Achats responsables en entreprise : peut mieux faire...
Publié par Audrey Fréel le | Mis à jour le
Si le rôle stratégique des achats responsables n'est plus à prouver, les entreprises ont encore une marge de progression pour améliorer la transparence de leurs chaînes d'approvisionnement, l'engagement de leurs fournisseurs et le développement d'outils digitaux intégrant les données ESG.
« Les entreprises sont à un carrefour décisif où les dirigeants reconnaissent le rôle stratégique des achats responsables pour la résilience et la croissance à long terme des entreprises", indique Pierre-François Thaler, co-fondateur et co-PDG d'EcoVadis. Malgré cela, les entreprises semblent à la traîne sur certains points. Selon le baromètre des achats responsables 2024*, réalisé par EcoVadis et Accenture, seulement la moitié des acheteurs interrogés ont une visibilité sur plus de 50 % de leurs fournisseurs de rang 1. En ce qui concerne les fournisseurs de rang 2 et plus, seuls un quart des répondants affirment avoir une visibilité sur plus de 50 % de leur panel. Pour améliorer la transparence des chaînes d'approvisionnement, l'étude insiste sur l'importance de cartographier ses fournisseurs au-delà du rang 1. « La cartographie des risques ou des zones sensibles peut orienter les efforts de décarbonation, identifier les risques, éclairer les stratégies d'engagement ainsi que les investissements à prioriser », souligne le baromètre.
Engager les fournisseurs
Par ailleurs, le rapport pointe le fait que les pratiques d'engagement des fournisseurs ne sont pas assez étendues ou approfondies, puisque moins de 50 % des programmes engagent les fournisseurs dans des évaluations RSE. Selon le baromètre, il est essentiel d'impliquer davantage les fournisseurs pour favoriser l'adoption de pratiques responsables. L'étude met en avant certaines bonnes pratiques relevées au sein d'entreprises répondantes comme l'établissement de plans d'action correctifs, la réduction des émissions, la formation en ligne ou la mise en place de programmes communs d'innovation.
S'appuyer sur les outils digitaux
L'utilisation d'outils digitaux n'est également pas systématique puisque seules 6 à 25 % des entreprises répondantes en utilisent pour intégrer les données ESG dans leurs processus achats. Selon le baromètre, il est pourtant « essentiel de combiner les outils et regrouper les données pour en extraire des insights et guider les décisions tactiques et stratégiques, favorisant ainsi des initiatives de durabilité plus efficaces et percutantes ». Une meilleure maîtrise des données ESG permet aux acheteurs d'impliquer les parties prenantes internes et les dirigeants. Ainsi, entre 72 % et 93 % des entreprises participantes les plus avancées en matière d'achats responsables affirment être en mesure d'engager et d'informer des fonctions critiques de l'entreprise (direction financière, ventes, conception de produits, opérations, risques et conformité) avec les données et informations ESG de leurs fournisseurs. Cela représente près de deux fois plus que le reste de l'échantillon de l'étude. "Aligner les achats avec les objectifs ESG plus larges rend les chaînes d'approvisionnement non seulement plus conformes, mais aussi plus agiles et résilientes dans l'ensemble », conclut Matias Pollmann-Larsen, Global lead for sustainable value chain chez Accenture.
* L'étude a été réalisée sur la base de deux enquêtes en ligne : une menée auprès d'acheteurs et une autre auprès de fournisseurs localisés dans 73 pays. Un échantillon de répondants a ensuite été sélectionné pour des entretiens visant à approfondir leurs réponses. 592 formulaires ont été soumis pour l'enquête adressée aux acheteurs et 1087 formulaires pour celle adressée aux fournisseurs.