Lyon fait appel à l'expertise d'étudiants en achats
Grâce à un partenariat entre la ville et l'EM Lyon, des étudiants en achats ont pu réaliser des missions concrètes pour le compte de la collectivité dans les domaines de la propreté et de la vidéosurveillance.
Je m'abonneSi les étudiants des filières achats réalisent de nombreuses missions pour les entreprises, ils interviennent plus rarement dans les collectivités. A Lyon, un partenariat signé en 2006 entre la ville et l'Ecole de Management (EM), qui propose le très réputé mastère «Acheteur manager international» (AMI) a débouché sur plusieurs missions concrètes dans le cadre de la chaire «ville de Lyon». Cette année, une dizaine d'étudiants ont ainsi travaillé pendant plusieurs mois sur la propreté des locaux publics et la vidéo-surveillance. Leurs travaux, remis à la ville en mars dernier, permettront notamment au service achats de la collectivité de travailler sur ces familles.
Le recours à des étudiants a semblé naturel à Philippe Poullain, le directeur achats de la ville de Lyon. «En tant que responsable achats, j'ai toujours fait appel à des stagiaires d'école achats, explique celui qui fut, notamment, le directeur achats de l'entreprise Gerflor. Cela représente un double intérêt. D'abord, ils peuvent nous apporter des bonnes pratiques grâce à leur bagage théorique. Ensuite, ils sont capables de mener des missions de bout en bout. Cela leur permet de confronter leur savoir au travers de missions concrètes.» La première mission portait sur le suivi des contrats des deux prestataires de nettoyage des 300 locaux municipaux. «Nous avions retravaillé cette famille en 2006. Il s'agissait de benchmarker les bonnes pratiques du marché. La qualité de la prestation est essentielle pour le bien-être des usagers et l'image de la ville.» Les étudiants ont rencontré plusieurs fournisseurs. Ils ont également consulté un panel élargi de services achats, privés comme publics. Philippe Poullain tient à cette ouverture. «Les bonnes pratiques achats sont transposables du privé au public et vice versa. Les acheteurs publics doivent aussi s'intéressera ce qui se fait dans les entreprises», insiste-t-il. Au final, le travail des étudiants a conforté la démarche de suivi mise en place par le pôle qualité, intégré aux achats. La seconde mission portait sur la vidéosurveillance, que la municipalité souhaite développer. «Nous devions identifier les bonnes pratiques achats dans les grandes métropoles européennes et élaborer une cartographie complète des fournisseurs, sur un marché qui évolue très vite», précise Annaëlle Chabarot, l'une des étudiantes qui a participé à la mission. Des acheteurs de plusieurs villes anglaises et de Monaco ont notamment été sondés. Un castrés intéressant a été mis en avant: comme Lyon, la ville de Londres est divisée en arrondissements, mais ceux-ci sont autonomes en termes d'achats. Ils se sont regroupés pour obtenir un effet levier. Les préconisations des étudiants, encadrés par un acheteur, serviront directement à la rédaction du cahier des charges.
Une carrière dans le public
Philippe Portier, responsable pédagogique du Mastère AMI, se félicite de ce partenariat: «Nous avons mis en place un module achats publics spécifique il y a deux ans. Ces missions permettent aux étudiants d'appréhender les problématiques publiques au sein d'une structure mature comme celle de la ville de Lyon et leur ouvrent un champ professionnel plus large.» Si les étudiants optent en priorité pour les achats privés, quelques-uns font désormais le choix du public. Un ancien étudiant de l'EM Lyon a ainsi rejoint dernièrement l'équipe de Philippe Poullain.