Cendrier extérieur, entre design et fonctionnalité
L'interdiction du tabac au bureau n'a pas fait disparaître les cendriers. Au contraire, l'acquisition de tels produits à l'extérieur des bâtiments s'avère indispensable pour les entreprises qui ne veulent pas balayer les mégots devant leur porte.
Je m'abonneA Gennevilliers (Hauts-de-Seine), au tout nouveau siège social d'Alma Consulting Group, une société de conseil en réduction des coûts, plus aucun mégot ne traîne à l'entrée des bâtiments. Et pour cause: l'espace fumeur se situe désormais dans une cour intérieure de 300 m2 où les employés peuvent profiter du calme et des bancs d'un jardin aménagé à leur intention. «Cela a été l'occasion de changer nos cendriers d'extérieur, indique Sylvie Lainé, responsable des services généraux de l'entreprise. Les précédents étaient basiques et surtout non pérennes.» La société de conseil a ainsi opté pour quatre modèles du fabricant Binea, ce qui lui permettait de répondre au besoin de l'établissement de 600 personnes. A 288 euros pièce (prix catalogue), l'achat n'a pas nécessité d'appel d'offres et les cendriers ont été livrés en trois jours. «Ce n'est pas un achat stratégique, reconnaît Sylvie Lainé. Nous voulions avant tout un modèle esthétique et pratique.» Auparavant, ceux qui fumaient en buvant un café jetaient leur gobelet un peu n'importe où. «C'est pourquoi nous avons opté pour des cendriers munis d'une corbeille afin d'éviter l'ensemble des pollutions», précise Sylvie Lainé.
Alexandre Noffy, Manutan
«Aujourd'hui, l'achat de cendrier extérieur est un achat de renouvellement.»
Depuis le 1er février 2007, date de l'interdiction de fumer dans les entreprises, les fournisseurs de mobilier de bureau reçoivent de nombreuses demandes de ce type. Le problème des mégots, mais aussi des gobelets traînant devant les entrées d'immeuble, a donc poussé la plupart des entreprises à s'équiper ou à renouveler leur mobilier de collecte extérieur.
Entre 50 et 350 euros pour un cendrier extérieur
En outre, certaines municipalités, comme la Ville de Paris, ont pris des arrêtés pour éviter l'envahissement des rues par les mégots, mettant ainsi les entreprises devant leurs responsabilités. «Nous avons enregistré un pic des ventes de cendriers extérieurs au moment de l'interdiction de fumer dans les entreprises. Il s'agissait le plus souvent d'un premier équipement, témoigne Alexandre Noffy, responsable marketing chez Manutan. Aujourd'hui, nous sommes plutôt dans une phase de renouvellement.» Selon ce dernier, à titre de comparaison, la demande a été beaucoup moins forte quand l'interdiction de fumer dans les cafés, hôtels, restaurants et discothèques est intervenue, le 1er janvier dernier.
Dans les catalogues dédiés aux fournitures, la rubrique des cendriers extérieurs occupe désormais plusieurs pages. Les prix varient entre 50 et 350 euros l'unité. Les modèles les moins coûteux sont généralement en acier époxy. Pour Luc Noël, chef produit chez Seton, le critère esthétique reste toutefois important et les entreprises ont tendance à privilégier des modèles en inox. Pour répondre aux différents besoins, les fabricants offrent une gamme complète de cendriers. Ces derniers peuvent être muraux ou sur pied (vissés ou simplement posés sur le sol), à grille ou à sable. «Les modèles traditionnels à grille permettent d'éteindre facilement les cigarettes, explique Luc Noël. Les modèles à sable sont très efficaces mais nécessitent de filtrer et de changer le sable périodiquement.» Selon ce dernier, les modèles munis d'un capot protégeant de la pluie sont aussi très appréciés par les entreprises.
Luc Noël, Seton
«Les modèles à sable sont efficaces mais nécessitent de filtrer et de changer le sable périodiquement.»
Davantage de confort pour les fumeurs
A en croire Bruno Laurent, responsable des moyens généraux chez SFR, l'enjeu est de taille. Il en va de l'entente entre salariés fumeurs et non fumeurs. «Nos anciens cendriers extérieurs étaient de vrais fumoirs, se souvient-il. Selon l'orientation du vent, les fumées pouvaient pénétrer jusque dans le hall d'entrée et incommoder les personnes qui s'y trouvaient.» La question a été réglée en comité d'hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). «Nous avons changé nos cendriers et aujourd'hui le problème ne se pose plus», se réjouit le responsable des moyens généraux. Le groupe de téléphonie se soucie également du confort des fumeurs. Courant 2008, leur espace dédié doit être doté d'un appentis et même de parasols chauffants, afin de ne pas risquer la santé des salariés contraints à l'exil le temps d'une pause- cigarette. «Il ne faut pas qu'ils attrapent la grippe en allant fumer!», s'amuse Bruno Laurent.
Le cendrier sur pied peut être esthétique et pratique.
Le cas de SFR n'étonne pas Luc Noël (Seton). «Dans un premier temps, de nombreuses entreprises se sont mises en conformité avec la loi et ont installé des cendriers extérieurs, ainsi que les panneaux signalétiques correspondants, témoigne-t-il. Aujourd'hui, ces dernières s'équipent en abris , une solution moins onéreuse et moins contraignante que l'installation de fumoirs à l'intérieur des bâtiments.» En effet, ces derniers sont soumis à des règles strictes de confinement et d'évacuation de la fumée (voir zoom ci-contre) et n'ont pas rencontré le succès escompté au sein des entreprises de l'Hexagone.
Emmanuel Marcandier, gestionnaire de site, Tishman Speyer
Témoignage
«Nous avons cherché à limiter la pollution visuelle et olfactive de nos cendriers» Au pied de la Tour Séquoia, située à La Défense (Hauts-de-Seine), les fumeurs jettent leurs mégots de cigarette dans quatre petites colonnes en inox. «A première vue, on ne réalise pas forcément qu'il s'agit de cendriers», s'en amuse Emmanuel Marcandier, gestionnaire du site chez Tishman Speyer. Ainsi, l'objectif de départ a été atteint. «Nous souhaitions limiter la pollution visuelle et olfactive de cette zone fumeurs, reprend Emmanuel Marcandier. En effet, nos anciens cendriers extérieurs laissaient échapper trop de fumée. Désormais, les mégots tombent dans un réceptacle. Nous avons ainsi pu régler les problèmes d'odeurs à l'entrée des bâtiments.»
Les quatre cendriers ont été achetés auprès d'une entreprise spécialisée, No Butts, nom qui signifie en français «Pas de mégots». «J'ai d'abord consulté les catalogues généralistes des fournituristes mais le design de leurs cendriers, qui est assez traditionnel et peu esthétique, ne me convenait vraiment pas», explique Emmanuel Marcandier. La gamme proposée par la société No Butts, trouvée sur Internet, va au contraire répondre à toutes ses attentes. «Leur catalogue est plus fourni. Non seulement il comporte des produits classiques mais également d'autres modèles qu'on ne trouve pas ailleurs, avec un design plus sympathique», estime Emmanuel Marcandier. A 250 euros le cendrier, le gestionnaire s'y est aussi retrouvé au niveau du prix. Le budget total, pose comprise, a représenté 1 200 euros. Les cendriers ont été livrés en quinze jours.
Tishman Speyer
ACTIVITE
Promotion et gestion immobilière
EFFECTIF (MONDE)
400 collaborateurs
TOUR SEQUOIA
33 étages
3 000 usagers
zoom
Ce que dit la loi... Il est interdit de fumer dans les entreprises depuis le 1er février 2007. Sont concernés tous les locaux affectés à l'ensemble du personnel (accueil, réception, salles de restauration, espaces de repos, lieux de passage, toilettes, etc.) et tous les lieux de travail (bureaux individuels ou collectifs, salles de réunion ou de formation...). Il appartient aux employeurs de faire respecter, par leurs salariés, la réglementation applicable, notamment en recourant à leur pouvoir disciplinaire. Les mesures prises à l'encontre des salariés qui violeraient la réglementation doivent respecter le principe de proportionnalité de la sanction à la gravité de la faute commise. L'absence de mention d'interdiction de fumer dans le règlement intérieur ne prive en aucune manière l'employeur de son pouvoir disciplinaire, d'autant que ces instructions découlent d'une obligation légale ou réglementaire. Un local peut être mis à la disposition des fumeurs. Le décret du 15 novembre 2006 fixe qu'une taille maximale (au plus 20% de la surface de l'établissement sans que l'emplacement ne dépasse 35 m2). Par ailleurs, l'installation d'un emplacement fumeur aux normes ne suffi t pas. En effet, le responsable de l'établissement est tenu de produire une attestation de l'installateur ou de la personne assurant la maintenance du dispositif de ventilation mécanique. Ce document doit certifier que les exigences légales sont respectées.
Source : www.tabac.gouv.fr