Confort et sobriété, priorités des acheteurs
Le siège de bureau joue un rôle déterminant dans la productivité du salarié. C'est pourquoi son ergonomie constitue le premier critère des acheteurs afin d'assurer le confort des salariés et limiter les risques de troubles musculo-squelettiques. Quant aux coloris, les entreprises font le choix du classicisme: le noir, le bleu nuit et le gris restent les plus prisés.
Je m'abonneJusqu'à 140 coloris au choix pour certaines gammes de sièges de bureau. Malgré l'amplitude de l'offre de Sokoa, le choix des acheteurs se porte en grande majorité sur le noir, le bleu nuit ou le gris. Une préférence qui n'est pas dictée par les prix, identiques quelle que soit la couleur. «Les entreprises s'autorisent de moins en moins de fantaisie pour l'équipement bureautique, constate Pierre Odriozola, directeur commercial et marketing du fabricant bordelais, second acteur sur le marché français. Ces coloris sobres et classiques sont faciles à marier avec des bureaux ou une armoire, dont les tons blancs sont très à la mode.» Même constat chez GDBI, un autre fabricant du «Top 10», qui propose une soixantaine de coloris. «Le noir représente 50% de nos ventes, devant le bleu et le gris», confie Richard Lentvaar, responsable produits. Selon lui, deux éléments supplémentaires expliquent ce choix: «D'abord, les fabricants et revendeurs disposent toujours de stocks dans ces coloris. Cela permet des délais de livraison rapides. Un siège inconfortable ou détérioré est en effet très mal perçu par le client interne. Ensuite, ces tissus foncés sont moins salissants, donc plus pérennes.» Un argument de poids au vu de la durabilité des produits sur le segment moyen/haut de gamme. «En moyenne, les entreprises gardent leurs sièges pendant 10 ans, ce qui correspond à leur durée de garantie», assure Ewa Ybring, directrice générale du fabricant Nordic Design (marque Hag). Tous notent cependant une montée en puissance récente de deux autres couleurs, le rouge et le bordeaux, qui respectent néanmoins les canons du classicisme au bureau.
Pierre Odriozola, Sokoa
«Les entreprises s'autorisent de moins en moins de fantaisie pour les sièges de bureaux.»
Couleurs vives dans le hall et sobriété dans les bureaux
Si la sobriété chromatique est de mise, les entreprises hésitent moins à jouer l'extravagance pour leur mobilier d'accueil, voire celui de réunion. Les dossiers à motifs chinés ou pointillés, très tendance il y a quelques années, sont restés des épiphénomènes. En revanche, les couleurs vives et vitaminées, couplées à un design plus audacieux, font aujourd'hui florès. Et révèlent une tendance lourde. «Les entreprises veulent un hall d'accueil différenciateur. Pour cela, elles jouent sur le choix des plantes mais également sur les sièges, relève Pierre Odriozola. Elles optent, par exemple, pour des tons orange ou vert et choisissent souvent un design moins standard que pour les postes de travail, comme des sièges à dossiers ajourés.» Chez GDBI, les nouvelles gammes déclinées en orange ou vert pomme se vendraient très bien, selon Richard Lentvaar.
Les besoins en sièges de bureau vont croissants, mais le volume d'achats reste limité. Chez Roche Diagnostics, les locaux viennent d'être repensés pour aménager davantage de salles de réunion. «Nous avons besoin de sièges plus nombreux mais nous devons rester dans la limite de nos budgets», précise le responsable achats et logistique de Roche Diagnostics, Dominique Vatry. La création de ces nouveaux espaces communs de travail ou d'accueil s'accompagne donc d'une augmentation raisonnée de l'équipement. «Une entreprise de 2000 personnes achète rarement plus d'une dizaine de sièges pour son hall d'accueil et, contrairement aux sièges des collaborateurs, le prix est souvent le critère prioritaire», confirme Pierre Odriozola. Comme la couleur, le confort des sièges de bureau s'uniformise. «Aujourd'hui, on ne discute presque plus de l'ergonomie des sièges avec les acheteurs. C'est devenu un prérequis pour beaucoup d'entre eux», résume Ewa Ybring (Nordic Design). Pierre Odriozola abonde dans ce sens. «C'est un critère d'achat décisif, notamment dans les entreprises où les collaborateurs passent une grande partie de la journée assis.» Celles du secteur tertiaire en général, la bancassurance ou les sociétés gérant leurs centres d'appels en particulier, en sont les principaux clients. Le confort n'est pas réservé à une caste dirigeante. «Nous prenons davantage en compte les contraintes liées au poste occupé par le salarié que sa position dans la hiérarchie», témoigne Dominique Vatry.
Le siège à mécanisme synchrone illustre cette démocratisation de l'ergonomie. Le corps est en contact permanent avec le fauteuil. Le dossier et l'assise suivent les mouvements de la personne et garantissent le maintien du dos. Chez GDBI, ce type de mécanisme représente la majorité des modèles vendus en France. Son prix est supérieur de 30 à 40% à celui d'un siège classique.
Cette mise en avant de la qualité fait écho dans les entreprises, où le coût d'une fourniture se mesure à l'aune de la productivité du collaborateur. «Le siège est un élément de confort déterminant pour le salarié», juge Pierre Odriozola, qui assure même que «sa qualité a une incidence sur le niveau d'absentéisme». La mauvaise assise serait, en effet, l'une des causes directes des troubles musculo-squelettiques (TMS), qui sont à l'origine de 110000 arrêts de travail par an, selon les chiffres 2005 de l'Assurance maladie.
JEROME BERNARD, responsable des moyens généraux, Filhet-Allard.
Témoignage
«Dans nos centres d'appels, les sièges sont changés tous les trois ans»
Pour son activité de courtier d'assurances, le cabinet Filhet-Allard compte deux plateaux de centres d'appels de 60 personnes pour gérer la relation client. Et comme l'explique Jérôme Bernard, responsable des moyens généraux, «nos collaborateurs passent un grand nombre d'heures assis. Le confort des sièges est donc prioritaire: le fait de travailler sur du matériel de qualité est important psychologiquement.» Les sièges à bas coût sont proscrits, au profit de marques à l'ergonomie éprouvée et au bon rapport qualité/prix. Jérôme Bernard se fournit chez un revendeur qui connaît les besoins de l'entreprise. «Les sièges sont remplacés en moyenne tous les trois ans. Le changement intervient lorsque des collaborateurs commencent à les trouver inconfortables ou que la mousse se déchire.» La couleur grise est privilégiée. L'une des difficultés que rencontre le responsable des moyens généraux est d'éviter un patchwork de couleurs. «Nous ne remplaçons jamais tous les sièges en même temps. Dans ce cas, nous avons souvent des problèmes pour trouver le même modèle disponible dans le coloris que nous souhaitons, car les stocks sont souvent épuisés.»
Filhet-Allard
- ACTIVITE: Le cabinet Filhet-Allard est un courtier d'assurances (aux personnes, risque industriel, crédit et affacturage, maritime et transport). Son siège social se trouve à Bordeaux. Le cabinet intervient dans tout le Sud de la France et dans la région parisienne, ainsi qu'à Madrid et Genève.
- CHIFFRE D'AFFAIRES 2005: 55 millions d'euros.
- EFFECTIF: 447 salariés.
Des nouvelles normes de sécurité et écologiques
Pour le choix des sièges de bureau, les acheteurs sont donc plus que jamais à l'écoute des clients internes. Dans les grands comptes, la médecine du travail a souvent voix au chapitre. L'échantillonnage préalable se généralise. «Chez Roche Diagnostics, les utilisateurs testent le produit avant tout achat», confirme Dominique Vatry.
Le respect de normes par le fabricant constitue un autre critère majeur. «Ces certifications ou labels concernent la sécurité du matériel et de ses composants ou le respect des normes environnementales», explique Richard Lentvaart (GDBI). Il cite notamment la norme EN 1 335 (exigence et essais de sécurité du matériel), GS (respect des normes dimensionnelles des composants, qui assure la qualité du produit final) ou, pour les fournisseurs de GDBI, la certification ISO 14001 (respect de normes environnementales). «Ces éléments se retrouvent de plus en plus fréquemment dans les appels d'offres, notamment chez les grands comptes internationaux», assure Ewa Ybring (Hag). Selon elle, ce matériel labellisé affiche «un prix à peu près égal aux produits non certifiés». Pour les achats, cela permet de concilier la recherche du meilleur prix avec les critères toujours plus importants du développement durable.