Le ministre pressé serait-il en retard?
Sébastien de Boisfleury rédacteur en chef
Lancé en octobre 2006 par Jean-François Copé, le ministre chargé du Budget et de la Réforme de l'Etat, le plan de modernisation des achats de l'Etat a pour objectif de réaliser entre 1,3 et 1,5 milliard d'euros d'économies sur trois ans. Le 1er février dernier, à l'occasion du lancement de la 6e vague des audits de modernisation, le ministre est revenu sur l'état d'avancement de son fameux plan. Officiellement, tout va bien. Dans les faits, on peut se demander si ces travaux d'Hercule n'ont pas déjà pris un peu de retard. La Mission interministérielle France achats (Mifa) est enfin opérationnelle, cinq mois après le lancement du plan. La modernisation de la gestion du parc automobile de l'Etat, initiée en 2005 avec un objectif de réduction des coûts de 20 %, n'a pour l'instant débouché que sur une réduction de 6 % du nombre de véhicules dans les ministères. La mutualisation des achats de carburant par carte ne sera effective qu'en 2008, au mieux. Celle des achats de papier écoresponsable devrait intervenir en 2010. Ces deux familles faisaient pourtant partie de la première phase d'expérimentation, celle qui devait montrer l'exemple.
Autre sujet préoccupant: la formation des acheteurs à la performance économique de l'achat public. Ce dossier, qui fait partie intégrante du plan de modernisation des achats de l'Etat, a été confié exclusivement à l'Institut de la gestion publique et du développement économique (IGPDE). Autrement dit, seuls les agents passés entre les mains de cet organisme pourront revendiquer le titre d'acheteur public de l'Etat, un statut qui - soit dit en passant - n'existe toujours pas. D'ici à la fin 2007, seulement 500 «acheteurs» devraient bénéficier de cette formation. Pourquoi les fonctionnaires qui souhaiteraient s'orienter vers une carrière dans les achats ne peuvent-ils pas suivre des formations dispensées dans des organismes privés dont l'expertise achats est déjà reconnue? Ils seraient rapidement opérationnels et tout aussi légitimes. La spécificité des achats publics ne doit pas être un prétexte, ni un frein.