«Etre au service de tous les acheteurs publics»
Pour affirmer sa mission d'opérateur d'achats publics, l'Ugap s'est engagée à accroître ses performances, tant du point de vue des prix que de la qualité de services. En parallèle, la centrale d'achat se met au niveau des standards des grandes organisations de vente.
Je m'abonneUn décret du 31 décembre 2008 a modifié les compétences de l'Ugap. Qu'en est-il exactement?
Alain Borowski: Pour l'essentiel, ce texte permet à l'Ugap de travailler avec ses clients traditionnels - les collectivités territoriales, les établissements publics et les services de l'Etat -, quels que soient les supports juridiques qu'ils utilisent pour satisfaire leurs besoins: marchés publics classiques ou contrats à long terme, comme les PPP. Désormais, l'Ugap peut donc diffuser son offre directement auprès des personnes publiques ou des opérateurs privés en charge des opérations qui leur ont été confiées par les collectivités. Ce texte n'élargit pas, à proprement parler, le domaine d'intervention de l'Ugap. Mais il lui permet de le conserver.
Repères
Diplômé de Sciences Po Paris et de l'ENA, Alain Borowski, 58 ans, a débuté sa carrière en 1976, comme chef du bureau du budget au ministère de la Jeunesse.
En 1983, il devient conseiller à la chambre régionale des comptes de Basse-Normandie.
En 1987, il est nommé chef du service administratif et financier au Commissariat général du plan, poste qu'il occupera deux ans.
Il est ensuite affecté au ministère de l'Equipement jusqu'en 1994, puis aux Voies Navigables de France, jusqu'en 2001.
A cette date, il est nommé président de l'Ugap. Son mandat a été renouvelé en mai 2006.
Des ministères pourront bientôt piloter des marchés interministériels. Cette nouveauté ne risque-t-elle pas de réduire le rôle de l'Ugap auprès de l'Etat?
Il n'est pas contestable que le Service des achats de l'Etat (SAE), qui est en cours de création, se verra notamment doté d'une mission d'opérateur d'achat qu'il pourra soit exercer lui-même, soit déléguer à une autre administration ou à l'Ugap. Nous pensons que, d'ores et déjà, notre établissement constitue l'une des pièces de ce dispositif car il a une vocation «d'opérateur d'achat». Il serait logique que le futur SAE opère comme un prescripteur et utilise l'Ugap en qualité d'opérateur d'achat. C'est d'ailleurs l'une des indications du «contrat d'objectifs», signé avec l'Etat pour la période 2007-2009. Il reconnaît à l'Ugap la vocation d'opérateur d'achat des marchés mutualisés interministériels, pour autant qu'elle apporte la preuve de sa performance. Plusieurs procédures importantes, déjà lancées ou en préparation dans le champ des achats interministériels mutualisés, ont bien opéré ce «partage des tâches». L'Ugap est opérateur pour l'achat de papier éco-responsable, le marché d'élimination et de recyclage des déchets électroniques et électriques (DEEE) récemment publié, ou la procédure de gestion de flotte automobile en cours de préparation.
@ Sébastien Briatte
« Nous allons mettre en place un centre de contacts multicanal. »
Quels sont vos engagements dans ce contrat d'objectifs que vous évoquiez?
L'Ugap s'est engagée à accroître ses performances, en proposant de meilleurs prix et en améliorant la qualité globale de nos services. Nos volumes importants de commandes ont effectivement exercé une pression à la baisse sur les prix. L'optimisation des coûts de gestion dans la relation avec les fournisseurs et les clients, au travers, par exemple, du développement des échanges dématérialisés, va dans le même sens. Sur ce point, le projet est, d'ailleurs, déjà bien engagé puisque, en 2008, plus de 25% de nos factures fournisseurs ont été traitées de manière dématérialisée, y compris sur la partie fiscale. J'ajoute que, du côté des clients, sur plus de 250 000 commandes en 2008, 31 000 ont été passées en ligne, contre 19000 en 2007. Autrement dit, 12% des commandes relèvent déjà de l'e-commerce. Et notre plateforme accepte le paiement en ligne, dans les trois formats de «carte d'achat».
@ Sébastien Briatte
« Aujourd'hui, les personnes publiques externalisent leurs principales fonctions supports, nous devons donc continuer à développer des offres de prestations de service dans tous ces champs. »
Plus largement, quelle est votre stratégie pour ces prochaines années?
Trois grands chantiers sont en oeuvre. Le premier est la création d'un centre de contacts multicanal qui sera un point d'entrée téléphonique unique pour tous nos clients. Il offrira toute une palette de services qui ira du simple renseignement jusqu'à la possibilité de passer une commande par téléphone. Ce centre achèvera, avec l'extension de la dématérialisation des commandes clients et fournisseurs, la mise à niveau de l'Ugap aux standards des grandes organisations modernes de vente.
Quels sont vos deux autres chantiers?
Concernant notre offre, nous allons achever de l'orienter service. Aujourd'hui, les personnes publiques externalisent leurs principales fonctions supports, nous devons donc continuer à développer des offres de prestations de service dans tous ces champs. Je pense en particulier à la maintenance des bâtiments. Cette tendance signifie également la mise en place des offres de services dans tous les domaines dans lesquels le service est appelé à se substituer au produit. Nous continuerons à vendre des véhicules mais, en complément, nous proposerons à nos clients des marchés de LLD et de gestion de flotte. Enfin, dans la même logique, partout où le produit demeure central, les services complémentaires facilitant sa mise à disposition ou son utilisation devront être proposés. C'est le cas, par exemple, de l'offre de micro-ordinateurs à laquelle se trouvent associées aujourd'hui toutes les prestations nécessaires au bon déploiement: installation, maintenance, assistance à l'utilisateur. Notre troisième objectif concerne l'amélioration de la qualité de l'offre proposée, à la fois dans sa constitution mais aussi dans son exécution. Sur ce dernier point, notre réseau régional est désormais renforcé de «qualiticiens» couvrant nos implantations territoriales, qui sont plus spécialement en charge de la vérification de la qualité des prestations réalisées par nos fournisseurs. En complément, l'Ugap développe le recours à des cabinets d'audit externes, qui assurent le contrôle qualité des produits de nos fournisseurs, en particulier sur le papier, le mobilier et l'informatique.
Quel sera le bénéfice pour l'Ugap si ces objectifs sont atteints?
L'Ugap aura réellement vocation à occuper la place qui lui est reconnue par les textes: celle d'être un acheteur public d'un type un peu particulier au service de tous les autres acheteurs publics.
UGAP
L'Union des groupements d'achats publics (Ugap) est un établissement public industriel et commercial (Epic), placé sous la double tutelle du ministre de l'Economie, des Finances et de l'Industrie, et du ministre de l'Education nationale. L'Ugap est, à la fois, un distributeur de produits et de services, et un opérateur d'achat. Dans ce cas, l'Ugap conclut, à l'issue d'une procédure de mise en concurrence, soit un marché, soit un accord-cadre que l'usager n'a plus qu'à exécuter. En 2008, l'Ugap a connu une progression de plus de 9% de ses commandes enregistrées, soit un montant de 1,140 milliard. Au total, elle compte 35 000 clients publics, ou personnes privées remplissant une mission de service public.