« La carte d'achat se généralise dans le public »
Initialement dédiée au secteur privé, la carte d'achat connaît une forte croissance dans le secteur public. Solange Ligeret, secrétaire générale de l'Association interprofessionnelle dédiée à la carte d'achat (Apeca), revient sur les avantages générés par une telle solution en termes de modernisation des process d'approvisionnement.
Je m'abonneQuel bilan faites-vous du recours à la carte d'achat?
SOLANGE LIGERET: Il est plutôt satisfaisant, les chiffres parlent d'eux-mêmes. Selon nos dernières études, le recours à la carte d'achat est en hausse, notamment dans le secteur public. En 2010, ce moyen de paiement a été utilisé par les acheteurs publics pour un montant total de dépenses de 95 millions d'euros, soit une hausse de 38 % par rapport à 2009. Cette solution s'est imposée en 2010 dans le cadre de 255 000 transactions, soit une augmentation de 68 % par rapport à l'année précédente. Si nous ne disposons pas de chiffres aussi précis pour le privé, nous savons toutefois que les acheteurs de ce secteur recourent en moyenne à la carte d'achat pour un montant global de dépenses d'environ 500 millions d'euros, soit un montant cinq fois plus important que dans le public.
Pourtant, ce sont les acheteurs publics qui manifestent un véritable intérêt pour cette solution...
C'est, en effet, dans le secteur public que l'engouement pour la carte d'achat est le plus flagrant. D'où la montée en puissance de cette solution parmi les agents de l'Etat comme des collectivités territoriales. C'est d'autant plus surprenant que cette carte, lancée à la fin des années quatre-vingt-dix, était destinée aux grands groupes privés (Nestlé, Sanofi, Renault, etc.) qui l'ont adoptée. Pourquoi un tel paradoxe? Nombre de grands comptes de ce secteur, dont la maturité achats est supérieure à leurs homologues du public, disposent déjà d'ERP performants propres à rationaliser leur supply chain. D'où leur moindre intérêt vis-à-vis de la carte d'achat qui contribue néanmoins à la modernisation des processus d'approvisionnement.
Comment la carte d'achat optimise-t-elle de tels process?
Au-delà du recours en lui-même à la carte d'achat, support «intelligent» permettant d'encadrer à 100 % l'acte d'achat, c'est bien l'implémentation, en amont, d'une cartographie préliminaire des achats, seul moyen pour bien cibler les familles les plus adaptées à une telle solution, qui favorise la rationalisation de la supply chain. La carte d'achat est destinée aux achats récurrents non stratégiques (fournitures, consommables informatiques, etc.) en favorisant leur approvisionnement de manière automatisée et optimisée. A charge du service achats de bien définir qui achète quoi et auprès de qui, pour réserver la carte aux personnes et aux dépenses les plus opportunes. Si le recours à une telle solution offre une meilleure visibilité sur les coûts, elle génère d'autres gains non négligeables: un meilleur respect de la politique achats via l'intégration au sein de ladite carte de données stratégiques (les fournisseurs référencés, les seuils à ne pas dépasser, etc.). Mieux, elle fournit au client un relevé détaillé de chaque opération, intégrable dans la chaîne comptable.