser de telles dépenses, plusieurs leviers, alliant gains économiques et écologiques, s'offrent à elles. Revue de détail.
Je m'abonneUn Noël sans illuminations, c'est un peu comme un 14 juillet sans feux d'artifice. « Ces millions d'ampoules qui luisent à la tombée de la nuit transforment les fêtes de fin d'année en un moment unique pour les habitants d'une ville. Non seulement elles réchauffent l'ambiance des longues soirées d'hiver, mais surtout elles dynamisent la cité. Et ce, en incitant la population à se rendre en centre-ville, ce qui permet de booster l'économie locale», souligne Christine Blachère, directrice de la communication chez Blachère Illumination, une PME familiale basée dans le Luberon qui illumine une commune française sur deux. Dès lors, on comprend pourquoi la plupart des mairies refusent de priver leurs administrés de ces instants chaleureux qui animent les fêtes populaires. « Cette tradition est tellement bien ancrée que la quasi-totalité des communes y consacrent chaque année un certain budget allant de 0,50 centimes à 3 euros par habitant», rappelle Christine Blachère. Une fourchette de dépenses très disparate, même si elle s'avère bien moindre que d'autres postes plus stratégiques: l'éclairage public, les travaux d'entretien des voies, etc. Pourtant, dans un contexte de crise toujours plus rude, force est de constater que ces illuminations sont loin de faire l'unanimité. Les arguments tenus par leurs détracteurs? L'argent gaspillé par ces lumières jugées «superflues» en ces temps difficiles ou encore leur impact nocif sur l'environnement. La preuve: selon l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), jusqu'à 10 % des consommations électriques liées à l'éclairage public peuvent être imputées chaque année aux illuminations de Noël, soit une consommation qui avoisine 1 GWh!
En chiffres
1 300 MW, c'est la puissance appelée, à l'échelle de la France entière, pour les illuminations de Noël selon l'Ademe, dont les trois quarts sont imputables aux ménages et un quart aux collectivités. Ces consommations sont aussi fortement émettrices de gaz à effet de serre, soit environ 119 g de CO2/kWh.
Réduire la durée des éclairages
Ainsi, comme le rappelait Nathalie Kosciusko-Morizet, alors secrétaire d'Etat chargée de l'Ecologie: «Plus qu'aucune autre fête, Noël est une invitation à réfléchir aux dessous social et environnemental de notre consommation, et sur ce terrain, les collectivités locales doivent montrer le chemin. » Et ce, en misant sur des alternatives aussi bien économiques qu'écologiques propres à optimiser le coût d'exploitation de ces illuminations et générer, in fine, des économies d'énergie. Ainsi, l'Ademe recommande, par exemple, de réduire les durées d'éclairage à la période 17 h-24 h au lieu d'un éclairage toute la nuit (17 h-8 h), ce qui permettrait de diminuer les consommations de plus de 50 %. Certaines villes vont même plus loin encore, à l'instar de Strasbourg qui a supprimé une ampoule sur trois de ses illuminations, tandis que la ville de Parthenay a réduit à trois semaines la durée d'éclairage contre quatre auparavant. Sans oublier Besançon qui coupe l'éclairage public de certaines rues en période de fêtes, désormais uniquement éclairées par les illuminations de Noël. Pour mieux maîtriser leurs coûts de fonctionnement, nombre de communes privilégient également la location des appareils. «Il s agit d'une formule bien plus souple que l'achat en propre d'illuminations, qui nécessite des agents municipaux en interne pour procéder à leur entretien régulier, un travail chronophage et contraignant», explique la directrice de la communication dont les prestations incluent aussi bien la maintenance des appareils que leur montage et démontage. «Après avoir installé les appareils, nous nous chargeons de les récupérer, de les réviser puis de les réinstaller pour l'année suivante», poursuit Christine Blachère, qui conseille aux collectivités de miser sur un contrat de location d'un an idéalement renouvelable deux ou trois ans. «En louant en triennal tout en prévoyant un renouvellement annuel du parc à hauteur de 25 %, la collectivité ne s'enferme pas dans des décors obsolètes, puisqu'elle bénéficie, à la fin du contrat, d'un parc flambant neuf alors enrichi des dernières innovations technologiques et écologiques. » Un moyen facile de créer de la nouveauté sans pour autant devoir lancer un appel d'offres tous les 12 mois.
Christine Blachère, Blachère Illumination
«Les communes consacrent de 0,50 centimes à 3 euros par an et par habitant pour les illuminations.»
Les lampes à LED plébiscitées
Mais la vraie révolution en matière d'illuminations réside dans la généralisation des ampoules LED en remplacement de celles à incandescence. En effet, selon l'Ademe, le recours à ces lampes basse consommation permettrait d'économiser jusqu'à 95 % des consommations électriques liées aux illuminations de Noël! «Les LED ont tellement le vent en poupe pour les illuminations de Noël que nous ne vendons plus que ça depuis trois ans!», confie Christine Blachère. Une solution privilégiée notamment par la ville de Kaysersberg qui a remplacé l'intégralité de ses décorations par des motifs à basse consommation, passant de 45 à 2 kW de puissance installée! Au-delà des LED, rappelons que d'autres innovations écologiques émergent. Ainsi, certains motifs peuvent désormais aussi être équipés d'une batterie et de mini-panneaux solaires pour leur alimentation. Un parti adopté, par exemple, par la ville de Grenoble qui a dernièrement acheté trois motifs équipés d'une batterie et d'un mini-panneau solaire. De quoi donner quelques idées pour vos prochaines illuminations... Pour vous faciliter la tâche, notez que l'Ademe a édité un guide gratuit
Témoignage: «Les heures d'allumage ont été raccourcies d'une semaine en janvier»
40 000 euros HT. C'est le montant annuel de dépenses alloué par la ville de Lille à ses illuminations de Noël. «Auxquels il faut ajouter 35000eurosHT pour le montage et le démontage, sans oublier la maintenance des décorations», com-plète Arnaud Nicolle, acheteur services oeuvrant au sein de la direction de la commande publique de la ville. Et pour optimiser un tel budget, la commune mise sur le pragmatisme. «Nous avons optimisé les traditionnels Mapa par la signature, il y a un peu plus de deux ans, d'un accord-cadre portant sur l'ensemble du territoire. Au final, trois fournisseurs ont été référencés», détaille Arnaud Nicolle. Et d'ajouter : «Nous les avons sélectionnés à partir des dossiers info-graphiques et des mises en situation réelles qui leur étaient exigés.» Une manière pour les acheteurs de mieux évaluer le savoir-faire de chacun. «C'est primordial car les illuminations que nous achetons doivent pouvoir s'adapter à la typologie de chaque quartier. Pour les plus fréquentés, il nous faut des guirlandes de plusieurs mètres pouvant être visibles des automobilistes, tandis que dans les zones plus résidentielles, les décorations peuvent être plus discrètes, moins scintillantes.»Au-delà de l'accord-cadre d'une durée de quatre ans, la ville lance régulièrement des marchés subséquents auprès de ses trois fournisseurs référencés. «Ces consultations plus restreintes se déclinent par quartier. Le dernier, notifié cette année et portant sur un quartier du centre, a été attribué à LCX Leblanc», raconte l'acheteur. Pour faire des économies d'énergie, la ville n'hésite pas à privilégier de-puis quatre ans les ampoules LED en remplacement de celles à incandescence. Plus encore, les heures d'allumage ont été raccourcies d'une demi-heure le soir et d'une semaine en janvier. Ainsi, la durée quotidienne d'éclairage s'étale désormais sur 6 heures, de fin novembre à mi-décembre et sur 8 heures du 14 décembre au 6 janvier.
Direction de la commande publique (Lille)
BUDGET
58 MEuros (en fonctionnement)
85 MEuros (en investissements
VOLUME D'ACHATS
143 MEuros
EFFECTIF
35 personnes dont 11 acheteurs et 1 directeur achats
NOMBRE D'HABITANTS
233 214 personnes