Sourcing en Chine : comment acheter sereinement ?
Publié par Olivier Wajnsztok le - mis à jour à
Le sourcing en Chine est devenu incontournable. Quelles sont les pratiques matures sur le sujet ? Les directions achats sont-elles capables de mesurer les économies réalisées grâce à ce levier par rapport à un sourcing "Europe" ?
L'opération paraît simple. Pourtant, dans la réalité, le calcul est complexe, et de nombreux coûts indirects, coûts cachés et risques sont trop souvent exclus des analyses qui ont servi à prendre la décision. Si les coûts directs sont clairement identifiés (coût d'achat, frais de transport, taxes et frais de douanes), il n'en va pas de même pour les autres critères entrant dans la composition du fameux TCO.
Des coûts bien cachés, mais bien réels
Comme leur nom l'indique, ces coûts dits "cachés" ne sont pas immédiatement visibles, mais l'expérience prouve qu'ils ne peuvent être écartés. Ceux de la main-d'oeuvre indirecte seront plus importants qu'attendu à cause des difficultés de communication ainsi que des opérations de dédouanement et de contrôle supplémentaires. Si les frais de douane sont connus à l'avance, les honoraires des transitaires sont rarement inclus dans le calcul des frais de transport. Des déplacements supplémentaires peuvent également s'avérer nécessaires selon l'industrie. Et la visite d'auditeurs, de techniciens et de qualiticiens chez le fournisseur représentera un coût important pour l'acheteur.
Quant à l'impact sur le cash-flow d'un sourcing en Chine, il n'est pas non plus négligeable, tout comme les conséquences sur la supply chain. D'une part, l'utilisation des incoterms FOB/FCA entraîne une avance de la date de paiement pour l'acheteur, pouvant aller jusqu'à 60 jours. D'autre part, le sourcing lointain ne permet pas d'utiliser des outils tels que VMI et Stocks consignés, qui font gagner du délai de paiement à l'acheteur. Exit également la livraison en petits lots. Le stock de sécurité devra également être revu à la hausse, à cause du délai de réapprovisionnement plus important. À l'arrivée, l'impact se révèle donc négatif sur le cash.
La supply chain n'est pas en reste, puisqu'elle va supporter de nombreux risques : perte de réactivité (impossibilité de prévoir une livraison express en 24 h), de flexibilité dans le planning court terme, gestion des retours pour non-qualité et problèmes de sécurisation des approvisionnements.
Des risques macro-économiques élevés
La situation économique dans les pays occidentaux est relativement prévisible, alors que dans les pays émergents, notamment les Brics, elle est très différente : la forte volatilité des taux de change empêche toute prévision fiable. Des solutions existent - couverture des risques de change -, mais elles représentent un coût financier. L'évolution des salaires, (jusqu'à 10 % par an), représente aussi un risque, qui doit être prévu explicitement dans les contrats.
Tous ces éléments ne sont pas rédhibitoires pour sourcer en Chine. Il convient simplement de les prendre en considération dans le business case entraînant le choix du pays de fabrication. Généralement, les coûts cachés ou indirects ne seront compensés que si les économies réalisées sont au moins égales à 15 % du prix européen.