Fabrice Couturier, acheteur et (anti) héros d'une nouvelle BD
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C'est l'histoire Fabrice Couturier, cadre au service achats chez Rondelles S.A qui adore "saigner un fournisseur pour augmenter les marges". Et il aime surtout l'idée d'être promu sous peu chef du service, puisque la place est libre, mais elle va lui échapper. Il va alors passer à l'attaque...
Le 20 mars prochain, sortira une BD intitulée "STOP WORK" chez Dargaud qui narre l'histoire de Fabrice Couturier, cadre au service achats chez Rondelles S.A. Il adore son métier. Il adore "saigner un fournisseur pour augmenter les marges". Et il aime surtout l'idée d'être promu sous peu chef du service, puisque la place est libre. Depuis le temps qu'il fayote ostensiblement - on l'appelle "le suceur" -, il a toutes ses chances. Mais voilà que le poste tant convoité lui échappe au profit d'une jeunette très tonique, choisie en externe. Groggy, dégoûté, il passe d'une humeur pétillante à l'inertie. Jusqu'au jour où, exaspéré par les règles de l'EHS (environnement, hygiène et sécurité), il décide de passer à l'attaque en suivant le conseil du délégué CGT : "Pas en frontal, sinon t'es mort."
On ne peut plus changer la pile d'une pendule sans avoir suivi une formation, on ne peut plus lever le petit doigt sans autorisation écrite. "C'est la Stasi qui rencontre la Nasa." Entre autres incongruités, l'EHS forme les employés à descendre les escaliers sans se casser le sacrum, mais le pompon, c'est l'incitation à déclarer les "presque accidents". En clair, si vous vous cognez le genou contre un tiroir de bureau ouvert, vous faites remonter l'information, ce qui permet à l'EHS d'analyser les "roots causes et établir les good practices". On atteint des sommets d'absurdité et de cynisme, mais le bon côté de la chose, c'est que Fabrice va passer du statut de beauf mal embouché à celui de rebelle futé et sympathique en détournant des règles de sécurité extravagantes vers le "sabotage passif".
L'aventure, formidablement documentée, puisque le scénariste connaît le terrain, est hautement jubilatoire, et le dessin, aussi incisif qu'intelligent, sert efficacement un propos fort utile.
Cette BD de 136 pages, le tome 1 - Les joies de l'entreprise moderne - est née du travail de Jacky Schwartzmann, côté scénario, et de Morgan Navarro, pour le dessin.
Jacky Schwartzmann, ex-libraire, ex-barman, ex-cadre en entreprise, est un auteurde polars : Mauvais coûts (La Fosse aux ours), Demain, c'est loin et Pension complète (Le Seuil). Ses romans sont "aussi poilants que profonds", dixit Antoine de Caunes, dans Popopop, deux qualités qu'on retrouve dans Stop Work (Dargaud, 2020). Dialoguiste hors pair, il exprime sa vision grinçante de la vie en entreprise moderne et il en parle en connaissance de cause : il vient enfin de quitter l'entreprise pour se consacrer à l'écriture.
Morgan Navarro naît en 1975 à Grenoble et passe son enfance entre le Sénégal, la Bretagne et la Côte d'Ivoire. Après un détour par des études d'architecture, il se consacre entièrement à la bande dessinée. En 2001, il signe son premier album, Flipper le ?ippé (Requins Marteaux), et obtient, avec Teddy Beat (Requins Marteaux), le prix de l'Audace à Angoulême en 2012. Il tient également un blog hébergé sur le site du Monde, Ma vie de réac, qui sera publié en albums chez Dargaud en 2016 et 2017. Il est également coauteur du ?lm de Claude Barras Ma vie de courgette.