[Tribune] Dématérialisation en entreprise : Le cas des fiches de paie numériques
Publié par Anne-Sophie David le - mis à jour à
Lorsque l'on parle de digitalisation en France, on évoque toujours la French Tech, véritable vitrine 2.0 de l'économie française. On en oublierait presque la dimension globale de la transition numérique, qui concerne tous les domaines de notre économie.
Au-delà de la multiplication des informations et du développement de systèmes matériels complexes pour les traiter, la révolution numérique ne repose-t-elle pas avant tout sur une réorganisation des rapports entre les êtres humains ?
Il faut en priorité repenser la structure de développement et de traitement de l'information, et changer nos façons de travailler et d'interagir en entreprise comme en dehors. Nous faisons indéniablement face à l'une des évolutions technologiques majeures de notre Histoire, et celles-ci ont toujours impliqué des adaptations. Des transformations profondes sont à attendre pour nos économies, nos modes de vie et d'organisation, nos systèmes de communication et notre rapport à l'autre.
Prenons ici l'exemple de la fiche de paie.
Faut-il se méfier du numérique ?
Cette transition numérique, qui se révèle aussi nécessaire dans son fondement qu'elle peut paraître brutale dans sa forme, ne suscite pas un engouement général en France. En juillet 2015 paraissait un rapport transmis au gouvernement pour la clarification du bulletin de paie et la lecture des annexes de ce rapport est édifiante quant à la réticence et la résistance aux changements technologiques. Ainsi, la CFDT, si elle ne se dit pas à opposée à la dématérialisation, invoque l'expérience de la Société Générale en la matière pour affirmer qu'il ne s'agit pas d'une priorité économique :
Il s'avère en définitive que la dématérialisation neutralise les coûts de l'édition et de l'envoi d'un bulletin de paie papier classique. La dématérialisation ne constitue pas un gisement d'économie. [...] Outre cet aspect économiquement neutre, la dématérialisation pose des problèmes relatifs à la sécurisation des données stockées
Une telle prudence peut se justifier par le manque d'information sur le domaine, mais se révèle problématique quand un des principaux représentants des TPE/PME - soit deux tiers de nos entreprises nationales - évoque sa réticence :
La CGPME tient à réaffirmer qu'à propos de cette thématique, la question du coût est incontournable : la dématérialisation, si elle était mise en place, ne devrait pas générer de coût supplémentaire pour les TPE/PME. Or, tel n'est pas le cas : les solutions de " coffres forts " électroniques présentent un coût qui est loin d'être anodin et qui augmente en fonction de la durée de conservation des documents...
On retrouve dans ce type de discours de nombreuses simplifications et contradictions, fondées sur la peur d'une fracture numérique ou d'une dépossession du pouvoir du dirigeant. Mais les offres et opportunités sont de plus en plus nombreuses dans le domaine de la sécurité numérique, appelé à remplacer le format papier.