L'Oréal mise sur une démarche collaborative pour un suivi plus responsable de sa supply chain
Publié par Camille George le - mis à jour à
L'initiative Responsible Beauty Initiative menée par L'Oréal, Clarins, Yves Rocher et Coty vis à développer les achats responsables de la filière cosmétique. Explications.
Parmi les initiatives RSE de L'Oréal, la plus récente et la plus emblématique est l'initiative RBI pour Responsible Beauty Initiative menée conjointement avec trois autres acteurs majeurs du secteur à savoir Clarins, Yves Rocher et l'américain Coty. Cette alliance concrétisée en décembre dernier vise à partager des informations sur les pratiques fournisseurs en matière environnementale et sociétale pour développer des pratiques achats responsables concrètes tout en limitant les risques.
La collaboration se fera via la plateforme de notation EcoVadis qui agira comme tiers de confiance. "L'échange d'informations se fera dans le respect des règles de confidentialité et du droit de la concurrence, assure Pierre-François Thaler, cofondateur d'EcoVadis. La plateforme permet de mutualiser les évaluations RSE des fournisseurs sans donner accès aux informations commerciales. De même, le rapport de notation d'un fournisseur sera visible par tous les participants mais sans préciser qui est son client." Une première pour le secteur de la cosmétique mais la septième initiative du genre pour EcoVadis, avec notamment des collaborations dans les secteurs de la chimie, du ferroviaire ou encore des télécommunications.
L'initiative Responsible Beauty Iniciative cible les milliers de sous-traitants de matières premières. Il ne s'agit pas forcément des plus gros fournisseurs mais de ceux représentant le plus grand risque. "Les premières remontées d'information vont nous permettre d'échanger et de trouver ensemble quelles actions mener pour accompagner au mieux nos fournisseurs dans l'évolution de leurs pratiques", annonce Laure Malherbe, directrice achats responsables chez L'Oréal.
À n'en pas douter, les recommandations des quatre géants du secteur dont la puissance d'achats combinée s'élève à plus de 10 Mds€, seront écoutées et suivies et permettront, à terme, à tout le secteur d'évoluer. "Dans les critères visés par l'audit, il y a un volet sur la supply chain des fournisseurs pour avoir une visibilité sur les fournisseurs de rang 2. On peut espérer que les grands fournisseurs du secteur de la cosmétique engageront à leur tour leurs propres fournisseurs, créant ainsi une réaction en chaîne", déclare Pierre-François Thaler.
Mais il ne s'agit pas uniquement de mettre la pression sur les fournisseurs. Cela servira aussi à améliorer les pratiques des groupes clients. "On ne peut pas être à la pointe sur toutes les problématiques. Par exemple, chez L'Oréal, nous avons une grande expertise sur la réduction des émissions de carbone de nos sites de production car nous y travaillons depuis 25 ans. L'idée est de partager les bonnes pratiques. Si tout le monde va dans la même direction, cela va permettre une accélération de la transformation", estime Laure Malherbe.
Pour L'Oréal, cette initiative était la suite logique d'un engagement de longue date sur les questions RSE. Si les quatre acteurs du secteur étaient tous d'accord sur le fond, il aura tout de même fallu 18 mois pour qu'ils se mettent d'accord sur la forme. "Franchir le premier pas est toujours difficile. Mais maintenant que quatre leaders se sont engagés, cela fera des émules, avec un rayonnement à l'international", mise Pierre-François Thaler.