Acheteur public, un vrai métier
Sébastien de Boisfleury, rédacteur en chef
Le manque de reconnaissance supposé de la fonction achats dans la sphère publique rappelle étrangement celui exprimé, à la fin des années quatre-vingt-dix, par les acheteurs du privé. A l'époque, beaucoup de directeurs achats évoquaient leurs difficultés à exister aux yeux des directions générales. En pleine phase de professionnalisation, en est-il de même aujourd'hui pour les acheteurs publics vis- à-vis des «DGS», les fameuses Directions générales des services? Pas si sûr...
Lors d'un congrès réunissant les principaux directeurs généraux des services d'Ile-de-France, un atelier consacré aux marchés publics est revenu sur «la place de la négociation dans le processus achats et la nécessaire professionnalisation de l'acheteur public». Les participants ont notamment conclu que «le métier d'acheteur public ne s'improvisait pas et qu'il dépassait la simple sphère juridique». Bref, une très bonne nouvelle pour les acheteurs publics, du moins franciliens, dont la fonction se trouve ainsi légitimée par les plus hauts gradés de la fonction publique territoriale, véritables bras droits - pour ne pas dire armés - des maires et des élus.
En revanche, il apparaît en filigrane que le profil actuel des agents en charge des achats ne correspond pas tout à fait aux attentes des DGS. Dès lors, une alternative s'offre à ces derniers: recruter dans le privé ou former leur personnel aux bonnes pratiques achats. Cette seconde solution semble avoir leur préférence. Comme vous pourrez le constater dans notre dossier du mois (cf. p. 24), la formation continue appliquée aux achats est en plein essor. Et pas seulement sur des matières spécifiques à la sphère publique. Un formateur nous confiait que la moitié des demandes de formation émanant de structures publiques concernait la performance achats. Aujourd'hui plus que jamais, l'acheteur public se veut un acheteur comme un autre.