La Défense externalise la gestion de sa flotte
Un contrat de 360 millions d'euros dans l'univers de la location longue durée est un événement rare, encore plus lorsque le client émane de la sphère publique. L'américain GE Fleet Services et le ministère de la Défense sont les protagonistes d'un marché qui devrait faire date. D'une durée de six ans, le contrat englobe la gestion, la maintenance et le financement de 20 120 véhicules.
Je m'abonneL'optimisation et la modernisation du parc automobile de l'Etat sont une volonté affichée depuis de nombreux mois par Jean- François Copé, le ministre délégué au Budget et à la réforme de l'Etat. Le ministère de la Défense, qui dispose de l'une des flottes les plus importantes au sein du parc de l'Etat, a logiquement montré la voie dans ce chantier interministériel. Après consultation d'un cabinet d'experts, le choix de l'externalisation s'est avéré être le plus porteur d'économies. Le marché lancé par le ministère a pris la forme d'un dialogue compétitif auquel huit groupements d'entreprises se sont intéressés. L'appel d'offres final ne comptait plus que deux candidats, dont l'américain GE Fleet Services, l'heureux vainqueur. «Le prix a fait pencher la balance, car il n'y avait pas de différence en termes de qualité», concède Christian Piotre, secrétaire général pour l'administration au sein du ministère de la Défense. Du côté de GE Fleet Services, on se félicite de cette victoire, tout en saluant «l'aspect précurseur et innovant de l'appel d'offres du ministère», dixit Aymar Hénin, son directeur général en France.
Près de 25% d'économies
Ce marché va couvrir l'achat, le financement, la gestion et l'entretien de l'ensemble du parc. La conduite des véhicules, la fourniture des carburants et l'assurance resteront du domaine de l'Etat. Quant aux chiffres, ils ont de quoi faire tourner les têtes: 360 millions d'euros sur six ans, 20 120 véhicules livrés sur 208 sites et sur 14 mois (de mai 2007 à juin 2008), 10638 voitures particulières et 9482 véhicules utilitaires légers du groupe PSA (Peugeot 107, 207, 307, 807, Partener, Boxer et Citroën Jumpy et Picasso), 240000 opérations de maintenance, 60000 remplacements de pneumatiques et 21 000 opérations de dépannage prévus. Le marché remporté par GE Fleet Services est tout simplement colossal. Christian Piotre ajoute que «ce projet va permettre une rationalisation des fonctions de soutien et un recentrage des personnels militaires sur le coeur de métier. L'économie par rapport au coût en régie sera de 25% [74,2 millions d'euros au lieu de 98,5 millions, ndlr], les émissions de CO2 devraient baisser de 4 700 tonnes et la consommation de carburant de 3 millions de litres de gasoil par an. Par rapport à 2004, ce marché consacre également une première réduction du parc de 6%.»
Rôle et missions du SGA
Le secrétaire général pour l'administration (SGA) assiste le ministre de la Défense dans tous les domaines de l'administration générale, notamment en matières budgétaire, financière, juridique, patrimoniale, sociale et de ressources humaines. A la tête d'un secrétariat général de près de 12 000 personnes, il est l'interlocuteur des autres ministères pour la conduite de l'ensemble des réformes d'organisation de l'Etat.
LOA plutôt que LLD
Au début des négociations, nul ne connaissait le mode de location souhaité. Et contre toute attente, la location longue durée (LLD) a été écartée. Aymar Hénin explique en effet que «le montage financier a dû prendre en compte le paiement de la taxe professionnelle car en LLD, l'utilisateur doit la payer. Mais ici, le ministère n'y étant pas assujetti, le paiement allait être du ressort de GE Fleet Services. Il a fallu trouver une alternative, la location avec option d'achat (LOA) a donc été privilégiée. Ce choix devrait intéresser tous les acheteurs publics.» Il n'est pas prévu que l'option soit levée au terme du contrat. Le ministère de la Défense ne cache pas que ce marché est une révolution culturelle. Si le volet social sera très fort, au final la LOA pourrait servir de modèle à l'ensemble des ministères ainsi qu'aux collectivités locales souhaitant optimiser la gestion de leur parc.
Aymar Hénin de GE Fleet Services (à gauche) et Christian Piotre du ministère de la Défense.
Christian Piotre, ministère de la Défense
«Le prix a fait pencher la balance car il n'y avait pas de différence en termes de qualité.»