« Nous prévoyons 10 % d'économies d'ci à 2014 »
Forte du succès des économies réalisées par le Service des achats de l'Etat, la ministre du Budget Valérie Pécresse a lancé, le 9 janvier, le programme Aïda pour réduire le montant des achats des opérateurs de l'Etat. Un projet ambitieux avec, à la clé, près de 600 millions d'euros d'économies. Entretien avec la ministre.
Je m'abonneAprès trois ans d'existence, quel bilan dressez-vous du Service des achats de l'Etat?
VALÉRIE PÉCRESSE: La baisse des dépenses passe par des économies sur les achats. En l'espace de trois années, le Service des achats de l'Etat (SAE) a permis d'opérer un véritable changement dans notre politique des achats, notamment grâce à la mutualisation des marchés et à une meilleure gestion du parc automobile de l'Etat. Grâce au SAE, nous avons réalisé près de 500 millions d'euros d'économies et l'objectif d'un milliard d'euros de gains sur les achats courants sera atteint d'ici à 2013. Aujourd'hui, nous voulons étendre cette démarche aux opérateurs de l'Etat. Les travaux des groupes qui ont participé au projet Aïda ont porté sur dix segments: les achats de fonctionnement courants (déplacements, assurances ou entretien immobilier) et d'autres plus spécifiques, tels que les consommables et le matériel scientifique.
Quels sont les principaux leviers ou bonnes pratiques identifiés au préalable par le programme Aïda et que les opérateurs de l'Etat vont devoir mettre en place?
Parmi les leviers mis en évidence par Aïda, on peut citer la standardisation et la mutualisation qui sera mise en oeuvre dès 2012 pour les achats de consommable et matériel scientifique, dans le cadre de la création de groupements interopérateurs. Un autre levier à privilégier est la diffusion des savoirs, le partage d'expertises, notamment pour les achats complexes tels que les travaux immobiliers ou les achats d'assurance. Le Service des achats de l'Etat, au travers de son programme dédié aux opérateurs, va également contribuer à la création d'un réseau d'acheteurs-experts ainsi qu'au développement de la coopération entre opérateurs.
Quels sont les objectifs attendus en termes de coûts?
J'ai fixé aux opérateurs un objectif d'économies de 10 % sur l'ensemble de leurs achats à l'échéance 2014, qu'il s'agisse d'achats courants ou métiers, de fonctionnement ou d'investissement. Soit un gain sur les achats de 600 millions d'euros. En effet, le montant des achats adressables des 70 principaux opérateurs en termes d'achat - hors universités - est estimé à 6 milliards d'euros. Cependant, les objectifs doivent également prendre en compte le développement durable et l'insertion sociale, ainsi que l'accès des PME à la commande publique. Enfin, un autre enjeu est celui de la professionnalisation des achats des opérateurs et la valorisation de cette fonction support.
@ P.VEDRUNE
«Le Service des achats de l'Etat (SAE) va contribuer à la création d'un réseau d'acheteurs-experts. »
Comment allez-vous mettre en avant la fonction achat au sein des différents organismes de l'Etat (nomination d'un responsable achat, plan d'action achat annuel...)?
J'ai demandé aux directeurs des établissements publics de l'Etat de nommer un directeur des achats. Il exercera une compétente fonctionnelle sur l'ensemble des achats, qu'ils soient effectués de manière centralisée ou décentralisée et, bien sûr, qu'ils concernent des dépenses de fonctionnement ou d'investissement. En outre, il est indispensable que le directeur des achats soit positionné à un niveau hiérarchique élevé, décisionnel. A l'avenir, les contrats d'objectif et de performance signés entre l'Etat et ses établissements publics comprendront tous un volet dédié aux achats. De même, les lettres de mission adressées chaque année aux directeurs généraux comprendront des objectifs en termes d'achat. Je rappelle que l'atteinte des objectifs fixés dans ces lettres de mission conditionne l'attribution de la prime de résultats.