[Edito] Décider ou périr...
Publié par Geoffroy Framery le - mis à jour à
Le numéro 241 est sorti de terre et doit être arrivé dans vos bureaux ou chez vous. L'occasion de relayer l'édito de ce mois-ci consacré à la déportation de la décision dans un processus d'innovation. Bonne lecture.
2017. Le sport est mort, vive le data sport. L'Emirates Team New Zealand remporte l'America's Cup, l'une des compétitions de voile les plus prestigieuses au monde. Et dans ce cas précis, l'IA y a joué un rôle prégnant selon un article paru dans le dernier hors-série de la HBR. Première tarte à la crème, l'IA a appris à naviguer et le programme a commencé à battre les navigateurs dès la huitième semaine d'apprentissage. Moins tarte à la crème, de ce programme, ont été tirés des enseignements pour apprendre des choses nouvelles aux marins aguerris. Résultat, l'équipage a développé de nouvelles pratiques considérées empiriquement contre-intuitives mais qui se révélaient dans les faits tout à fait efficientes et redoutables. Dit autrement, il n'est pas question d'insights, mot creux scandé par toutes les start-up de l'IA qui pitchent sur leur proposition de valeur, il est essentiel ici de saisir que l'IA a été intégrée à un système de prise de décision qui bosse 24/7 et explore des milliers de simulations dans une compétition où les navigateurs restent maîtres de leur voilier. Où serait le sport sans cela ?
Vous me direz, et les achats dans tout cela ? Cette réflexion peut au moins concerner la fonction à deux niveaux. Premier niveau, celui de la prise de décision quotidienne. Selon une étude menée par la Harvard Kennedy School, la nécessité de prendre les bonnes décisions dans les domaines opérationnels n'a jamais été aussi grande. Dans cette même étude, si 6% des emplois nécessitaient de solides compétences décisionnelles dans les années 1960, ce pourcentage grimpe à 34% en 2018...
Deuxième niveau de lecture, celui de votre écosystème et de vos ressources externes. Bravo, vous avez mis en place un outil d'IA qui permet de prédire avec acuité vos décisions achats - message subliminal -. Mais désormais faut-il rendre cette innovation systémique. En prenant des décisions plus éclairées vous déportez l'incertitude chez vos fournisseurs qui, eux, ne seront pas obligatoirement outillés et staffés pour faire face à votre nouvelle façon de décider, plus agile, plus réactive, plus alignée avec vos besoins. Ou en d'autres termes, votre décision a des effets sur les décisions de vos fournisseurs. Une aporie pour l'entreprise ? Ou un énième rôle à jouer pour les achats dans la transformation de leur organisation ? À vous de décider !
A propos de l'auteur : Geoffroy Framery est Rédacteur en chef de Décision achats.