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Comment vous prémunir du burn-out

Publié par Charles Cohen le | Mis à jour le

Triste effet de mode, le burn-out ou syndrome d'épuisement professionnel, affecte largement les cadres des grandes entreprises. Et vous, acheteurs ou directeurs achats, savez-vous comment vous prémunir d'un tel fléau ? Réponses.

3 millions. C'est le nombre de salariés en France (12, 6 % des actifs) qui serait menacé par un burn-out, à en croire une étude réalisée début 2014 par le cabinet Technologia, spécialisé dans l'évaluation et la prévention des risques psychosociaux. Et parmi les professionnels les plus exposés à ce syndrome d'épuisement professionnel, 19 % seraient des cadres, d'après les estimations des cabinets d'experts. C'est dire la nécessité pour vous, acheteurs, d'être vigilants quant aux signaux d'alerte d'une telle pathologie pouvant conduire à la dépression, voire au suicide.

Pathologie plurifactorielle

Or c'est bien là que le bât blesse. Encore non reconnu comme une maladie professionnelle, le burn-out s'impose comme un mal protéiforme aux manifestations à la fois physiques, émotionnelles et psychiques pouvant varier d'une personne à l'autre. "D'où la difficulté de détecter, en amont, les signes avant-coureurs de cette pathologie plurifactorielle, même si elle trouve son origine, pour une part au moins, dans l'organisation même du travail", analyse Pierre-Eric Sutter, président de Mars Lab, cabinet de conseil en management de la performance sociale.

Les salariés dévoués, les plus exposés

S'il s'avère donc complexe de dresser un profil type de personnes à risques, les experts s'accordent toutefois sur un point : le burn-out touche d'abord les salariés dévoués et impliqués. "C'est la maladie des meilleurs, et non des fainéants", confirme Pierre-Eric Sutter, brisant au passage certaines idées reçues. Et d'ajouter : "il s'agit d'individus qui ont un rapport très fort au travail. Or, face à des objectifs inatteignables ou des conditions de travail trop dégradées..., ils finissent par s'effondrer".

Le cabinet Technologia a recensé les quatre phases d'un tel processus allant du plaisir au travail à l'épuisement professionnel, et pouvant s'étaler sur plusieurs mois.

- étape 1 : le plaisir au travail

Dynamique, voire même enthousiaste, vous affichez une réelle satisfaction au travail. Soucieux de vous surpasser, vous acceptez les aspects complexes ou négatifs de votre boulot en affichant une motivation et persévérance à toute épreuve.

- étape 2 : le sur-engagement

Soumis à une charge de travail importante, voire excessive, vous laissez peu à peu le boulot envahir votre vie privée. Votre temps de travail dépasse de manière régulière les 10 à 12 heures par jour, si bien que votre sur-engagement n'est plus ponctuel, mais complètement chronique.

- étape 3 : l'acharnement

Vous ne parvenez plus à vous déconnecter du travail. "Obsédé par l'atteinte des objectifs, le salarié se met une pression tellement incroyable que son travail baisse en qualité", commente Pierre-Eric Sutter. Le plaisir laisse alors place à un comportement négatif : anxiété, plaintes quotidiennes, embrouilles avec les collègues... Autant d'attitudes qui cachent une baisse d'estime de soi. "À ce stade, le salarié 'work addicted' est dans un état si compulsif, qu'il acceptera très difficilement qu'on lui allège sa charge de travail. Une décision qui renforcera son sentiment d'échec", indique Cyril Cosar, psychologue clinicien.

- étape 4 : l'effondrement

C'est la dernière étape, inexorable : vous craquez littéralement. Amorphe, vous perdez toute capacité de réaction et tombez en dépression. A contrario, des excès de violence peuvent survenir. Soit à l'encontre de vos collègues, clients internes ou fournisseurs, soit contre vous-même : le passage à l'acte suicidaire.

Pour éviter un tel engrenage, n'attendez pas que votre entreprise mette en place des actions de prévention ! C'est d'abord à vous d'anticiper tout état de surchauffe généré par un sur-engagement chronique. Cette étape correspond au "pré burn-out", lorsque les premières manifestations physiques apparaissent : crampes d'estomac, troubles du sommeil, migraines, malaises... "Plus ces troubles s'accompagnent de symptômes émotionnels et psychiques - sentiment d'angoisse et de découragement, perte de mémoire...- plus le salarié évolue vers le stade de l'acharnement, qui constitue bien souvent un point de non-retour", indique Cyril Cosar.

Avant d'arriver à ce tableau clinique, soyez donc attentif aux manifestations de votre corps (niveau de fatigue, douleurs...) et à vos réactions émotionnelles au travail. Surtout si vous faites partie des salariés très impliqués, désireux de "surperformer" au bureau. Car, vous l'avez compris, c'est cette cible qui est le plus exposée au risque de burn-out. Même si un tel scénario catastrophe n'est, fort heureusement, pas systématique. "Car encore une fois, tous les individus ne sont pas égaux face à ce fléau, résultant de causes autant psychologiques qu'organisationnelles", conclut Cyril Cosar.